En cas de guerre, la France et le Royaume-Uni ont une nouvelle stratégie, la bombe nucléaire concernée
La guerre en Ukraine et l'élection de Donald Trump à la Maison Blanche ont rebattu les cartes. Dans un contexte militaire bouleversé en Europe, Paris et Londres s'apprêtent à valider un accord historique. En effet, Emmanuel Macron et le Premier ministre britannique Keir Starmer vont signer ce jeudi 10 juillet 2025 une déclaration qui "affirmera pour la première fois que les moyens de dissuasion respectifs des deux pays sont indépendants, mais peuvent être coordonnés". En cas de "menace extrême", la doctrine de la France et du Royaume-Uni va donc évoluer pour protéger l'Europe.
Face à l'incertitude concernant l'engagement de Washington vis-à-vis de leurs alliés européens de l'OTAN, Paris et Londres souhaitent se muer en nouveaux leaders de défense du vieux continent. Si pour l'heure, aucune menace ne semble nécessiter une réponse conjointe des deux Etats et que la souveraineté de chacun demeure quant à la décision d'utiliser l'arme nucléaire, "tout adversaire menaçant les intérêts vitaux du Royaume-Uni ou de la France pourrait être confronté à la puissance des forces nucléaires des deux nations", assurent les deux pays.
D'après la présidence française, "un groupe de supervision nucléaire", coprésidé par l'Élysée et le Cabinet Office britannique, sera chargé de "coordonner la coopération croissante dans le domaine de la politique, des capacités et des opérations". Avec cette nouvelle alliance, le "partenariat" entre la France et le Royaume-Uni passe "à un niveau supérieur", se réjouit Keir Starmer.
De nouveaux moyens pour l'Europe hors de l'OTAN
Depuis la déclaration conjointe dite de "Chequers" en 1995, les deux seules puissances nucléaires en Europe occidentale n'avaient pas fait évoluer le principe encadrant leur coopération en matière de dissuasion selon laquelle : les deux pays "n'imaginent pas de situation dans laquelle les intérêts vitaux de l'un des deux pays (...) pourraient être menacés sans que les intérêts vitaux de l'autre le soient aussi", mais sans évoquer la réponse mobilisée en cas de menace. Désormais, le discours a bien changé et se veut plus offensif. La visite de trois jours du président français au Royaume-Uni atteste également du rapprochement entre les deux Etats et de leur volonté de coopération accrue.
Dans les faits, la "Force conjointe" (CJF) prendra la suite de la Force conjointe expéditionnaire (créée en 2010). Cette CJF fournira des structures de commandement qui manquent aux Européens, hors de l'OTAN. Elle permettra également d'améliorer la coopération pour la détection et l'attribution des attaques cyber ou informationnelle et de coordonner leurs sanctions le cas échéant, notamment contre la Russie. L'accélération du programme conjoint de missiles de croisière Scalp/Storm Shadow et le lancement de la "nouvelle phase" de leur projet conjoint de futurs missiles de croisière et de missiles antinavires (FMC/FMAN), pourraient également être annoncés rapidement.
Ce jeudi 10 juillet, Emmanuel Macron et Keir Starmer président justement un sommet bilatéral à Downing Street dans la matinée. Des détails pourraient y être annoncés. Une conférence de presse devrait également avoir lieu dans l'après-midi (16h15, heure de Paris, selon les informations de BFMTV), en présence des deux dirigeants. Elle devrait se dérouler à Northwood - centre de commandement des opérations militaires britanniques - et base de l'OTAN.