Condamnation de Marine Le Pen : les deux recours qu'il lui reste pour espérer une candidature à la présidentielle

Condamnation de Marine Le Pen : les deux recours qu'il lui reste pour espérer une candidature à la présidentielle Condamnée à une peine d'inéligibilité pour avoir détourné de l'argent public, Marine Le Pen dispose de deux options pour revenir dans la course à l'élection présidentielle.

Marine Le Pen a été reconnue coupable de détournement de fonds publics et condamnée à une peine d'inéligibilité de 5 ans avec exécution provisoire, le 31 mars 2025. Cette peine s'applique immédiatement, même si la cheffe de file des députés RN compte faire appel. Elle a aussi été condamnée à deux ans de prison ferme, aménageables avec bracelet électronique, une condamnation qui sera immédiatement suspendue dès que la demande de second procès sera officielle.

La leader de l'extrême droite française, qui s'est indignée sur le plateau de 20h de TF1 le soir même, a martelé qu'il s'agissait selon elle d'une "décision politique", remettant en cause l'impartialité et l'indépendance de la justice. Le jugement étayé par un délibéré de 152 pages démontre pourtant clairement que l'argent versé par le Parlement européen, destiné à rémunérer les assistants des députés européens, a été utilisé pour les activités du parti. 

C'est bien entendu le caractère immédiat de la peine d'inéligibilité de Marine Le Pen qui est au coeur des indignations de l'extrême droite. Elle empêche la cheffe de file des députées RN de se présenter à toutes élections, y compris l'élection présidentielle de 2027.

Deux options, un espoir mince pour 2027

Marine Le Pen est-elle exclue définitivement de la course à l'Elysée ? Sur le plateau du 20h, le 31 mars, elle s'est dite "déterminée" et a assuré ne pas vouloir "se laisser éliminer ainsi". Quels sont donc les recours dont elle dispose ? Il en existe en réalité deux : le premier est qu'un jugement en appel revienne sur le verdict et l'innocente ou bien prononce une autre peine, sans inéligibilité. L'audiencement des appels prend généralement 18 mois à deux ans, et compte tenu du dossier, les délais pourraient être tenus pour que Marine Le Pen soit de nouveau jugée en fin d'année 2026. Le second jugement puis le délibéré tomberaient alors avant la présidentielle et en cas de relaxe ou de peine sans inéligibilité prononcée par la cour d'appel, sa candidature serait valable. Un scénario peu probable toutefois compte tenu de la nature du dossier : la justice a clairement estimé que le détournement de fonds est constitué par des éléments tangibles, il faudrait un revirement spectaculaire pour que d'autres juges aient une lecture différente des faits.

Le second recours est plus inattendu. Marine Le Pen pourrait profiter d'une grâce présidentielle. Cette possibilité existe bien, mais elle repose sur deux éléments que le RN n'est pas certain de vouloir accepter. Le premier est que Marine Le Pen accepte sa culpabilité, puisque la grâce présidentielle ne s'effectue que sur des décisions définitives. Puisqu'elle a décidé de faire appel, il lui faudra attendre le jugement de deuxième instance, sans doute fin 2026, pour y songer. Le deuxième élément est d'ordre bien plus politique : Marine Le Pen devrait remettre son avenir politique entre les mains d'Emmanuel Macron, libre de décider - presque - seul de gracier une adversaire politique condamnée pour détournements de fonds publics ayant entraîné un préjudice pour les contribuables français et européens. Précision technique, le décret de grâce présidentielle doit être signée par le chef d'État mais aussi par le Premier ministre et le ministre de la Justice.

Le 31 mars, sur le plateau du 20h de TF1, Marine Le Pen a balayé cette option d'un revers de main. Mais le jugement en appel n'a pas encore eu lieu...