Dissolution de l'Assemblée : la menace est-elle levée ?
L'ombre de la dissolution plane toujours au-dessus de l'Assemblée nationale. Ce vendredi après-midi, le chef de l'Etat s'entretenait avec tous les chefs de partis, sauf ceux du RN et de LFI. Emmanuel Macron voulait tester des noms de Premier ministre dans le but de trouver le soutien d'une majorité. Mais en cas d'impasse, il pourrait se résoudre à dissoudre l'Assemblée nationale selon les dires d'un proche au Parisien : "Si ça ne marche pas, il dissout. Car il n’a pas de plan B". A la sortie de cette réunion, cependant, l'option ne semble plus vraiment envisagée. "À priori pas de dissolution, mais une nomination d’un Premier ou d'une Première ministre dans les prochaines heures, le 49.3 est sur la table, la question des retraites aussi", a déclaré Laurent Panifous, président du groupe Liot à l'Assemblée nationale. Le choix d'un nouveau Premier ministre ne mettrait toutefois pas une fin définitive à la menace et pourrait ne faire que repousser l'échéance. C'est en tout cas ce qu'a affirmé l'écologiste Marine Tondelier en sortie de la réunion à l'Elysée. "S'il ne nomme pas quelqu'un de gauche et écologiste, ça finira par une dissolution parce que ça ne marchera pas".
La menace d'une dissolution inquiétait grandement dans les rangs du socle commun. "Une nouvelle dissolution aurait des allures de cauchemar si on avait la même Assemblée qu'aujourd'hui à la fin. Mais je ne sais pas si nous aurons beaucoup d'autres possibilités sur la table", a reconnu un député macroniste au micro de BFMTV. La répartition tripartite des forces dans l'hémicycle et l'impossibilité des précédents Premiers ministres à trouver une majorité traduisent une forme d'ingouvernabilité de la France, qu'une nouvelle dissolution pourrait ne pas résoudre.
"Ceux qui plaident pour une nouvelle dissolution veulent la démission du président de la République. C'est très grave", a pesté Julien Dray, ex-conseiller de François Mitterrand, auprès de la chaîne info. Pour rappel, mardi-après-midi, Emmanuel Macron a rencontré en toute discrétion la présidente de l'Assemblée, Yaël Braun-Pivet et celui du Sénat, Gérard Larcher. Des rencontres qui pouvaient faire penser aux consultations nécessaires avec les présidents des deux chambres avant une dissolution comme le prévoit l'article 12 de la Constitution. Les deux intéressés avaient toutefois révélé ne pas avoir parlé de dissolution avec lui.
Un autre indice, et même une consigne concrète, indiquait toutefois que des mesures ont été prises en cas de dissolution. D'après Le Canard Enchaîné, "les préfets ont déjà reçu la consigne officieuse de se tenir prêts pour de nouvelles législatives les 16 et 23 novembre". Autrement dit, en cas d'échec total des ultimes négociations de Sébastien Lecornu, Emmanuel Macron préférerait la dissolution à la démission. "Vous vous rendez compte si à la fin, c'est une dissolution qui amène le RN à Matignon et qui sauve Emmanuel Macron? On est en train d'exploser les limites de notre imagination", a déploré un conseiller ministériel démissionnaire chez BFMTV.
Pourquoi une dissolution fragiliserait Macron
Si aucune coalition ne parvient à former de majorité dans une Assemblée nationale tripartite, rien ne dit que de nouvelles élections législatives déboucheront sur l'émergence d'un groupe majoritaire. Les études sondagières suggèrent même qu'un scrutin pourrait ne rien changer à la situation, voire aggraver la crise. Un nouveau scrutin législatif risquerait d'être nettement défavorable au camp Macron qui pourrait perdre des sièges au profit des oppositions, notamment de la gauche et de l'extrême droite. Le camp présidentiel ne compte plus que 91 sièges à l'Assemblée nationale. "De nouvelles législatives pourraient les faire passer sous la barre des 50", assure BFMTV. Une issue qui le fragiliserait encore davantage pour les deux dernières années de son mandat.
Enfin, le scénario menant à une démission d'Emmanuel Macron pourrait avoir de lourdes conséquences sur son successeur. Si la configuration suivante est rarement évoquée, elle a le mérité d'être posée : le futur chef de l'Etat se retrouverait bloqué, faute de pouvoir dissoudre à nouveau l’Assemblée, puisque celle-ci l’aurait été juste avant son élection. Il lui faudrait attendre un an supplémentaire pour tenter de bénéficier d'une Assemblée favorable, et davantage gouvernable, selon l’article 12 de la Constitution. Une nouvelle élection présidentielle ne remettrait donc pas les compteurs à zéro, bien au contraire.
RN, LFI, PS, LR... Qui est favorable à une dissolution ?
La dissolution devient une décision "incontournable" selon les mots de Marine Le Pen ce lundi. Les appels du RN à dissoudre l'Assemblée nationale sont les plus insistants, mais la formation politique n'est pas la seule à soutenir une telle mesure. LFI en appelle à la dissolution mais préfère tout de même l'option de la démission, ou de la destitution d'Emmanuel Macron.
