ALD, cures thermales, remboursements… Ce qui est visé par les économies prévues dans les dépenses de santé

ALD, cures thermales, remboursements… Ce qui est visé par les économies prévues dans les dépenses de santé Dans un entretien au Monde, la ministre Catherine Vautrin a précisé ce qui est visé dans les dépenses de santé par les économies voulues par le gouvernement.

"Il faut arrêter avec cette idée que l'Assurance-maladie, 'c'est gratuit, j'y ai droit'", affirme Catherine Vautrin, la ministre du Travail, de la Santé, des Solidarités et de la Famille, dans les pages du Monde ce samedi 26 juillet. Elle précise les du gouvernement pour trouver 5,5 milliards d'euros d'économies dans la santé. "Si nous ne faisons rien, nos dépenses de santé augmenteront mécaniquement l'année prochaine de près de 10 milliards d'euros du fait du vieillissement de la population et de la progression des maladies chroniques", rappelle-t-elle.

Dans le viseur de l'exécutif, les franchises médicales et participations forfaitaires, soit les sommes non remboursées au patient lorsqu'il acquiert une boîte de médicament (1 euro) ou lorsqu'il consulte un médecin (2 euros). Souvent, ces franchises ne sont pas payées directement mais déduites des remboursements futurs. Le gouvernement souhaite doubler ces sommes pour passer à un total de 100 euros par an, avec un plafond à 8 euros maximum par mois payé par le malade.

Catherine Vautrin ajoute que ces franchises seraient payées "au comptoir", "plutôt que via le fonctionnement actuel, avec un prélèvement ultérieur que l'assuré ne voit pas". "Il ne s'agit pas du tout de culpabiliser les Français, personne ne choisit d'être malade, mais nous voulons responsabiliser les assurés", ajoute-t-elle.

"Nous voulons mettre fin aux situations de rentes économiques"

Les affections longue durée (ALD) sont également visées par les mesures budgétaires, comme annoncé précédemment par le Premier ministre, François Bayrou. La ministre précise que le gouvernement veut supprimer le "système des ALD dite 'non exonérante', soit ce statut où la prise en charge n'est pas couverte à 100 %, mais qui permet des arrêts de travail allant jusqu'à trois ans".

L'exécutif cherche également à faire des économies du côté des soins accordés aux patients. Catherine Vautrin souhaite "mettre fin aux situations de rentes économiques", soit les soins financés principalement par l'Assurance-Maladie et qui sont très rentables pour les praticiens. Elle énumère notamment la radiologie, la biologie, la radiothérapie et la dialyse. "Des baisses de tarifs s'imposent", affirme-t-elle. Sont également visées les cures thermales et les "médicaments dont le service médical rendu est faible pour les patients en ALD". La ministre souhaite "interroger le maintien [de leur] remboursement à 100%".

Une autre mesure par le gouvernement a fait l'objet de vives critiques de la part des syndicats : le prolongement des jours de carence. Aujourd'hui, un arrêt maladie est pris en charge à partir du quatrième jour. Le gouvernement souhaite que les entreprises prennent à leur charge les trois jours suivants, du quatrième au septième jour. Cette possibilité "est à l'étude et doit faire l'objet de discussions avec les partenaires sociaux". Pour rappel, selon les conventions professionnelles, certaines entreprises prennent déjà à leur charge les premiers jours de carence.

"Je défendrai une meilleure réutilisation, avec un suivi via l'intelligence artificielle, des matériels médicaux"

Un durcissement des arrêts maladie est souhaité, pour "mettre fin aux abus". Catherine Vautrin explique vouloir limiter le premier arrêt "prescrit en médecine de ville à quinze jours", précisant qu'il n'y a pour l'instant pas de limite. Elle veut ainsi une "réévaluation régulière des situations" puisque selon ses estimations, la moitié des arrêts de plus de dix-huit mois n'est "plus justifiée".

La ministre donne aussi des pistes du côté des professionnels de la santé. Elle souhaite développer "l'activité ambulatoire" dans les hôpitaux, soit des soins sur la journée sans hospitalisation, "ou encore l'hospitalisation à domicile".

"Je défendrai par ailleurs des mesures très concrètes, comme celle d'une meilleure réutilisation, avec un suivi via l'intelligence artificielle, des matériels médicaux. Pour prendre un exemple, citons le cas des appareils pour l'apnée du sommeil, dont les traitements représentent 1 milliard d'euros", a-t-elle ajouté.