Internes volontaires ou médecins retraités : ces solutions du gouvernement contre les déserts médicaux
Publiée ce mercredi par l'Ordre des médecins, l'édition 2023 de l'Atlas de la démographie médicale révèle que le nombre de docteurs en activité dite régulière, c'est-à-dire sans compter les remplaçants et les médecins retraités qui reviennent aider, est en légère hausse cette année. Au 1er janvier 2024, il y avait ainsi 1 672 médecins de plus en activité par rapport à l'année précédente, soit une augmentation de 0,8%. Une première depuis 2010. Mais si les professionnels parlent de "frémissement de la démographie médicale", les déserts médicaux restent une triste réalité en France. Un fléau contre lequel le nouveau Premier ministre, Michel Barnier, souhaite lutter comme il l'a fait savoir dès mardi 1er octobre dans sa déclaration de politique générale devant l'Assemblée nationale.
Une priorité même pour le nouveau locataire de Matignon, qui semble toutefois rester sur le chemin déjà tracé par ses prédécesseurs. On ne peut en effet pas vraiment parler de "choc" de la santé puisque bon nombre d'idées évoquées par Michel Barnier avaient déjà été mises sur la table par le passé. Ainsi, le Premier ministre a dit vouloir "amplifier" l'effort d'augmentation du nombre d'étudiants en médecine. Pour remédier plus spécifiquement aux déserts médicaux, Michel Barnier a mis en avant la "création d'un nouveau programme Hippocrate" qui permettrait à des internes, français mais aussi étrangers, de s'engager "volontairement, pour une période donnée et grâce à l'accompagnement de l'État et des collectivités, à exercer dans les territoires qui manquent le plus de médecins". Si le projet semble être le cousin des contrats d'engagement de service public (CESP) dont les prémices remontent à la loi Bachelot de 2009, l'annonce a, elle, été accueillie favorablement par les étudiants. À condition cependant que cela reste du volontariat, souligne Lucas Poittevin, président de l'association nationale des étudiants en médecine de France (Anemf), auprès du Parisien.
S'appuyer davantage sur les médecins retraités et les infirmiers
Autre solution évoquée par Michel Barnier pour lutter contre les déserts médicaux, "s'appuyer davantage sur les médecins retraités". Pour ce faire, le Premier ministre a défendu l'idée de leur permettre de reprendre du service "avec un cumul favorable entre rémunération et retraite". Une annonce là encore vue d'un bon œil par un médecin retraité qui a justement repris du service à Albi aux côtés d'autres retraités. Auprès de BFMTV, il n'hésite pas à parler de "très bonne idée".
Une "loi infirmières, infirmiers" a aussi été évoquée par Michel Barnier, qui a promis que celle-ci irait "plus loin dans la reconnaissance de leur expertise et de leurs compétences et leur donnera un rôle élargi dans la prise en charge des patients". Une proposition de loi similaire devait initialement être présentée au printemps dernier au Parlement avant que la dissolution n'arrête tout. Les pharmaciens et kinésithérapeutes pourraient eux aussi voir leurs compétences élargies. Michel Barnier a par ailleurs plaidé pour un déploiement rapide des "assistants médicaux", mais aussi des "bus de santé", ainsi qu'en faveur des "regroupements de professionnels de santé".
Les nouvelles technologies à l'honneur, la bureaucratie dans le viseur
Les nouvelles technologies ont, elles, été mises à l'honneur. "La télémédecine, la télésurveillance, le recours à l'intelligence artificielle" tels sont les outils sur lesquels il faudra pouvoir s'appuyer lorsque cela "est utile", a estimé le Premier ministre. Michel Barnier a enfin promis de s'attaquer "à la simplification et à la suppression [des] formalités [bureaucratiques] pour retrouver du temps médical utile, mais aussi pour redonner du sens au métier des soignants" alors qu'il pointait que "notre système de santé est sérieusement malade de sa complexité et de sa bureaucratie". Là encore, un marronnier de ces dernières années.