Mort de Frédéric Mitterrand : l'ex-ministre de la Culture aux mille vies emporté par un cancer

Mort de Frédéric Mitterrand : l'ex-ministre de la Culture aux mille vies emporté par un cancer Frédéric Mitterrand se battait contre un "cancer agressif" depuis un an. Il est mort ce jeudi 2 mars 2014 à l'âge de 76 ans.

"Bonsouaaar !", si Frédéric Mitterrand n'est plus, décédé ce jeudi 21 mars à l'âge de 76 ans, il laisse derrière lui un phrasé si particulier et une énergie débordante. Il avait l'habitude d'accueillir les téléspectateurs avec ce "Bonsoir" qui le caractérisait à la présentation de "Du côté de chez Fred" jusqu'en 1991. Une entrée en matière devenue culte. Ministre de la culture, cinéaste, producteur, journaliste, écrivain, il se battait depuis plus d'un an contre un cancer, indique Le Figaro.

Les différentes casquettes de Frédéric Mitterrand

Homme de lettres et de télévision, Frédéric Mitterrand, neveu de l'ancien président, avait été élu à l'Académie des beaux-arts en 2019. Né le 21 août 1947 à Paris, dans le 16e arrondissement, il était le dernier de trois garçons. Son père, Robert Mitterrand, haut fonctionnaire et frère aîné de François Mitterrand, s'engage dans la Résistance, tandis que sa mère, Edith Cahier, élève les trois fils.

En 1960, à 12 ans, il joue dans Fortunat, aux côtés de Bourvil et de Michèle Morgan, se souvient Le Monde. Après le décès de l'actrice, en 2016, Frédéric Mitterrand s'était dit "effondré" par la mort de celle qui le considérait comme son fils de cinéma. Après des études à l'Institut d'études politique de Paris, il est admissible à l'ENA en 1968. Pourtant, il décide de ne pas se présenter à l'oral. En 1971, il rachète la salle de cinéma l'Olympic à Paris, qui, sous sa direction, devient un repaire de cinéphiles. 

Alors que son oncle est élu président de la République, il propose l'émission Étoiles et toiles, qu'il anime sur TF1 à partir de 1981. Il rejoint ensuite le service public et travaille avec Antenne 2 jusqu'en 1991. En 1995, il soutient la candidature de Jacques Chirac à la présidentielle. En 2009, il est nommé ministre de la Culture et de la Communication par Nicolas Sarkozy, poste qu'il occupe jusqu'en 2012. En 2016, Frédéric Mitterrand apporte son soutien à François Hollande pour l'élection présidentielle de 2017. Lequel ne sera finalement pas candidat à sa succession. Il est également président du festival du cinéma américain de Deauville.

Un nom lourd à porter

Frédéric Mitterrand est né Mitterrand. Et il n'est pas donné à tout le monde de pouvoir assumer un tel patronyme. Durant toute sa carrière, il se dit toutefois fier de porter le nom de son oncle paternel, François Mitterrand. "À 13 ans, j'aimais François Mitterrand, qui était la statue du commandeur de la famille et qui était le grand amour de mon père et donc on parlait sans cesse et j'admirais le général de Gaulle, dont je venais de lire les Mémoires. J'avais 13 ans, c'était compliqué", concède-t-il dans les Matins, le 28 octobre 2013.

Un héritage dur a porter, donc, car la figure de François Mitterrand est "omniprésente au sein de la famille". Leur relation n'est pas forcément "agréable" comme il l'avait indiqué, toujours en 2013, dans l'émission Les Nuits sur France Culture. Ce qui ne l'empêche pas d'avoir "beaucoup d'admiration" pour lui. Des propos confirmés dans l'émission Le Divan, en 2015 : "Il était omniprésent dans ma famille".

