Michel Barnier : des succès mais aussi de gros échecs dans ses précédentes fonctions
Son CV politique est long comme le bras, à la mesure d'un carrière politique débutée il y a plus de 50 ans. Nommé Premier ministre par Emmanuel Macron le 5 septembre 2024 et chargé de composer un gouvernement plus de 50 jours après le 2e tour des élections législatives, Michel Barnier n'avait jamais eu les honneurs de Matignon mais la liste de ses fonctions passées peut donner le tournis. Quatre fois ministre, deux fois commissaire européen, député puis sénateur, le nouveau Premier ministre d'Emmanuel Macron peut s'appuyer sur sun solide bagage, un plus qui a sans doute compté au moment de trouver une personnalité susceptible d'éviter la censure dès ses premiers pas dans la future Assemblée nationale.
Michel Barnier a suffisamment mis ce point en avant : il est avant tout l'homme d'un territoire, celui du département de la Savoie dont il a été député, sénateur mais aussi conseiller général. Il jouera ainsi un grand rôle dans l'organisation réussie des Jeux olympiques d'hiver d'Albertville en 1992. Son premier mandat est ainsi local avec un poste de conseiller général du département de la Savoie dès 1973. Michel Barnier a alors tout juste 22 ans, lui qui est né en 1951 à La Tronche en Isère.
Un vote polémique au début des années 80 puis de nombreux postes ministériels
Il gagne la capitale avant la fin des années 80 en étant élu député de la Savoie en 1978. Celui qui devient aujourd'hui le plus vieux Premier ministre en exercice de la 5e République était alors le plus jeune député de l'Hemicycle nouvellement constitué ! Parmi ses votes regardés à la loupe, revient ainsi souvent celui de 1981. Il s'oppose à la dépénalisation de l'homosexualité pour les plus de 15 ans, comme une grande partie de son camp politique et d'autres figures comme Jacques Chirac ou le jeune François Fillon.
Le grand public le connaît toutefois davantage par ses différentes fonctions ministérielles. Son premier portefeuille est celui de l'Environnement entre 1993 et 1995, lors de la seconde cohabitation sous François Mitterrand et avec Edouard Balladur comme Premier ministre. Il sera ensuite l'un des ministres les plus proches de Jacques Chirac, qui lui confie d'abord les Affaires européennes entre 1995 et 1997, point d'entrée vers le prestigieux Quai d'Orsay où il devient ministre des Affaires étrangères entre 2004 et 2005. Il y signera un échec retentissant au moment de défendre le traité européen de Lisbonne en 2004. Jacques Chirac perd le référendum et Michel Barnier son poste puisqu'il n'est pas reconduit.
Son dernier poste ministériel remonte à plus de 15 ans, en tant que ministre de l'Agriculture et de la Pêche (2007-2009) durant la présidence de Nicolas Sarkozy. Il gagne à nouveau Bruxelles et se fait quelque peu oublier sur la scène française où il reste encore aujourd'hui vu comme un homme de dossiers. C'est d'ailleurs à l'UE que son profil technocrate brille quand il prend le poste de négociateur en chef de l'Union européenne pour le Brexit. Michel Barnier s'impose comme un homme fort de la négociation avec le Royaume-Uni, au point d'être salué par ses collègues européens pour sa gestion d'un dossier long de 5 ans de pourparlers, étapes et bras de fer musclé.
Une campagne ratée des primaires en 2021, sa position sur l'immigration
Michel Barnier en profitera pour revenir sur le devant de la scène en se présentant à la primaire LR de 2021 pour la présidentielle de 2022. "Autorité, dialogue, confiance" est alors son mantra, vite éclipsé par une proposition polémique, celle d'un "référendum et un moratoire sur l'immigration". Elle est conjuguée à l'ambition de "retrouver notre souveraineté juridique", quitte à ne plus se soumettre aux arrêts de l'UE, Cour de justice européenne ou cour européenne des droits de l'homme en tête. Tollé au sein de LR qui y voit son basculement vers des idées proches du RN. Il tentera alors l'idée d'un "bouclier constitutionnel" qui aurait la primeur sur l'UE avant de rentrer dans le rang derrière la candidature de Valérie Pécresse.
Depuis, il prônait un rassemblement des LR, et contrait les adeptes d'un retour à un parti plus resserré, héritier du RPR : "Je pense que ce serait une erreur de ne pas faire revenir à cette synthèse, ce rassemblement entre des hommes et des femmes qui ont une vision plus nationale, plus souverainiste parfois et d'autres qui sont européens comme je le suis ", glissait-il en 2022 sur l'antenne de Public Sénat, non sans ajouter vouloir contrer un panorama politique seulement composé d'un "bloc central" et de deux extrêmes. Deux ans plus tard, il fait son entrée à Matignon face à une Assemblée Nationale divisée comme jamais dans l'histoire de la 5e République.