Bruno Retailleau veut exaucer un vœu cher à Marine Le Pen

Bruno Retailleau veut exaucer un vœu cher à Marine Le Pen Le Rassemblement national a plusieurs fois salué et partagé les prises de positions politiques de Bruno Retailleau. Et le ministre de l'Intérieur pourrait accéder à une requête de Marine Le Pen.

Bruno Retailleau est formel : il faut une nouvelle loi immigration. Ce sujet "fait partie des urgences" selon le nouveau ministre de l'Intérieur, invité de RTL ce jeudi 3 octobre, qui s'est saisi de la politique migratoire dès son arrivée place Beauvau. L'élu issu de la branche très droitière du parti Les Républicains a d'ailleurs une idée précise de ce qu'il veut intégrer dans une future loi immigration : des accords bilatéraux et des mesures incitatives ou dissuasives pour pousser les pays à accepter les renvois de leurs ressortissants, ou encore de nouvelles règles concernant la rétention des délinquants et criminels visés par des obligations de quitter le territoire.

Des mesures qu'il a déjà égrainées dans les médias depuis sa nomination en tant que ministre et qui suscitent l'enthousiasme du Rassemblement national (RN). Si Bruno Retailleau défend ses propres idées politiques, sa volonté de mettre sur un table un projet législatif sonne comme une victoire pour l'extrême droite qui a exigé le vote d'une nouvelle loi immigration pour le premier trimestre de l'année 2025. Marine Le Pen, présidente du groupe RN à l'Assemblée nationale a d'ailleurs présenté ce point comme une "ligne rouge" à respecter pour s'assurer du soutien de son parti face à une motion de censure, prévenant très formellement le Premier ministre après son discours de politique générale. Le ministre de l'Intérieur répond donc favorablement à la requête du RN.

Le recoupement des idées de Bruno Retailleau et de celles défendues par le RN sur plusieurs points, dont l'immigration, a valu au ministre d'être comparé à un "porte-parole du RN" par la députée du Var Laure Lavalette au micro de BFMTV le 1er octobre. Rôle que le ministre refuse de porter : "Je suis le porte-parole des Français. Mon obsession c'est de parler la langue que comprennent les Français, pas une langue technocratique, parisienne, qui plaît au microcosme médiatique et politique" a-t-il rétorqué sur RTL. Quant à ceux qui jugent sa politique trop droitière et brutale, il répond : "C'est pas du brutal, c'est de la fermeté. La fermeté de la loi, de l'ordre et de la sécurité". Et le ministre d'ajouter : "Je veux protéger les Français contre le désordre et l'insécurité et je ne ferai pas de l'eau tiède". Un discours qui, là encore, le rapproche de l'extrême droite.

Il faut dire que, n'en déplaise au ministre, ses idées ont été adoubées par le RN. Laure Lavalette assurait "tout prendre" des mesures de Bruno Retailleau "pour lutter contre l'immigration" et ne pouvoir être "que d'accord" avec la vision du ministre. Lequel avait déroulé sa ligne dans le JDD la veille. Des positions rappelées sur l'antenne de RTL : organisation de "vols groupés" pour reconduire les ressortissants entrés illégalement sur le territoire français dans leur pays d'origine, la prolongation jusqu'à 210 jours de la rétention administratives des migrants en situation irrégulière qui auraient commis certains crimes ou encore sa vision de l'Etat de droit.

Un dernier point qui a fait polémique. Alors que le Premier ministre a recadré indirectement Bruno Retailleau en rappelant la sacralité de l'Etat de droit, le ministre a précisé son propos : "Je suis attaché à l'Etat de droit. [...] Ce sont des principes intangibles, mais la source de l'Etat de droit doit s'articuler avec la souveraineté du peuple. Je n'ai jamais voulu abolir l'Etat de droit, simplement je veux qu'à l'intérieur de l'Etat de droit on déplace le curseur parce qu'il y a des lois qui ne protègent pas les Français et celles-là je veux les déplacer". Le ministre réduit finalement le sujet à une question : "Est-ce qu'on veut protéger des individus dangereux dans leurs libertés individuelles ou protéger la société ? Je suis ministre de l'Intérieur et je veux protéger les Français". Et une nouvelle fois, le RN approuve.