Motion de censure : Bayrou assuré de rester à Matignon, mais seulement jusqu'à cette date
Les motions de censure s'enchaînent. François Bayrou a déjà résisté par trois fois à une tentative de renversement depuis le début de l'année, dont deux rien que la semaine dernière après l'adoption du budget 2025 par 49.3. Le Premier ministre a affronté une nouvelle motion de censure ce lundi 10 février. Le texte déposé par les élus de La France insoumise (LFI) se voulait une réponse à l'utilisation du 49.3 par le Premier ministre pour l'adoption de la deuxième partie du projet de loi de financement de la Sécurité Sociale (PLFSS), celle sur les recettes. Cette motion de censure a été rejetée par l'Assemblée ce lundi. Ce n'était pas la dernière, mais l'avant dernière concernant l'adoption du budget et la prochaine portant sur la troisième partie du PLFSS, celle sur les dépenses, sera examinée dans la semaine.
Si le PS a décidé de ne voter aucune des motions de censure portant sur l'adoption du budget de l'Etat et du budget de la Sécurité sociale, il dément tout soutien au gouvernement de François Bayrou. Olivier Faure, patron du parti de gauche, a de nouveau assuré faire partie de l'opposition ce lundi 10 février sur BFMTV : "Ce n'est pas parce qu'à un moment on refuse de censurer le gouvernement pour permettre d'avoir un budget pour la France qu'il faudrait considérer que nous soutenons l'ensemble de l'œuvre de ce gouvernement." Il n'y a "aucune raison de soutenir ce gouvernement", en dehors de la nécessité d'avoir un budget selon le Premier secrétaire du PS. Et pour affirmer sa position, le PS a annoncé déposer une motion de censure spontanée le 19 février. Laquelle sera votée deux jours plus tard, soit le vendredi 21 février.
Les chances de réussite de la motion de censure du PS sont toutefois limitées. Le texte recevra sans doute les 192 voix de gauche, mais sera-t-il soutenu par les 124 élus du RN ? Plusieurs personnalités de gauche estiment que non, à l'instar de l'insoumis Eric Coquerel ou du socialiste François Hollande. Ce dernier a d'ailleurs remis en cause la volonté du PS de censurer le gouvernement assurant sur France 5, le 5 février, que la motion du PS "n'est pas faite pour faire tomber le gouvernement, mais pour l'interpeller". L'ancien président ajoutait que si le RN venait à voter cette motion de censure, les socialistes "prendront leurs responsabilités" en la retirant. Un scénario exclu par Olivier Faure qui a rappelé que le dépôt d'une censure spontanée a été soutenu par la majorité du parti et du groupe socialiste dans le but de censurer François Bayrou.
Le PS aidé par le RN ?
Sur le papier, le RN n'a effectivement pas de raison de voter la motion de censure du PS qui dénoncera, entre autres, une droitisation du gouvernement sur des sujets comme l'immigration. Mais l'extrême droite a déjà prouvé qu'elle pouvait associer ses voix à celles de la gauche pour renverser le gouvernement : elle l'avait fait en décembre contre le gouvernement de Michel Barnier. Un proche de Marine Le Pen confirmait à Politico le 4 février que le RN ne s'interdisait pas de voter le texte. Mais des députés lepénistes estiment auprès de BFMTV qu'il serait difficile de justifier un soutien au texte : le PS base sa tentative de censure "sur la submersion migratoire donc je pense que ce sera compliqué pour nous. Sauf à vouloir faire un coup et vouloir tomber le gouvernement…". Tout dépendra de la stratégie adoptée par la direction du parti puisqu'à la fin "c'est Marine Le Pen qui décide".