Son chauffeur, son compagnon Louis Aliot... Marine Le Pen a embauché des assistants parlementaires étonnants

Son chauffeur, son compagnon Louis Aliot... Marine Le Pen a embauché des assistants parlementaires étonnants Marine Le Pen est accusée d'avoir élaboré et participé à un système d'emplois fictifs au Parlement européen. Le recrutement de plusieurs de ses assistants parlementaires, occupant tous d'autres fonctions pour elle ou son parti, interroge.

"Nous n'avons violé aucune règle". Marine Le Pen s'est déjà expliqué longuement lors du procès la visant elle, le Rassemblement national (RN), ainsi que 24 autres personnes issues du parti pour des soupçons d'emplois fictifs au Parlement européen, en septembre dernier. Ce lundi 31 mars, la présidente du RN pourrait être empêchée de se présenter à la présidentielle 2027 si le verdict la condamne à une peine d'inéligibilité. Le verdit du tribunal, attendu à la mi-journée, pourrait aussi priver Louis Aliot de son mandat de maire de Perpignan ainsi qu'une nouvelle candidature.

La cheffe du fil du parti d'extrême droite est accusée, dans l'affaire dite des assistants parlementaires du RN, d'avoir détourné les fonds publics alloués aux eurodéputés de sa formation politique entre 2006 et 2014 pour financer le fonctionnement du parti et rémunérer des personnes qui travaillaient pour le RN, qui s'appelait encore Front national (FN) à l'époque.

Marine Le Pen qui a été députée européenne entre 2004 et 2017 est soupçonnée d'être un des cerveaux derrière la mise en place "concertée et délibérée" d'un "système de détournement" d'argent public. Selon plusieurs éléments de l'enquête et des témoignages, l'ancienne patronne du parti à la flamme aurait elle-même donné les consignes visant à mettre la manne financière dédiée aux eurodéputés du RN au profit du parti. Mais Marine Le Pen est également accusée d'avoir embauché de faux assistants parlementaires avec son enveloppe d'eurodéputée.

Le cas Louis Aliot : compagnon, collègue et assistant de Marine Le Pen

Plusieurs personnes recrutées comme assistants parlementaires de Marine Le Pen entre 2004 et 2017 ont également occupé d'autres fonctions auprès du parti d'extrême droite, d'autres encore ont entretenu des relations plus personnelles avec l'ancienne élue. Certains présentent ces deux particularités comme Louis Aliot, également accusé et jugé dans cette affaire des assistants parlementaire du RN. Le maire de Perpignan, membre du parti à la flamme depuis les années 1990, a été entre 2011 et 2012 l'assistant de Marine Le Pen au Parlement européen.

L'embauche avait fait couler beaucoup d'encre puisqu'à l'époque, les deux politiques étaient en couple et certains avaient dénoncé un conflit d'intérêt. Le règlement du Parlement européen précise effectivement que les financements alloués à chaque élu ne peuvent servir "à financer les contrats permettant l'emploi (…) des conjoints des députés ou de leurs partenaires stables non matrimoniaux". Ce à quoi Marine Le Pen avait répondu que Louis Aliot n'était ni un "conjoint", ni un "partenaire stable non matrimonial". Au-delà de ces considérations très subjectives, l'homme recruté comme assistant "local" voyait son contrat soumis au droit français qui ne fait pas mention de la même précision.

Plus tard, lorsque l'affaire des assistants parlementaires a éclaté, le recrutement de Louis Aliot en tant qu'assistant parlementaire a de nouveau été interrogé. Il a été révélé qu'alors qu'il était l'assistant de Marine Le Pen, Louis Aliot officiait aussi en tant que directeur de campagne de la candidate du RN à l'élection présidentielle de 2012. Un travail qui avait été présenté comme du bénévolat par Marine Le Pen et jugé possible par "la durée horaire modeste de [son] contrat d'assistance parlementaire".

Une amie proche, un garde du corps et un chauffeur

Durant son mandat d'eurodéputée, Marine Le Pen a également recruté d'autres personnalités issues de son entourage en tant qu'assistants parlementaires. Parmi ces derniers, on peut citer l'actuelle eurodéputée Catherine Griset. L'élue travaille aux côtés de Marine Le Pen depuis plus de 25 ans, le plus souvent en tant qu'assistante personnelle, mais les deux femmes seraient amies avant d'être collègues et elles ont même été belles-sœurs durant un temps.

Ces relations professionnelles (et personnelles ?) ont conduit Catherine Griset à être assistante parlementaire de Marine Le Pen pendant cinq ans entre 2010 et 2016. Mais Catherine Griset est soupçonnée d'avoir bénéficié d'un emploi fictif au Parlement européen et d'avoir davantage ou exclusivement travaillé pour le parti, notamment en tant que chef de cabinet, que pour ses tâches parlementaires.

Le cas de Thierry Légier est également interrogé dans cette affaire, car l'homme censé être le garde du corps de Marine Le Pen a aussi été un de ses assistants parlementaires. Thierry Légier est un employé presque historique de la famille Le Pen puisqu'il a travaillé pour le père Jean-Marie de 1992 jusqu'en 2010, date à laquelle il est devenu le garde du corps de Marine Le Pen. Encore aujourd'hui, il assure la sécurité de la cheffe de file du RN et celle de Jordan Bardella. Ses prestations en tant que garde du corps auraient pu être réglées grâce à l'enveloppe du Parlement européen, c'est en tout cas ce qui est soupçonné avec des éléments tangibles.