Pourquoi le message de Trump ne va pas aider Le Pen
"LIBÉREZ MARINE LE PEN !", a écrit en majuscules le président américain Donald Trump sur son réseau social Truth Social, vendredi 4 avril. Le milliardaire a posté un message de soutien à la tête de file des députés du Rassemblement National, condamnée cette semaine à une peine d'inéligibilité pour détournement de fonds publics européens. "C'est tellement mauvais pour la France et le Grand Peuple de France", a-t-il réagi, comparant la condamnation de Marine Le Pen à une "chasse aux sorcières". "Elle a essuyé des échecs, mais elle a continué, et, maintenant, juste avant ce qui serait une Grande Victoire, ils s'en prennent à elle sur une accusation mineure dont elle ne savait probablement rien – cela ressemble pour moi à une erreur comptable".
Une "erreur comptable" estimée par le tribunal à 4,1 millions d'euros, détournés entre 2004 et 2016. Marine Le Pen a écopé lundi 31 mars de quatre ans de prison, dont deux fermes aménagés sous bracelet électronique, une amende de 100 000 euros et cinq ans d'inéligibilité avec exécution provisoire.
Un soutien malvenu ?
Si le soutien de la part du dirigeant des États-Unis peut d'apparence plaire au RN, il pourrait bien se retourner contre le parti. Donald Trump soutient ouvertement des partis d'extrême droite européens, comme l'AfD (Alternative pour l'Allemagne), avec qui même le RN a rompu les liens en 2024. L'AfD est considéré par Marine Le Pen comme "tombé sous la coupe de sa frange la plus radicale", qu'elle ne voyait plus comme "un allié fiable et convenable". En juin 2024, une eurodéputée de l'AfD a soutenu que les membres des SS pendant la Seconde Guerre mondiale ne devaient pas être considérés "automatiquement comme des criminels".
C'est donc être ramené dans le même bateau qu'eux, que d'être soutenu par Donald Trump. D'autant que les récentes augmentations des droits de douane par les États-Unis portent un coup supplémentaire à la popularité du dirigeant en France, où il était déjà plutôt mal vu. Marine Le Pen elle-même a dénoncé une annonce "brutale et au bénéfice des seuls États-Unis". Que Donald Trump soutienne ainsi Marine Le Pen n'est donc pas une si bonne nouvelle pour la ténor du RN. D'autant que selon une enquête du centre de réflexion Destin Commun, publiée dans Ouest-France, le président américain est considéré par près de 60 % des Français comme un "dictateur".