"Un cancer agressif"

Depuis plusieurs mois, Frédéric Mitterrand luttait "contre un cancer agressif" détaille un communiqué de la famille. Le 14 avril 2023, sur le plateau de Cnews, le neveu de l'ancien président de la République reconnaissait être "malade". "Je porte une casquette parce que je suis malade" avait-il indiqué. "Tout le monde sait que c'est un combat qui est très rude. Mais il n'y a pas d'autre solution : c'est marche ou crève. On me dit que j'ai beaucoup de courage mais non. Si on aime la vie, on continue !" avait-il lancé. Ce jour-là, il avait aussi décidé de rendre hommage aux courage de certaines personnalités décidées à briser le tabou et le silence autour du cancer. Le chanteur Florent Pagny est un "formidable" exemple selon lui. "Je le trouve formidable ce garçon. D'abord comme artiste, c'est quelqu'un de très remarquable. Et je trouve formidable qu'il dise les choses et qu'il place son combat comme il le fait".

Jack Lang, Nicolas Sarkozy... Les hommages se succèdent

À l'annonce du décès de Frédéric Mitterrand, jeudi 21 mars, les hommages se sont multipliés, à commencer par de nombreux anciens ministres de la Culture. Jack Lang a réagi à son décès dans un post publié sur X, anciennement Twitter : "Une amitié de plus de 60 ans nous liait d'une affection inaltérable. Il a tout au long de sa vie servi les arts avec passion, érudition et amour. Notre fidélité commune pour François Mitterrand nous unissait profondément", a-t-il écrit. 

Invitée de BFM TV jeudi 21 mars, Roselyne Bachelot a déploré la mort "d'un ami, d'un frère auquel [elle était] profondément attachée [...] J'ai vraiment un chagrin immense, profond". Sur le plateau de C à Vous, Stéphane Bern, qui a appris la mort de son ami en direct, a rendu hommage à Frédéric Mitterrand : "C'était mon modèle, c'était un ami [...] Je le savais malade, évidemment", a-t-il ajouté, avant de louer l'homme qui était "un immense écrivain". De son côté, Emmanuel Macron a adressé ses pensées à la famille du disparu. 

Nicolas Sarkozy a également réagi sur les réseaux sociaux, écrivant : "Il était un homme profondément cultivé et délicat, un être à part, sensible et attachant, une personnalité inclassable [...] Il fut un ministre de la Culture enthousiaste et passionné, qui exerça ses fonctions avec panache et talent". Lors d'une de ses dernières apparitions médiatiques, Frédéric Mitterrand avait réagi, en janvier 2024, au remaniement de Gabriel Attal et notamment à la nomination de Rachida Dati au ministère de la Culture, poste qu'il a occupé de 2009 à 2012. Il avait assuré, sur le plateau de franceinfo, que son successeur allait "apprendre très vite". Celle-ci a aussi réagi à sa mort sur X. "Nous serons nombreux à garder en mémoire le sourire lumineux de Frédéric et l'inimitable grain de sa voix. Je me joins à toutes celles et ceux qui se souviennent aujourd'hui de sa profonde humanité, de son humour, de sa gentillesse, de sa douceur, de son attention permanente aux autres, qu'il manifesta jusqu'à son dernier souffle", a écrit Rachida Dati. 

Accusé de pédophilie par Marine Le Pen en 2005

En 2005, il fait le récit de ses errances sexuelles et tarifées en Thaïlande et au Maghreb dans La Mauvaise vie. Le livre va susciter une vive polémique, obligeant Frédéric Mitterrand à se défendre de toute relation avec des mineurs ou d'apologie de la pédocriminalité. À l'époque, Marine Le Pen l'accuse justement de pédophilie dans l'émission Mots croisés sur France 2.

Le porte-parole du Parti socialiste, Benoît Hamon, s'insurge également contre les pratiques de l'ex-ministre de la Culture. Trois jours plus tard, il est invité par le chef de l'Etat à aller s'expliquer dans le journal de 20 heures de TF1. Enfin, le 27 septembre 2009, Frédéric Mitterrand prenait la défense du cinéaste Roman Polanski, accusé d'avoir eu une relation sexuelle avec une jeune fille de 13 ans et regrettait son arrestation en Suisse dans une affaire qui date de 1978. Des turbulences "sexuelles" qui l'ont longtemps poursuivi.