Pourquoi ces grands patrons français entretiennent des liens étroits avec Donald Trump
Donald Trump menace. Les produits européens pourraient connaître un sort similaire à ceux canadiens et mexicains. Ces derniers ont vu leur taxe d'importation aux États-Unis bondir à 25% mardi. Conséquence directe : les appels à boycotter les produits américains se multiplient ces derniers jours. Le mouvement est né au Canada, mais il s'est vite propagé à l'Europe. Et la France n'est pas épargnée. Sur les réseaux sociaux et dans les médias, les uns assurent se désabonner de Netflix et Disney+, quand d'autres confient ne plus boire de Coca-Cola et ne plus manger chez McDonald's.
Pourtant, tout le monde ne semble pas convaincu par la démarche. Bien au contraire. Du côté des grands patrons d'entreprises, certains entretiennent même des liens étroits avec Donald Trump. Le 20 janvier dernier, à l'occasion de l'investiture du 47e président des États-Unis, l'homme d'affaires français et patron du groupe LVMH, Bernard Arnault, a assisté à quelques mètres seulement du pupitre présidentiel à l'investiture de Donald Trump, rapportait à l'époque Le Monde.
"Je reviens des USA et j'ai pu voir le vent d'optimisme"
Bernard Arnault était accompagné pour l'occasion de sa femme et de deux de ses enfants : Delphine Arnault, PDG de Christian Dior Couture, et Alexandre Arnault, numéro deux de Tiffany & Co. Comme le rappelle Le Canard enchaîné, Donald Trump et Bernard Arnault se connaissent depuis trente-cinq ans et entretiennent une belle amitié. Le magnat du luxe a connu le président américain alors qu'ils opéraient tous les deux dans l'immobilier à New York dans les années 1980, Bernard Arnault ayant préféré quitter la France à l'élection de François Mitterrand.
Fin janvier, Bernard Arnault, qui avait soutenu Donald Trump dès son élection à la Maison-Blanche, avait même pris les États-Unis en exemple. En colère contre l'augmentation prévue des impôts sur les entreprises françaises, le patron de LVMH avait déclaré en conférence de presse : "Je reviens des USA et j'ai pu voir le vent d'optimisme qui régnait dans ce pays. Et quand on revient en France, c'est un peu la douche froide." Et de dénoncer une "taxe made in France" qui pousserait, selon lui, "à la délocalisation".
Un rapprochement intéressé ?
Beau-fils de Bernard Arnault, Xavier Niel était lui aussi de la partie le 20 janvier dernier. Il aurait pour sa part obtenu son carton d'invitation via la fille de Donald Trump, Ivanka. Le patron de Free fait en effet des affaires avec le frère de son mari, Joshua Kushner, selon Le Canard enchaîné. Mais ces derniers jours, c'est surtout le nom de Rodolphe Saadé, qui a fait couler beaucoup d'encre. Le milliardaire franco-libanais et PDG de l'armateur français CMA CGM a signé un juteux contrat outre-Atlantique. Donald Trump a lui-même annoncé l'investissement de 20 milliards de dollars sur quatre ans visant à développer l'activité de transporteur et de logisticien de l'armateur marseillais aux États-Unis.
Si les deux parties se réjouissent de cet accord, Le Monde note qu'il survient alors que les États-Unis menacent, depuis l'arrivée de Donald Trump au pouvoir, de taxer les navires accostant dans le pays s'ils ont été construits en Chine. Or, c'est le cas de bon nombre de porte-conteneurs de CMA CGM. Dans un communiqué, Rodolphe Saadé ne cache pas que cet investissement a pour objectif de "renforcer le partenariat historique du groupe CMA CGM avec les États-Unis, […] en soutenant l'économie et les exportations américaines". Amitié de longue date, partage de certaines valeurs du monde des affaires avec l'ex-businessman qu'est Donald Trump, mais surtout intérêts commerciaux, voilà donc ce qui motive certains grands patrons français à garder des liens étroits avec le nouveau président des États-Unis à l'heure, qui plus est, où il vaut mieux être dans ses petits papiers pour pouvoir continuer de faire des affaires...