300 euros de plus par mois : les députés gênés par leur augmentation

300 euros de plus par mois : les députés gênés par leur augmentation L'Assemblée nationale a annoncé une augmentation de 300€ pour les avances des frais de mandat des députés déjà supérieures à 5 600€. Une décision qui passe mal en pleine crise du pouvoir d'achat et qui met les élus mal à l'aise.

300 euros de plus alloués au frais des députés. Le Bureau de l'Assemblée nationale a décidé mercredi 24 janvier d'augmenter l'avance des frais des mandats (AFM) des députés, les faisant passer de 5 645 euros à 5 950 euros par mois. Cette augmentation non négligeable de 5,4% a été votée et approuvée par la totalité des groupes politiques présents, en dehors de La France insoumise qui s'est abstenue durant le vote.

Mais voilà l'annonce de cette augmentation pour les frais de mandat - et non de la rémunération des députés - est mal tombée alors que le pouvoir d'achat des Français n'a cessé de reculer en 2023, sous l'effet des 4,9% d'inflation, et qu'un mouvement d'ampleur est en cours dans le secteur agricole. L'annonce a même été jugée "choquante" par le député François Ruffin. "300 euros de plus pour les députés ? C'est le revenu mensuel d'un tiers des agriculteurs" a lancé l'élu insoumis de la Somme sur le plateau de BFMTV ce jeudi 25 janvier. Et le député n'en est pas resté là : alors que l'Assemblée nationale a justifié cette augmentation par rapport à l'inflation, il a rappelé que la même Assemblée avait "refus[é] l'indexation des salaires sur l'inflation".

Après le vote, des retournements de veste

L'augmentation de l'avance des frais de mandat ayant du mal à passer, des députés des différentes forces politiques se désolidarisent de la décision prise par l'Assemblée nationale. François Ruffin, dont le groupe insoumis s'est abstenu de voter pour ou contre l'augmentation, estime que cette dernière n'est "pas normale" alors qu'"on va doubler les franchises médicales" ou "augmenter l'électricité de 10%". "S'il y a à se serrer la ceinture, ça doit commencer par les dirigeants" a ajouté le député. Du côté des socialistes on dénonce une mesure prise dans leur dos en l'absence de la députée Valérie Rabault à la réunion du Bureau. L'élue a de son côté indiqué sur X avoir prévenu "que ce n'était pas un bon signal" a envoyé. La députée Renaissance de l'Ain, Olga Givernet, a justifié l'augmentation avant de se dire prête à y renoncer sur le plateau de BFMTV, ce jeudi 25 janvier.

Alors qu'ils avaient approuvé l'augmentation au moment du vote, les élus du Rassemblement national et plus particulièrement les vice-présidents du groupe à l'Assemblée nationale, Hélène Laporte et Sébastien Chenu, demandent à Yaël Braun-Pivet de "reporter sine die" l'application de la mesure qui "suscite, à juste titre, un émoi certain chez nos compatriotes". Marine Le Pen s'est elle-même exprimée à ce sujet jugeant "inopportun de prendre cette décision au moment où les Français sont plongés dans une crise de pouvoir d'achat épouvantable".

"Il ne s'agit pas d'une hausse de rémunération"

L'annonce de l'augmentation des AFM dans un contexte de crise dans le monde agricole et d'inflation secoue. Et alors que quelques députés semblent gênés de la décision de l'Assemblée nationale, la présidente de la chambre basse Yaël Braun-Pivet rappelle qu'il "ne s'agit pas d'une hausse de la rémunération". "Nous avons augmenté le plafond de l'enveloppe qui nous est allouée pour des frais, ce n'est pas de l'argent qui nous appartient" a-t-elle insisté. Une explication sur laquelle est également revenu le bureau de l'Assemblée : l'avance des frais de mandat "n'est pas une rémunération des députés : il s'agit d'une dotation leur permettant de payer leur permanence parlementaire, leurs déplacements, leurs frais d'hébergement, de documentation". Et son augmentation "vise à répondre à la hausse des prix auxquels sont confrontés les députés dans l'exercice de leur mandat.

Les dépenses faites dans les cadre d'AFM sont contrôlées depuis 2018 et les sommes non utilisées par les députés doivent être restituées à la trésorerie de l'Assemblée nationale. Mais ces avances, qui s'ajoutent donc à la rémunération mensuelle de plus de 7 000€ des députés, restent bien supérieure au revenu moyen d'un Français évalué à 2 520€ net en 2021 selon l'Insee.