Rationner internet, la proposition très sérieuse d'une ministre de Hollande

Rationner internet, la proposition très sérieuse d'une ministre de Hollande Najat Vallaud-Belkacem, ministre de l'Education nationale sous François Hollande propose de limiter l'accès quotidien à internet en France pour chaque citoyen. L'objectif : faire face à la "pollution numérique".

Limiter l'accès hebdomadaire à internet. Cette idée, c'est celle de l'ancienne ministre sous François Hollande, Najat Vallaud-Belkacem. Dans une tribune publiée ce lundi 18 mars dans Le Figaro, l'actuelle directrice générale de l'ONG One France et présidente de France Terre d'Asile propose une mesure simple, rationner l'accès au web. "Entre les études soulignant les ravages causés par une surexposition aux écrans, celles montrant à quel point les réseaux sociaux sont toxiques - en particulier pour les jeunes filles - ou bien les récents travaux du Sénat sur les méfaits de la pornographie en ligne", le temps presse, alors, "avons nous besoin de tant d'intenter que cela ?" demande-t-elle.

"Trois gigas par semaine"

Tout d'abord, l'ancienne ministre de l'Education nationale songe à une diminution drastique du temps d'écran, et pour tous. Son "action politique d'ampleur" consisterait à réfléchir "concrètement aux moyens de rationner internet, par exemple en accordant un nombre limité de gigas à utiliser quotidiennement". Elle évoque notamment plusieurs bienfaits : cognitifs, pour la santé, mais aussi pour lutter contre les discriminations, le harcèlement ou le réchauffement climatique. "Si nous savons que nous n'avons que trois gigas à utiliser sur une semaine, nous n'allons sans doute pas les passer à mettre des commentaires haineux ou fabriquer des fakes. Peut-être cesserons-nous de considérer comme "normal" de passer plusieurs heures sur des sites pornographiques à regarder des vidéos en ultra HD" poursuit-elle.

Erreurs, approximations... Une proposition déjà critiquée

D'après l'Arcep, un Français consomme en moyenne 14 Go d'internet par mois depuis son mobile. Un foyer, lui, consomme en moyenne 222 Go par mois via sa box selon les chiffres de la Fédération française des télécoms datant de décembre 2023. Alors, une application de la proposition de l'ex-ministre s'apparenterait à une réduction drastique de la consommation d'internet.

Si ce texte n'a pas provoqué d'indignation ni de polémique, il a tout de même fait réagir dans la sphère politique. Le député de la majorité Eric Bothorel déplore une "tribune qui mélange poncifs, approximations et erreurs manifestes". Il dénonce notamment "l'empreinte environnementale du numérique" qui, pour lui, est liée aux "terminaux et leur possession, loin devant les usages". Ce lundi, sur son compte x (ex-Twitter), la principale intéressée a répondu aux critiques au sujet de sa tribune : "Ne focalisez pas sur le nombre de gigas, d'ailleurs si vous avez lu ce n'est pas ce que je propose, c'est une simple illustration. (Cette tribune) n'est pas une attaque sur la liberté d'expression" s'est-elle défendue.

"Il y a une urgence numérique comme il y a une urgence climatique"

La proposition de Najat Vallaud-Belkacem s'inscrit en réalité dans une démarche plus globale. "Il y a une urgence numérique comme il y a une urgence climatique. Elle ne consiste pas à envoyer dans l'espace des satellites supplémentaires, mais à débrancher la prise, à éteindre nos écrans, et à commencer à revivre, enfin" explique-t-elle, toujours dans les colonnes du Figaro. "Nous ne pouvons pas croiser les doigts en espérant que cela s'améliore. Si nous ne débranchons pas volontairement le cordon, les possibilités pour qu'internet s'autorégule sont les mêmes que pour les marchés financiers, et nous voyons bien à quel point cela fonctionne…" a-t-elle dénoncé.

Elle appelle enfin au "courage" et à la détermination : "Cela demande un vrai courage. Ce courage que nous avons oublié, à force de signer des pétitions en ligne, à force de poster des commentaires et de nous indigner de tweets. Toutes ces actions ont leur vertu : elles ont aussi leurs limites. Surtout, elles n'exigent, en réalité, rien de nous, contrairement à la possibilité d'un rationnement. Soyons donc courageux et déterminés".