Après cette critique homophobe contre Lucie Castets, la gauche monte au créneau
La candidature de Lucie Castets au poste de Premier ministre ne fait définitivement pas l'unanimité. Mais si les arguments du camp présidentiel et des autres opposants à la gauche et à l'alliance du Nouveau Front populaire sont essentiellement politiques, voilà que la haute fonctionnaire fait l'objet de commentaires sur sa personne et son orientation sexuelle. C'est sur l'antenne de Cnews, dans l'émission de Pascal Praud, qu'un commentaire homophobe à l'encontre de Lucie Castets a été formulé par l'écrivain Richard Millet.
"Qui c'est cette femme ? On a choisi une inconnue, sexuellement incorrecte en plus, tout ça ça va ensemble, qui est de gauche. Ce n'est pas possible", a jugé l'essayiste manifestant son opposition claire à la candidate du NFP. Blanc sur le plateau, avant que l'animateur Pascal Praud reprenne son invité sur ses propos, sans trop le brusquer : "Ca veut dire quoi une orientation sexuelle correcte ? Le modérateur que je suis doit d'intervenir parce que précisément ce n'est pas le sujet".
Richard Millet à propos de Lucie Castets : la séquence dans son intégralité dans #HDPros et non la version tronquée qui circule sur X pic.twitter.com/Doqw6sXVdm
— CNEWS (@CNEWS) August 30, 2024
Aussitôt Richard Millet tente une auto-rectification : "On choisit une inconnue, c'est presque une construction : on choisit une femme [...] elle a 40 ans, elle est pas mal, elle est sexuellement bien orientée selon les nouvelles normes du nouveau monde." Un discours sous-entendant que l'homosexualité pourrait être un critère politique : "Lorsqu'on est dans une logique politique de ce genre, c'est un plus". Fin de l'explication des propos controversés de l'essayiste, lesquels sont résumés par Pascal Praud en "analyse" qu'il "ne [veut] pas contester puisque [...] sur ce plateau [...] vous avec une liberté de ton et un regard que les autres n'ont pas".
La gauche annonce saisir l'Arcom
La séquence n'est pas passée inaperçue auprès de la gauche et plusieurs politiques ont dénoncé le discours jugé homophobe de l'écrivain. "L'homophobie est un délit, pas une opinion politique" a rappelé Sandrine Rousseau sur X. "Toujours plus loin dans l'abjection" a réagi le communiste Ian Brossat sur le même réseau social. Quant à Fabien Roussel, le patron du PCF il a annoncé saisir l'Arcom, dénonçant un passage "honteux et illégal" et estimant que "face à la haine homophobe, le régulateur doit agir avec la plus grande fermeté". Réaction également dans les rangs de LFI avec le député Hadrien Clouet : "On sait depuis longtemps que Richard Millet est un cuistre fasciste. Si Cnews l'invite, c'est pour délivrer les ordures constitutives de sa pensée".
Richard Millet, écrivain et auteur de plus de 80 livres, a été au cœur de plusieurs polémiques. Il a notamment été accusé de racisme et d'apologie du crime après la polémique qui a suivi la publication de son essai Éloge littéraire d'Anders Breivik. Le livre faisait référence au terroriste norvégien d'extrême droite, auteur d'une attaque ayant tué 77 personnes à Oslo et sur l'île d'Utoya en 2011 et le réhabilitait.
Lucie Castets, qui a fait son coming-out public après avoir été choisie par le NFP comme candidate de la gauche au poste de Premier ministre, avait déjà fait l'objet d'une vague de haine et d'insultes homophobes sur les réseaux sociaux. Elle avait révélé être marié à une femme au détour d'une interview publiée dans Paris Match le 6 août.