Colère des agriculteurs : Macron et Von der Leyen en plein "bras de fer"

Colère des agriculteurs : Macron et Von der Leyen en plein "bras de fer" Face à la présidente de la Commission européenne, Ursula Von der Leyen, Emmanuel Macron veut faire entendre son opposition à la conclusion d'un accord entre l'UE et le Mercosur, une des revendications du mouvement agricole, ce jeudi à Bruxelles.

Tous les agriculteurs ont les yeux rivés vers Bruxelles. Emmanuel Macron s'entretient avec la présidente de la Commission européenne, Ursula Von der Leyen, ce jeudi 1er février, en marge d'un Conseil européen extraordinaire. Si l'ordre du jour de la réunion des 27 pays membres n'a aucun rapport avec le mouvement du secteur agricole, le chef de l'Etat entend bien poser le sujet sur la table dans un tête-à-tête avec la patronne de la Commission.

Emmanuel Macron veut porter trois revendications du mouvement des agriculteurs en colère sur les bancs de la Commission européenne, mais après les concessions de l'Europe sur l'obligation des mises en jachère et l'importation de produits ukrainiens les discussions vont surtout s'étendre sur un sujet : l'accord de libre-échange entre l'Union européenne et l'alliance économique sud-américaine du Mercosur.

La France propose, la Commission dispose

Les échanges entre le président de la République et la présidente de la Commission européenne sur l'accord de libre-échange durent depuis déjà plusieurs jours et ont fait quelques étincelles entre Paris et Bruxelles. "C'est la Commission et la Commission seule qui prend en charge les négociations" a d'ailleurs tenu à rappeler l'institution après que le chef de l'Etat français a pris des libertés pour annoncer, en début de semaine, la suspension des négociations entre l'UE et le Mercosur. Dans la foulée, un porte-parole de la Commission a assuré que les discussions avec les pays sud-américains, entamées en 1999, se poursuivent même si les conditions d'un accord "ne sont pas réunies".

Après ce rappel à l'ordre, Emmanuel Macron continue de vouloir imposer sa vision à l'Europe et refuse de signer le traité de libre-échange tel qu'il est actuellement pensé, soit selon des "règles" agricoles et environnementales "qui ne sont pas homogènes avec les nôtres". Mais l'opposition répétée de la France se confronte aux positions de l'Allemagne ou encore de l'Espagne favorables à l'accord avec le Mercosur. La Commission européenne a rappelé de son côté que c'est à elle de mener les négociations et de conclure un accord et que les pays membres sont ensuite libres de ratifier ou non le traité.

Macron peut-il peser dans le "bras de fer" ?

Fort de son statut d'Etat-membre, la France entend peser dans les décisions européennes sur la poursuite et la conclusion d'un accord de libre-échange avec le Mercosur. Mais c'est un "bras de fer" qui se joue en ce moment selon Bruno Le Maire, invité d'Europe 1, le mercredi 31 janvier. Le ministre de l'Economie se dit toutefois confiant sur le poids de l'Hexagone : "Quand la France veut quelque chose en Europe, elle a suffisamment de poids pour l'imposer." D'autant plus quand les relations politiques s'en mêlent.

Emmanuel Macron compte sur ses relations avec Ursula Von der Leyen pour être entendu. La présidente de la Commission européenne est parvenue à la tête de l'institution en 2019 grâce à un accord entre Angela Merkel, alors chancelière allemande, et Emmanuel Macron. Un détail dont on se souvient dans les rang de la Macronie : "Von der Leyen a un rôle central, mais elle sait à qui elle doit son poste" a glissé un député au Figaro. Reste que la France et l'Allemagne ont des avis divergents sur l'avenir du secteur agricole et l'accord du Mercosur et que la patronne de la Commission, qui ambitionne de se représenter lors des élections européennes de juin, est tiraillée entre les deux puissances.