Un "génocide" d'Israël à Gaza ? Macron a son idée sur le sujet, qui va fâcher Netanyahou
"C'est un drame humanitaire inacceptable". Interpellé par le médecin humanitaire Khaled Benboutrif, Emmanuel Macron a critiqué l'action militaire israélienne à Gaza, qui s'est accentuée ces derniers mois. "Ce que fait le gouvernement de Benyamin Netanyahou est inacceptable. Mon boulot, c'est de tout faire pour que ça s'arrête", a-t-il affirmé lors d'un long entretien sur TF1 ce mardi 13 mai au soir.
D'après le dernier rapport de l'Office de Coordination des Affaires Humanitaires des Nations Unies (OCHA), les frappes israéliennes ont fait près de 52 000 morts et 118 000 blessés côté palestinien depuis le début du conflit. Début mars, Israël a repris ses frappes sur l'enclave palestinienne, rompant de fait le cessez-le-feu fragile de deux mois. "C'est terrible, c'est-à-dire que pour la première fois depuis le début du conflit, il n'y a pas d'eau, plus de médicaments, on ne peut plus sortir les blessés, les docteurs ne peuvent plus y aller", a alerté le président de la République sur la situation humanitaire à Gaza. "Ce qui est fait est une honte, une honte" a-t-il insisté.
Emmanuel Macron refuse de parler de "génocide"
Faut-il qualifier la situation dans la bande de Gaza de "génocide", comme l'affirment certains experts et ONG ? "Ce n'est pas à un responsable politique d'utiliser ces termes, mais aux historiens" a répondu Emmanuel Macron, sans exclure donc que ce terme soit approprié ou considéré comme approprié après un travail historique. Une position qui devrait fâcher le chef du gouvernement israélien, déjà en froid avec le président français.
Le chef de l'État a rappelé qu'il était "l'un des seuls dirigeants" à s'être rendu à la frontière, à El-Arich en début avril, en compagnie du président égyptien Abdel Fattah al-Sissi. "J'ai vu des femmes, des enfants blessés. Une femme avec la colonne vertébrale brisée, qui avait passé six mois sans soins. J'ai vu des femmes qui, les cicatrices n'étant pas refermées, disaient 'je veux retourner à Gaza'", a-t-il raconté, en ajoutant : "C'était l'une des pires choses qui m'ait été donnée de voir. Et j'ai vu toutes l'aide que la France et d'autres pays acheminent bloquées par les Israéliens."
"Celui qui a le levier, c'est le président Trump"
Emmanuel Macron a rappelé l'engagement de la France en faveur de l'aide humanitaire à Gaza et pour la libération des otages israéliens détenus depuis l'attaque "atroce du 7 octobre". Néanmoins, il a admis que les États-Unis jouent un rôle déterminant dans ce conflit, en raison de leur soutien constant à Israël. "En vrai, celui qui a le levier c'est le président Trump. Moi j'ai eu des mots très durs, je me suis fâché avec le Premier ministre Benjamin Netanyahu mais la France, seule et même avec les autres alliés européens, on peut mettre toute la pression du monde, il ne dépend pas de nous. Il dépend des armes américaines".
Macron a précisé qu'il menait "un travail très étroit" avec la Maison Blanche sur ce dossier. Il a par ailleurs laissé entendre que des sanctions à l'encontre d'Israël pourraient être envisagées : "On ne peut pas faire comme si de rien n'était, on va devoir monter la pression". Mais selon lui, les priorités sont claires : "se battre absolument pour rouvrir les voies humanitaires", fermées depuis début mars par Israël, "démilitariser le Hamas, libérer les otages et construire une solution politique". Il a également plaidé pour une solution à deux États, sans mentionner une possible reconnaissance de l'État de Palestine.