Valls, Montchalin, Saint-Martin... Ces ministres nommés malgré leur défaite aux législatives

Valls, Montchalin, Saint-Martin... Ces ministres nommés malgré leur défaite aux législatives François Bayrou a annoncé son gouvernement lundi soir et sa composition surprend. Plusieurs de ses ministres n'ont pas été choisis par les Français lors des dernières élections législatives.

La fumée blanche avant Noël, comme promis ! François Bayrou a fini par nommer son gouvernement, lundi 23 décembre. Avec de nombreuses surprises. Tant sur les noms, que sur les profils de certains ministres. Et pour cause. Alors que les Français ont dû voter pour la composition de l'Assemblée nationale deux fois ces deux dernières années (2022 et 2024), ce fut l'occasion, pour les électeurs, de donner leur avis sur les femmes et hommes politiques du pays ainsi que sur la composition de l'Assemblée.

Pourtant, le Premier ministre n'a pas véritablement tenu compte de ces avis clairement exprimés, en nommant des ministres alors qu'ils avaient échoué aux dernières législatives. Il est tout de même important de rappeler que les ministres ne sont pas élus, mais choisis par le Premier ministre, lui-même désigné par le président de la République. Mais il est rare de voir un si grand nombre de ministres qui ont essuyé une défaite aux élections législatives.

Manuel Valls

Il est la surprise de ce nouveau gouvernement. Manuel Valls a été nommé ministre d'État des Outre-mer, un dossier particulièrement important, notamment après le passage de l'ouragan Chido à Mayotte. Pourtant, Manuel Valls avait "quitté" la politique française pour se concentrer sur l'Espagne et son poste de conseiller municipal à Barcelone.

Sa carrière politique en France n'est qu'une succession d'échecs depuis 2018. Il a été maire d'Évry (2001-2012), puis député de l'Essonne (2002-2012 / 2017-2018), ministre de l'Intérieur (2012-2014) et même Premier ministre de François Hollande (2014-2016). Mais il a tenté sa chance à la primaire citoyenne de 2011, ce qui fut un échec, suivi d'un autre à celle de 2017.

A la suite de cette défaite, il avait quitté le Parti socialiste pour rejoindre Emmanuel Macron. Il était alors membre du groupe La République en marche à l'Assemblée, après son élection comme député en 2017. Manuel Valls est ensuite parti en Espagne briguer la mairie de Barcelone, mais là aussi, ce fût un échec. Il a bien tenté un retour en France avec les législatives de 2022, juste après la réélection d'Emmanuel Macron, pour devenir député des Français établis hors de France, mais sans succès, ne parvenant pas à remporter le scrutin.

"À force de gratter à la porte, il fallait bien que quelqu'un lui ouvre un jour…", commente un cadre socialiste, proche d'Olivier Faure (patron du PS) auprès du Parisien. C'est justement cela qui a plu à François Bayrou, son côté "kamikaze", comme il l'a expliqué au micro de BFMTV. Le Premier ministre voulait nommer des personnalités expérimentées et connues des Français, c'est le cas avec Manuel Valls, même si son succès politique fait partie du passé.

Patricia Mirallès

Elle est nommée ministre déléguée auprès du ministre des Armées, chargée de la mémoire et des anciens combattants. Ancienne socialiste qui a rejoint Emmanuel Macron en 2017, Patricia Mirallès a été deux fois députée dans l'Hérault, en 2017, puis en 2022, avant sa défaite en 2024. Elle était arrivée deuxième au premier tour pour faire barrage au RN. Une stratégie qui avait fonctionné puisque c'est finalement le candidat du Nouveau Front populaire qui avait remporté l'élection. Mais il faut dire que Patricia Mirallès était loin d'avoir convaincu les électeurs, puisqu'elle n'avait obtenu que 22,54% des voix.


Amélie de Montchalin

Elle est nommée ministre chargée des comptes publics. C'est la quatrième fois qu'elle occupe un poste au gouvernement. Elle a déjà été secrétaire d'État chargée des Affaires européennes, ministre de la Transformation et de la fonction publique, puis ministre de la Transition écologique et de la Cohésion des territoires, pendant quelques jours seulement. Elle a surtout essuyé un échec aux législatives de juin 2022, sans se représenter en 2024. Venue de la droite, elle a rejoint Emmanuel Macron en 2017. Elle va être chargée, auprès d'Éric Lombard (Économie) de boucler un budget en quatrième vitesse.

Patrick Mignola

Il est nommé ministre délégué chargé des relations avec le Parlement. Patrick Mignola est une figure du MoDem, étant son vice-président ainsi que son porte-parole. Il a également été chef du groupe des députés MoDem jusqu'en 2022 après... sa défaite aux législatives. Un rejet des électeurs de la 4e circonscription de Savoie où Patrick Mignola avait pourtant un fort ancrage, après avoir été maire de La Ravoire pendant 16 ans, deux fois vice-président du département ainsi que vice-président de la Région. Un désaveu des électeurs qui ne l'a pas empêché d'intégrer le gouvernement, alors qu'il ne s'est pas représenté en 2024.

Laurent Saint-Martin

Il passe du poste de ministre du Budget au Commerce extérieur. En plus d'avoir échoué aux élections législatives de 2022 (face à Louis Boyard, LFI), il n'a pas réussi à proposer un budget qui convainque les députés, menant à l'activation de l'article 49.3 par Michel Barnier et à la censure du gouvernement, plongeant encore un peu plus la France dans une crise politique sans précédent. En 2024, il n'avait pas été candidat dans le Val-de-Marne.


Des réactions de l'opposition

Après l'annonce de la composition du gouvernement, les réactions n'ont pas tardé. Sur X, Marine Le Pen dénonce "une absence manifeste de légitimité" de ce gouvernement. Elle réclame un "changement de méthode" de la part du gouvernement. Jordan Bardella qualifie ce gouvernement de "coalition de l'échec". À gauche, Olivier Faure a assuré, auprès de BFMTV-RMC, avoir "trouvé la composition du nouveau gouvernement navrante". Il dit se désoler du "mépris" avec lequel François Bayrou a traité la gauche. Marine Tondelier, elle, fait ce constat : "Cette démocratie ne va pas bien. Tout cela va mal se terminer…"