Le discours de Macron loin de faire l'unanimité : l'Europe émet déjà des réserves
Jeudi 25 avril, à La Sorbonne, Emmanuel Macron a prononcé un discours de près de deux heures sur l'Europe. Il a fixé un objectif : atteindre une "Europe puissance". "L'Europe peut mourir" a même assuré le chef de l'Etat au début de son discours. Pour éviter ce scénario, il veut réaffirmer la puissance et la souveraineté européenne via trois axes : "la puissance, la prospérité et l'humanisme". Une stratégie qui ne font pas forcément consensus au sein de l'Union européenne.
Un "cadre commun" pour la "dissuasion nucléaire"
Emmanuel Macron veut développer le volet sécurité en Europe, notamment en oeuvrant pour "la dissuasion nucléaire" et en créant un "cadre commun" de sécurité et de défense et l'organisation d'une vraie politique industrielle de défense avec une préférence européenne dans l'achat de matériel militaire". Mais aussi avec une "vraie coordination des pays membres" sur l'immigration.
Dans les faits, depuis 2022, 75 % des achats d'équipements militaires seraient allés à des entreprises non-européennes, dont la grande majorité à des firmes américaines. Une démarche que le président français souhaite endiguer. De plus, Emmanuel Macron reste favorable à un nouvel emprunt commun, à Vingt-Sept. Des propositions qui pourraient coincer à Bruxelles.
Berlin contre un emprunt commun ?
L'emprunt commun fait débat. Si Rome, Varsovie, ainsi que certains pays du nord de l'Europe voient cette proposition d'un bon oeil, ce n'est pas vraiment la même histoire pour nos voisins allemands, ainsi que les Pays-Bas. Le chancelier allemand Olaf Scholz pourrait s'opposer à la piste d'un emprunt commun. La préférence européenne "défendue par Paris semble aujourd'hui tenir du mirage" confie une source bruxelloise auprès du Parisien. "On ne peut pas demander à une armée dont le fonctionnement dépend de longue date du matériel américain de faire la transition en un claquement de doigts vers des équipements français" a-t-on pu entendre au Parlement européen, dont Le Parisien se fait l'écho. La "stratégie pour l'industrie de défense" présentée par la Commission le 5 mars dernier ne semble pas, pour l'heure, faire vraiment le poids.
La France et la Pologne dans le même sens
Lors de son discours depuis la prestigieuse Université parisienne de La Sorbonne, le président de la République a appelé, sur le plan économique, à revoir un modèle de croissance qui n'est plus adapté. "Il faut stopper la sur-règlementation, accroitre l'investissement et mieux protéger nos intérêts". En ce qui concerne la mise en place d'une éventuelle défense européenne commune, la France devrait pouvoir compter sur la Pologne, face au scepticisme allemand. La création "d'une capacité européenne de cybersécurité et de cyberdéfense" fait figure de proposition "la plus à portée de main" selon Wojciech Przybylski, du think tank Visegrad Insight, dans les colonnes du Parisien.
En revanche, on ne peut pas dire que tous partagent la vision du président français, notamment à Bruxelles. "Emmanuel Macron reprend quelques vieilles lunes : l'académie militaire européenne, l'initiative européenne d'intervention. Ou alors, il défend des projets déjà engagés : la capacité de déploiement rapide. Tout ça pour ça" indique Nicolas Gros-Verheyde dans Le Parisien, fondateur de B2, un média bruxellois.