"Acharnement", "procès politique"... La riposte de Marine Le Pen pour gagner l'opinion publique au procès du RN

"Acharnement", "procès politique"... La riposte de Marine Le Pen pour gagner l'opinion publique au procès du RN Après les lourdes réquisitions du parquet au procès des assistants parlementaires du RN, Marine Le Pen mise sur les plaidoiries et la communication du parti pour se défendre, gagner la soutien de l'opinion publique et éviter une condamnation.

Les réquisitions sont tombées et le Rassemblement national (RN) prépare sa riposte. Les peines requises par le parquet contre l'ensemble des prévenus dans l'affaire des assistants parlementaires du Front national (FN, de l'ancien nom du parti d'extrême droite) sont lourdes, notamment à l'égard de la figure de proue du parti : Marine Le Pen. Les procureurs ont demandé à ce que la députée soit condamnée à cinq ans de prison, dont deux fermes, mais surtout à une peine d'inéligibilité de cinq ans avec exécution provisoire, c'est-à-dire qui s'appliquerait même en cas d'appel et empêcherait Marine Le Pen de participer à l'élection présidentielle en 2027.

Des réquisitions qui font bondir les membres du RN depuis le 13 novembre. Mais les élus de l'extrême droite n'entendent pas rester sans réponse et se mettent en ordre de marche alors que le jugement, qui pourra suivre ou non les recommandations du parquet, sera rendu en début d'année 2025.

Des manœuvres pour gagner l'opinion publique

Jugée parmi les prévenus, Marine Le Pen n'a pas multiplié les réactions se contentant de pointer un parquet "extrêmement outrancier dans ses réclamations", selon elle, et cette phrase de la procureure Louise Neyton perçue comme un "aveu" par la cheffe de file des députés RN : "Je ne vous demande pas la relaxe car ça me fait trop mal". Mais d'autres personnalités ont vivement réagi à l'instar de Jordan Le Pen qui a écrit sur X : "Le parquet n'est pas dans la justice, il est dans l'acharnement et la vengeance à l'égard de Marine Le Pen". "C'est une atteinte à la démocratie" qui vise à "priver des millions de Français de leur vote en 2027", a-t-il ajouté en référence à la peine d'inéligibilité.

Un point sur lequel le RN a reçu un soutien inattendu : celui de l'ancien ministre de l'Intérieur, Gérald Darmanin, qui a estimé sur X qu'"il serait profondément choquant que Marine Le Pen soit jugée inéligible", car selon lui "combattre Madame Le Pen se fait dans les urnes, pas ailleurs". L'ancien candidat à la présidentielle Jean-Luc Mélenchon a également réagi aux réquisitions contre Marine Le Pen et s'est montré réticent non pas à une peine d'inéligibilité, mais à l'application de celle-ci avant l'épuisement des moyens de recours.

Des réactions qui peuvent servir l'argumentaire du RN qualifiant le traitement de l'affaire des assistants parlementaires comme un "procès politique" et dénonçant un parquet partial. Le RN a d'ailleurs en ligne une pétition de soutien à Marine Le Pen pour s'opposer à une condamnation d'inéligibilité.

Certains vont jusqu'à espérer que le soutien à Marine Le Pen et plus largement au RN sera renforcé après cette affaire judiciaire. Un conseiller de la députée du Nord mise sur le fait que "l'acharnement" contre son camp fasse grimper le parti de plusieurs points lors des prochaines élections comme il l'a indiqué à Franceinfo : "Si on est condamnés, les juges vont légitimer notre rôle d'opposants et on prendra dix points aux prochaines législatives".

Marine Le Pen annonce déjà faire appel en cas de condamnation

C'est aussi devant le tribunal que Marine Le Pen va se défendre avec les plaidoiries prévues à partir de lundi 18 novembre et pour deux semaines. La députée devrait camper les positions qu'elle tient depuis le début du procès, mais semble douter de sa capacité à convaincre par rapport aux premières audiences. Elle a indiqué se préparer à une condamnation, mais a déjà annoncé qu'elle fera appel si une telle décision est prise, avec l'espoir que si l'inéligibilité est retenue elle sera suspensive. L'affaire pourrait même être portée jusqu'à la Cour de cassation en cas de nouvelles condamnations en appel.

Si Marine Le Pen et le RN jugent les réquisitions trop sévères en réclamant une peine d'inéligibilité contre chacun des prévenus, cette peine a été rendue automatique pour les délits de détournements de fonds publics, ce qui est spécifiquement reproché dans cette affaire, par une loi de 2016. En l'occurrence, le RN reproche au parquet de se référer aux textes de loi, alors qu'il accuse la justice d'être laxiste envers les délinquants depuis plusieurs années.