Bayrou face à la censure : qui vote la motion du mardi 1er juillet ?

Bayrou face à la censure : qui vote la motion du mardi 1er juillet ? François Bayrou et son gouvernement feront face ce mardi à une motion de censure déposée par le Parti socialiste. Qui va la voter ? Quelles sont ses chances d'aboutir ? On fait le point.

Après l'échec du conclave sur les retraites, le PS a déposé une motion de censure contre le gouvernement. Elle sera examinée le mardi 1er juillet à l'Assemblée nationale. Les députés socialistes reprochent notamment à François Bayrou d'avoir refusé de déposer un projet de loi sur les retraites permettant au Parlement de "débattre de tout", y compris du retour à un âge de départ fixé à 62 ans. "Nous souhaitons que François Bayrou ne soit plus premier ministre, et qu'il y ait un véritable changement, que nous trouvions un interlocuteur à Matignon", lançait Olivier Faure sur LCI ce dimanche. Concernant le budget 2026, "s'ils ne bougent pas, nous ne bougerons pas" non plus, a lancé le Premier secrétaire du parti.

Alors, Bayrou partira, partira pas ? Une chose est sûre, la motion sera votée par les groupes de gauche, les Insoumis et les Ecologistes. Manuel Bompard, coordinateur de LFI estimait ce week-end que l"urgence" était "de faire tomber ce gouvernement", dès mardi. Ce dernier promettait une motion de censure depuis le 18 juin mais cherchait des élus volontaires pour la signer. La plupart des députés insoumis a déjà signé le maximum de motions de censure autorisé au cours de la session ordinaire, le parti devait donc compter sur les alliés de gauche, notamment les élus du PS. C'est désormais chose faite. 

Le RN maître du jeu face au gouvernement Bayrou

Un vote unanime, ou presque, des 192 députés de gauche pour le renversement de François Bayrou est donc possible, mais il ne suffira pas à avoir les 289 voix nécessaires à une censure. Ce sont les votes des 124 députés du Rassemblement national (RN) qui décideront du sort du Premier ministre. C'est d'ailleurs cette même combinaison des voix de gauche avec celles de l'extrême droite qui avait coûté la vie au gouvernement Barnier en décembre 2024. Mais voilà, le RN assurait jusqu'à peu qu'il ne censurerait pas le gouvernement avant le vote du budget, repoussant donc l'échéance à la rentrée prochaine. L'hypothèse selon laquelle le Béarnais se verrait exclu de Matignon perd donc en crédit. 

Une analyse partagée par l'ex-président de la République, François Hollande. Ce dernier a annoncé voter la censure qui sera examinée ce mardi, en fin de journée, dans la chambre basse du Parlement. Toutefois, il voit ce texte uniquement comme un "coup de semonce", le Rassemblement national ayant refusé de s'y associer. Invité des "4 Vérités" sur France 2 ce lundi, Jean-Philippe Tanguy - député RN de la Somme - s'est justement exprimé sur cette motion de censure, sur le positionnement du parti à la flamme, sans oublier de tacler au passage l'ancien chef de l'Etat.

D'après lui, voter une telle motion "ne sert à rien". "Imaginons que nous votions la censure et que monsieur Bayrou parte. Que se passerait-il ? Rien, pour les Français", lance-t-il. Il poursuit : "S'il suffisait de voter la motion de censure pour remettre la retraite à 62 ans, je voterais avec les deux mains et mon groupe aussi. Ils (les socialistes) essaient de régler leur compte, de faire oublier qu'ils ont allongé la durée de cotisation, d'ailleurs avec François Hollande, quand celui-ci était au gouvernement", a-t-il également déclaré. 

En revanche, une éviction à l'automne est désormais une option plus que plausible. "Les premières pistes évoquées par M. Bayrou pour son prochain budget me font dire qu'il emprunte le même chemin que son prédécesseur", a averti la cheffe de file des députés RN, Marine Le Pen, dans un entretien accordé à Valeurs actuelles, le 25 juin dernier. 

Alors, pour barrer la route au RN, le PS pourrait-il renouer avec LFI ? À n'en pas douter, selon Olivier Faure. "S'il y a une menace d'extrême droite, et que la seule façon d'interrompre la progression de l'extrême droite, c'est de reconstituer un accord avec l'ensemble de la gauche, je le ferai (...) parce que je crois que nous le devons à nos concitoyens, ce serait trop grave d'avoir aujourd'hui un Trump miniature à Matignon", concède-t-il. Au micro de RMC, le député LFI de Paris, Rodrigo Arenas, estime que le RN est le "principal soutien du gouvernement", et non pas son "premier opposant", comme il "se présentait". "Il ne vote une motion de censure que quand il n'y a pas de risque (...) C'est peut-être une façon de protéger les intérêts de Marine Le Pen", poursuit-il.