Les nouvelles menaces de Donald Trump visent l'Europe (et la France)

Les nouvelles menaces de Donald Trump visent l'Europe (et la France) Dès le deuxième jour de sa présidence, Donald Trump s'est engagé à imposer des droits de douane à l'Union européenne. Désormais, l'UE "doit être capable de répondre" à ces menaces, rétorque la France.

"L'Union européenne est très mauvaise pour nous". Cette déclaration est signée Donald Trump, nouveau président des Etats-Unis, lors d'une conférence de presse tenue le mardi 22 janvier. "Ils nous traitent très mal. Ils ne prennent pas nos voitures ou nos produits agricoles. En fait, ils ne prennent pas grand chose", poursuit le Républicain. Voilà pourquoi, une décision radicale a été prise : les pays européens (dont la France), vont être soumis à des droits de douane, le "seul moyen", pour les USA d'être "traités correctement", selon le 47e président en exercice. 

"Petite Chine", "grands agresseurs"... L'UE pointée du doigt

Si ces menaces ne datent pas d'hier, elles pourraient désormais être mises à exécution. Pendant sa campagne, Donald Trump avait déjà évoqué un "déficit commercial de 350 milliards de dollars" avec l'UE, comparant l'union à une "petite Chine" qui "profite" de la première puissance économique mondiale. "La Chine est agressive, mais il n'y a pas que la Chine, d'autres pays sont aussi des grands agresseurs", abonde-t-il. Alors, quels sont les pays visés ? Principalement quatre : l'Allemagne, l'Italie, l'Irlande et la France, alors que le déficit commercial des Etats-Unis avec l'UE s'élevait à 131 milliards de dollars en 2023, d'après les données du représentant de la Maison-Blanche pour le Commerce (USTR)

Pour nos voisins allemands, l'avantage est principalement industriel. Côté irlandais, il est lié à l'installation des sièges européens des grands groupes américains sur le sol celte, notamment à Dublin depuis plusieurs années en raison d'une fiscalité attractive. "L'élection de Trump, ce n'est pas une bonne nouvelle pour l'Europe. Cela veut dire l'accentuation du protectionnisme, avec une montée considérable des droits de douane", décryptait pour sa part, Christian de Boissieu, professeur d'économie à l'Université Paris 1 Panthéon-Sorbonne au Figaro, en novembre dernier. Bingo, désormais, nous y sommes.

"Nous resterons fermes sur nos principes", assure Ursula von der Leyen

Pendant sa campagne, Donald Trump avait (déjà) affirmé sa volonté d'imposer des surtaxes douanières de 10 à 20% sur tous les produits importés aux Etats-Unis, une augmentation significative au vu des 3,3% appliqués en moyenne à ce jour outre-Atlantique. Une menace qui semble désormais bien mure dans l'esprit de Trump. Pour rappel, lors de son premier mandat, il avait imposé des droits de douane sur certains produits européens, en guise de représailles contre Bruxelles - après un conflit avec Washington - en raison des subventions respectives dédiées aux deux principaux avionneurs, Boeing et Airbus.

Lundi 20 janvier, dès l'investiture de Donald Trump, le commissaire européen à l'Economie, Valdis Dombrovskis a assuré que l'UE était "prête à défendre ses intérêts économiques, comme nous l'avons déjà fait lors du premier gouvernement Trump lorsqu'il a introduit des droits de douane sur l'acier et l'aluminium". Une position partagée par la présidente de la Commission européenne (CE), Ursula von der Leyen, dès le lendemain au Forum économique de Davos en Suisse : "Notre première priorité est d'entamer rapidement des discussions, sur nos intérêts communs et d'être prêts à négocier (...) nous serons pragmatiques mais nous resterons fermes sur nos principes : la défense de nos intérêts et le respect de nos valeurs", a-t-elle martelé.

 

Le ministre français du Commerce extérieur hausse le ton

Ce mercredi, les déclarations de Donald Trump n'ont pas manqué de faire réagir le ministre délégué français au Commerce extérieur, Laurent Saint-Martin. Au micro de France Info et de France Inter, il estime que "l'élection de Donald Trump" doit être "un coup de pied au derrière pour l'Europe". Selon lui, si la préservation de "bonnes relations commerciales bilatérales avec un pays qu'on connaît, bien, qui est un pays allié, un pays ami" est nécessaire, cela doit se faire "sans naïveté". "Une guerre commerciale ne serait dans l'intérêt de personne, à commencer par les Etats-Unis", prévient dès maintenant le ministre tricolore.

L'UE "doit être capable de répondre" à des menaces de Donald Trump, tout en proposant "un agenda positif", a-t-il également indiqué. "Nous devons regarder ça aussi avec une forme de sérénité, mais un regard combatif, c'est-à-dire une prise de conscience que l'Europe doit s'unir pour pouvoir être plus forte, plus puissante et s'affirmer comme puissance économique, ce qu'elle est (...) Mais pour ça, il faut le démontrer", conclut-il.