Meurtre d'Aboubakar Cissé : pourquoi le Sénat ne veut pas observer une minute de silence

Meurtre d'Aboubakar Cissé : pourquoi le Sénat ne veut pas observer une minute de silence Alors que l'Assemblée nationale a rendu hommage mardi à Aboubakar Cissé, tué dans une mosquée du Gard, le Sénat a décidé de ne pas observer de minute de silence. Son président a évoqué plusieurs raisons.

Gérard Larcher, président du Sénat, a annoncé ce mercredi 30 avril au micro de BFMTV-RMC que la chambre haute n'observerait pas de minute de silence lors des questions au gouvernement, en hommage à Aboubakar Cissé. Le jeune homme de 22 ans, de nationalité malienne, a été tué vendredi dernier de plusieurs coups de couteau alors qu'il priait dans une mosquée à La Grand-Combe, dans le Gard.

La veille, l'Assemblée Nationale a pourtant ouvert sa séance par une minute de silence. Sa présidente Yaël Braun-Pivet, avait d'abord acté qu'elle n'aurait pas lieu, avant de changer d'avis : "J'ai décidé que soit observée une minute de silence en hommage à Aboubakar Cissé, dont le lâche assassinat dans une mosquée du Gard a bouleversé le pays", avait-elle justifié. Du côté du Sénat, Gérard Larcher a affirmé que le Sénat ne réserve cet hommage qu'à "la disparition de sénateurs ou de graves évènements", notamment "d'attentats terroristes". Il ne juge donc pas approprié de marquer une minute de silence dans ce cas précis.

"La disparition de sénateurs ou de graves évènements"

Le président du Sénat prévoit toutefois une déclaration en préambule des questions au gouvernement. Il souhaite rappeler "ce qui a marqué cette période", alors que les sénateurs ne s'étaient pas retrouvés depuis plusieurs jours. Sur BFMTV, il a évoqué tour à tour le meurtre d'Aboubakar Cissé et de la jeune adolescente de 15 ans, tuée lors de l'attaque au couteau dans un lycée à Nantes. Des évènements graves, survenus en peu de temps. "C'est à cela que j'appellerai mes collègues à réfléchir au début des questions au gouvernement, parce que je crois que la responsabilité des parlementaires, c'est de contribuer à l'unité de la nation", a-t-il affirmé. 

La question d'un hommage à Aboubakar Cissé avait divisé à l'Assemblée nationale. Yaël Braun-Pivet avait initialement la même position sur la minute de silence, rappelant qu'un tel hommage est désormais réservé, depuis janvier, aux personnalités politiques et victimes du terrorisme. Une position qui a provoqué l'incompréhension des députés du Nouveau Front Populaire (NFP), à l'origine de la demande. "On n'est pas sur un cas individuel, on est sur un meurtre islamophobe, sur un climat islamophobe dans le pays. C'est une très grave faute politique de la présidente de l'Assemblée nationale", avait réagi le député LFI Thomas Portes, cité par l'Humanité. Le premier secrétaire du PS, Olivier Faure, s'était dit "scandalisé" par ce qu'il qualifie d'"aberration, d'injustice et de faute". Face à la polémique, Yael Braun-Pivet a finalement changé d'avis, et a elle-même lancé la minute de silence, en ouverture de la séance du mardi 29 avril, avant les questions au gouvernement.