Au PS comme chez les Ecologistes, on appelle à la nomination d'une personnalité de gauche à Matignon. Marine Tondelier emploie même le terme de "cohabitation". Si les verts "envisagent de pouvoir gouverner", les socialistes assurent répondre "positivement" en cas d'appel à Matignon. Reste que les deux partis se disent aussi parés pour faire face à une dissolution et des élections qui ne permettraient cependant pas de faire émerger une majorité à l'Assemblée et donc de sortir de la crise.
Du côté de la droite et de LR, la dissolution n'est pas l'option envisagée. Sur le plateau de TF1, le président du parti a rappelé que le choix revenait au chef de l'État, mais a estimé que le retour aux urnes ne devait être qu'une solution de derniers recours en cas de nouveau blocage face à un Premier ministre de rupture, de droite selon sa préférence ou de gauche. "S'il y a situation de blocage, alors il faudra le retour aux urnes. Mais je pense qu'il y a d'autres moyens avant d'en arriver là", a-t-il déclaré.
Les Français favorables à une dissolution et de nouvelles législatives
Selon une enquête d'opinion menée le 8 octobre par l'institut de sondage Ifop pour LCI, 66% des Français souhaitent la dissolution de l'Assemblée nationale. C'est 5 points de plus qu'il y a un mois. Les électeurs du Rassemblement national (85%) et de la France insoumise (71%) sont les plus nombreux à vouloir voir cette dissolution arriver. Les Français sont également de plus en plus à penser qu'Emmanuel Macron va bel et bien dissoudre l'Assemblée nationale. Ils étaient 30% au mois de juin et sont 53% aujourd'hui. Les chiffres de cette enquête sont à relativiser sachant que les rebondissements ont été nombreux aujourd'hui.
18:44 - Emmanuel Macron "refuse de retourner aux urnes"
Emmanuel Macron devrait nommer un Premier ministre et ne pas recourir à la dissolution ce vendredi. Emmanuel Macron "refuse de retourner aux urnes", assure le député Rassemblement national de la Moselle Alexandre Loubet. "Il faut arrêter ce cirque", a-t-il ajouté. "Nous sommes en train de résister à un forcené qui veut se maintenir au pouvoir et qui refuse de retourner aux urnes", a-t-il expliqué sur le plateau de BFMTV.
17:47 - Gérard Larcher met en garde Emmanuel Macron
Gérard Larcher, président du Sénat, a vers 16h rappelé que "si Emmanuel Macron décide d'une dissolution, il me consultera, obligatoirement. C'est l'article 12. J'espère qu'il prendra plus de temps que la fois dernière, je pense que oui. La dernière fois, c'était 1min30", rapporte LCI. Il apparait alors inquiet et exige un véritable entretien, ce qui n'avait pas été le cas l'année dernière.
17:39 - Fabien Roussel confirme qu'Emmanuel Macron ne travaille pas à une dissolution
Fabien Roussel, secrétaire national du Parti communiste français, tient aussi un discours affirmant qu'Emmanuel Macron s'apprête à nommer un nouveau Premier ministre. "Je sais maintenant qu’Emmanuel Macron va travailler à la nomination d’un premier ministre plutot qu’à une dissolution", a affirmé Fabien Roussel en sortie de la réunion à l'Elysée. "Nous attendons un vrai changement, si tel n’était pas le cas, ce sera une énorme déception, et si le nouveau premier ministre est dans le camp macroniste, nous ne pourrons pas l’accepter", a-t-il cependant ajouté.
17:30 - Une dissolution même en cas de nouveau Premier ministre ?
Le nom d'un nouveau Premier ministre pourrait tomber dans les prochaines heures. Cela ne voudra toutefois pas dire que la menace sera complètement levée. L'écologiste Marine Tondelier a affirmé à la sortie de la réunion à l'Elysée que "s'il ne nomme pas quelqu'un de gauche et écologiste, ça finira par une dissolution parce que ça ne marchera pas" et que Emmanuel Macron "continue de nous faire perdre du temps". "S’il renomme, comme il a l’intention de le faire, quelqu’un de la majorité qui n’est plus majoritaire, ça se terminera comme les fois précédentes, a-t-elle ajouté.
17:12 - "A priori pas de dissolution"
Laurent Panifous, président du groupe Liot à l'Assemblée nationale, a fait une déclaration à la sortie de la réunion avec Emmanuel Macron. "À priori pas de dissolution, mais une nomination d’un Premier ou d'une Première ministre dans les prochaines heures, le 49.3 est sur la table, la question des retraites aussi", a-t-il dit.
16:13 - Marine Le Pen réclame une nouvelle dissolution
À l'occasion d'une visite aux airs de campagne présidentielle ce vendredi 10 octobre au congrès national des pompiers au Mans, Marine Le Pen a dit trouver le spectacle politique actuel déplorable, affligeant, désespérant, pathétique". Elle a de nouveau réclamé la dissolution de l'Assemblée nationale et critiqué les partis politiques "qui veulent à tout prix échapper à l'élection, qui sont prêts à toutes les compromissions, tous les abandons, pour ne pas subir la sanction des électeurs. L'élection, c'est le pilier de la démocratie", a-t-elle lancé face aux journalistes présents sur place.