"Suis-je un fardeau pour la société ?" Retaillleau fustige une proposition de loi sur la fin de vie avec une question

"Suis-je un fardeau pour la société ?" Retaillleau fustige une proposition de loi sur la fin de vie avec une question Alors que l'examen de la proposition de loi sur la fin de vie a commencé en commission parlementaire et que des mesures ont été approuvées, le ministre de l'Intérieur considère que le texte "va dans le très mauvais sens".

La loi sur la fin de vie est revenue sur les bureaux des députés. La proposition de loi divisée en deux volets, l'un sur l'aide à mourir et l'autre sur les soins palliatifs, a été examinée en commission parlementaire le vendredi 11 avril et a vu plusieurs points adoptés par les élus. Ces derniers ont approuvé les cinq critères ouvrant l'accès à l'aide à mourir et ont adopté l'élargissement des cas dans lesquels le produit létal pourra être administré par le soignant. Un amendement déposé par l'élue insoumise Elise Leboucher (LFI), accorde à la personne qui souhaite recourir à l'aide à mourir la liberté de choisir entre auto-administration du produit létal et administration par un médecin ou un infirmier. Or, initialement le texte prévoyait une auto-administration par défaut et une administration par un soignant uniquement pour les patients n'étant "pas en mesure physiquement d'y procéder" eux-mêmes.

Une modification qui "ne bouleverse pas l'équilibre" de la proposition de loi selon son rapporteur, le député MoDem Olivier Falorni, mais qui est vivement décrié par le ministre de l'Intérieur. "Le texte que j'ai découvert m'a stupéfié", a assuré Bruno Retailleau sur LCI le dimanche 13 avril estimant que la proposition de loi va "dans le très mauvais sens".

Selon le ministre de l'Intérieur, le texte est beaucoup trop "permissif" puisqu'il "cumule aussi bien le suicide assisté que l'euthanasie. Or, dans tous les pays qui ont autorisé ce double choix, et bien, c'est toujours l'euthanasie qui a écrasé le suicide assisté". Une référence directe à l'amendement d'Elise Leboucher.

Retailleau déplore un "texte d'abandon" 

Au-delà de lui reprocher une facilité d'accès à l'euthanasie, Bruno Retailleau accuse le texte de favoriser l'aide à mourir aux soins et d'être à ce titre un "texte d'abandon" : "Demain ce que je crains, c'est qu'il soit beaucoup plus facile de demander la mort que d'avoir des soins". Le locataire de la place Beauvau résume cette situation hypothétique à une question que les patients en fin de vie seraient, selon lui, amenés à se poser si le texte était voté : "Suis-je un fardeau pour la société ?" Selon l'homme politique, les patients s'interrogeraient sur leur légitimité à être soignés et à "demander une main secourable", laquelle est systématiquement tendue dans le système de santé français actuel, l'aide à mourir n'étant pas prévue par la loi.

"Quand on voit que dans la dernière année d'une vie, le coût pour la santé, c'est plus de 35 000 euros, ce que je crains demain, c'est que ces considérations matérielles, ces considérations économiques prennent le pas sur la dignité de la vie humaine" dans la décision des patients en fin de vie, a poursuivi le ministre.

La proposition de loi sur la fin de vie est toutefois loin de l'adoption et le texte a encore le temps de changer. Son examen doit reprendre le 28 avril, après les congés parlementaires, et il devra ensuite prendre le chemin de l'Assemblée nationale, puis du Sénat avant de peut-être être adopté. D'ici là, les opposants à une loi sur la fin de vie trop "permissive" comme Bruno Retailleau auront le temps de déposer des amendements pour essayer de modifier le texte.