Un ex-député zemmouriste annonce qu'il devient une femme : "Dans mon camp, ça va faire grincer des dents"
Les bras croisées, l'ancienne zemmouriste apparaît sur une photographie du média Blick. Ses cheveux courts ont laissé place à un crâne rasé, faisant ressortir les pendentifs accrochés à ses oreilles et la pointe de maquillage visible sur son visage. L'air épanouie, elle annonce avoir entamé une transition de genre. Ses documents d'État civil ont d'ores et déjà été changés : sous la mention sexe, figure un "F" et à côté de son prénom, il est désormais écrit "Eva" : "Ça n'a pas été évident de choisir, mais j'aime bien Eva, une référence à Eve, créée à partir d'une côte d'Adam. Elle a tout de suite fait des bêtises", plaisante-t-elle en clin d'œil à ses anciennes frasques et polémiques. Cette figure politique était donc autrefois un homme, Joachim Son-Forget, jeune député macroniste en 2017 au parcours très sinueux.
Après un tour du côté du Parti socialiste, le jeune homme avait rejoint La République en marche, avant de passer sous l'égide de Reconquête pour la campagne présidentielle d'Eric Zemmour. En 2020, l'élu avait relayé sur les réseaux sociaux un lien vers un article dévoilant une vidéo à caractère sexuelle de Benjamin Griveaux, alors candidat à la mairie de Paris. L'ampleur du scandale avait conduit le député LREM à renoncer aux municipales. Au Parisien, Joachim Son-Forget avait nié toutes intentions de lui nuire : "C'était pour le prévenir, je lui ai même envoyé un message. Je déteste les lynchages publics."
Plus récemment, aux alentours de la mi-juin, l'ancien élu avait refusé d'arrêter sa berline lors d'un contrôle de police. En faisant demi-tour, il avait même percuté un véhicule en stationnement avant de repartir à toute allure. Au terme de cette course poursuite, il avait finalement été interceptée par les forces de l'ordre et testée positive à la cocaïne. À Blick, Eva Son-Forget a expliqué avoir été "hospitalisée de force à Genève" et avoir fui son canton pour souffler : "J'ai entamé une réflexion sur mon identité sexuelle. Ce changement, cette attitude plus féminine, a provoqué l'ire de mon entourage personnel et professionnel qui a décidé d'entamer un processus de psychiatrisation obligatoire à mon encontre, sous des prétextes fallacieux".
"Ce changement est très important pour moi"
Son choix radical étonnera sans doute au sein du parti d'Éric Zemmour, que l'ancien député avait rejoint avec fracas. En 2019, Joachim Son-Forget revendiquait son "amitié naissante" avec Marion Maréchal, bien connue pour ses opinions conservatrices. L'eurodéputée d'extrême droite est par ailleurs visée, depuis le mois de mai, par six plaintes pour "injure transphobe". Dans un message publié sur X, elle avait écrit, en référence à la victoire de l'actrice transgenre Karla Sofía Gascón : "C'est donc un homme qui reçoit à Cannes le prix d'interprétation... féminine. Le progrès pour la gauche, c'est l'effacement des femmes et des mères".
Pour l'instant, la députée n'a pas réagi à l'annonce d'Eva Son-Forget. Mais à ce sujet, cette dernière ne se fait pas d'illusions : "C'est clair, que dans mon ancien camp zemmouriste, à l'UDC et aux extrêmes, cette nouvelle va faire grincer des dents", anticipe-t-elle, moqueuse. En dépit de ces futures réactions, l'élue est prête à changer de vie : "Ce changement statutaire est très important pour moi. Quand votre transition est reconnue par les autres, elle devient réalité. Elle n'est plus un secret d'alcôve". Mère de trois enfants, de 17, 9 et 5 ans, elle a tenu à les prévenir avant d'annoncer sa transition dans les médias "pour qu'ils puissent se défendre à l'école".
À ses détracteurs, lui reprochant un énième coup de communication, elle répond : "C'est une démarche qui engage ma vie, qui m'expose, moi et mes enfants. Je ne prendrais pas ouvertement la parole si cela n'était pas crucial pour moi, mais surtout pour d'autres, plus faibles que moi, qui ne peuvent assumer leur vie comme ils la rêveraient. C'est un appel à la tolérance et à la liberté de choix de son identité de genre".