Le plan de Dati face à Barnier à la législative peut lui coûter la mairie de Paris en 2026

Le plan de Dati face à Barnier à la législative peut lui coûter la mairie de Paris en 2026 Alors que la commission nationale d'investiture des Républicains a choisi Michel Barnier comme candidat à la législative partielle à Paris, Rachida Dati a maintenu sa candidature dissidente. Une stratégie qui pourrait la fragiliser pour les municipales 2026.

Les Républicains ont choisi d'investir Michel Barnier pour la législative partielle dans la deuxième circonscription de Paris, le lundi 28 juillet, mais Rachida Dati n'en a cure. Malgré l'unanimité - à une abstention près - derrière l'ancien Premier ministre, la ministre de la Culture a annoncé maintenir sa candidature pour le scrutin législatif qui doit se tenir d'ici la mi-octobre. "Je suis candidate quoi qu'il arrive dans cette circonscription" avait-elle déclaré auprès du Parisien avant même de connaître la décision du parti de la droite. La maire du XVI arrondissement de Paris, qui englobe la circonscription convoitée, dit se présenter pour contrer le "parachutage" et les ambitions personnelles de son adversaire LR : "Les Parisiennes et les Parisiens doivent comprendre que cette élection ne peut pas servir qu'à porter les ambitions présidentielles de Michel Barnier".

C'est une guerre interne qui se prépare dans les rangs des Républicains, mais l'affrontement pourrait coûter cher à la ministre de la Culture dont le véritable objectif est de briguer la mairie de Paris en 2026. En prétendant à la députation entre temps, contre un membre de sa propre famille politique, Rachida Dati risque de fragiliser la droite et de perdre des soutiens au sein de LR.

Un accord gagnant-gagnant possible ente Dati et Barnier

Son bref retour sur la scène politique nationale a donné à Michel Barnier l'envie de remonter en selle, l'occasion de la législative partielle dans la deuxième circonscription de Paris était trop belle. Le Savoyard s'est déclaré candidat dès le 15 juillet, seulement quelques jours après la décision du Conseil constitutionnel de déclarer inéligible le macroniste Jean Laussucq. Une candidature inopinée, mais largement soutenue le président des Républicains Bruno Retailleau et une CNI remaniée et favorable au ministre de l'Intérieur. D'autres poids lourds de la droite encourageaient cette candidature qui n'avait théoriquement pas de concurrence, avant l'entrée en course de Rachida Dati. L'élue parisienne n'a jamais prétendu à la députation, mais s'est sentie agressée par l'arrivée d'un gros poisson de la droite sur son territoire.

Rachida Dati pourrait pourtant tirer profit de la candidature de Michel Barnier. Avec son bagage politique et sa popularité, l'ancien ministre semble en mesure de faire passer cette circonscription sous la bannière de la droite comme voulu par la ministre de la Culture. En cas de victoire à la législative, une candidature à la mairie de Paris aurait peu d'intérêt pour Michel Barnier : il serait contraint de choisir entre l'Assemblée et la maire - le cumul de mandats parlementaires et exécutif étant interdit - et quitter son siège de député après seulement quelques mois le ferait passer pour un élu peu fiable. L'élection de Michel Barnier en tant que député, devrait donc théoriquement laissé la voie libre à Rachida Dati pour la mairie de Paris. 

Cette répartition des tâches est d'ailleurs le scénario souhaité par LR. "Michel Barnier à l'Assemblée nationale est une parole forte qui nous sera utile (…), Rachida Dati est notre candidate légitime pour Paris", a même déclaré Valérie Pécresse devant la CNI lundi soir. Le patron de la droite a chargé la sénatrice et cheffe de la fédération LR à Paris, Agnès Evren, de mener les discussions avec Rachida Dati pour la convaincre de cette stratégie dans l'objectif de "gagner les municipales de 2026".

Dati risque de perdre la législative et la municipale

Le calcul de Rachida Dati interroge du fait du cumul des mandats. Si elle gagne la législative à Paris, elle ne pourra pas siéger du fait de sa fonction de ministre et devra céder sa place à un suppléant. Par ailleurs son mandat ne durera que quelques mois puisque jamais la politique ne renoncera à son ambition de devenir maire de Paris. Or, elle sera confrontée à la même interdiction de cumuler un mandat de députée avec celui de maire.

Alors pourquoi la ministre s'entête-t-elle à affronter Michel Barnier ? Par crainte de le voir gagner en popularité ? Rachida Dati estime être la mieux placée pour remporter le scrutin législatif. Un sondage commandé par le camp présidentiel et réalisé par l'Ifop entre le 17 et le 21 juillet lui donne effectivement l'avantage, mais aucune garantie. L'étude, qui teste un scénario sans candidat du camp présidentiel, donne la ministre en tête avec 33% des intentions de vote, juste devant le bloc de la gauche uni (30%) et Michel Barnier (28%). Des chiffres qui prouvent que la candidature LR, déjà forte, serait plus assurée de l'emporter en cas de candidature unique à droite, que ce soit celle de la Parisienne ou du Savoyard. Le parti craint justement qu'une double candidature de la droite fasse gagner la gauche : "Si Dati part aux législatives, la circonscription peut passer à gauche", s'alarmait lundi soir une source de Politico au sein de LR.

Quelle que soit l'issue de la législative à Paris, elle aura des conséquences sur la campagne de Rachida Dati aux municipales de 2026. En cas de victoire, son passage éclair à l'Assemblée risque d'être vu comme un caprice et de lui faire une mauvaise publicité. En cas de défaite, cela affaiblira la ministre dans son propre secteur, mais aussi dans son propre camp. "Si son objectif est la mairie, elle n'a pas marqué des points auprès de LR en partant en dissidence pour la législative", constatait dès lundi soir des LR proches de Michel Barnier.