L'Europe et la France attaquées par la Russie ? Une menace "réelle" et très proche

L'Europe et la France attaquées par la Russie ? Une menace "réelle" et très proche Le chef d'état-major des armées françaises s'est exprimé dans un magazine britannique concernant la menace russe qui pèse sur l'Europe et la France. Son avis tranché n'a rien de rassurant.

Des mots forts. Ce jeudi 31 juillet, le chef d'état-major des armées, le général Thierry Burkhard - qui quittera son poste le 1er septembre prochain - s'est exprimé dans les colonnes du journal britannique The Economist. Il évoque notamment le réarmement de la Russie, qui pourrait rapidement devenir une menace pour l'Europe, et plus particulièrement pour la France.

Selon lui, les nouvelles ne sont pas réjouissantes pour l'UE, bien au contraire. La Russie pourrait représenter une "réelle menace" militaire d'ici cinq ans. En 2030, "la Russie disposera à nouveau de moyens de représenter une menace militaire pour les pays occidentaux, et en particulier pour les pays européens", confie-t-il. L'expérience accumulée depuis le début de la guerre en Ukraine et sa capacité d'endurance confèreraient désormais à la Russie un poids considérable. Dans un conflit, le peuple russe survivra "cinq minutes de plus que nous", dit-il.

Pour se défendre face à la menace russe, l'Europe ne peut imiter l'approche "industrielle et mécanique" de la guerre américaine. Selon lui, l'enjeu pour le vieux continent doit être stratégique. L'UE doit prendre "plus de risques" et les armées européennes devront faire plus avec moins. Il assure qu'un éventuel retrait des troupes américaines ne serait pas une fin en soi et que l'Europe pourrait trouver des solutions alternatives pour assurer sa défense, par exemple en créant "une nouvelle structure de commandement". 

"La France ne peut pas lutter seule"

Toutefois, s'il loue la capacité de la France à entreprendre une nouvelle production de missiles de croisière après 15 ans d'interruption, cela ne suffira pas pour contrer la Russie et son expérience désormais décuplée depuis ces dernières années. Il illustre ce postulat avec une formule parlante : "On a besoin de Ferrari de temps en temps", mais "on ne gagnera pas la guerre avec des Ferrari". Autrement dit : la France et l'Europe, si elles devaient entrer en guerre, devront également utiliser des munitions bon marché pour "épuiser l'ennemi" comme l'indique The Economist, et pas seulement du matériel de pointe, beaucoup plus onéreux. 

La solution repose dans une stratégie hybride : utiliser des chars, de l'artillerie et des avions mais également maîtriser les nouvelles techniques de guerre, notamment avec l'apport de drones. "La victoire reviendra aux armées qui les combineront sur terre, dans les airs et en mer", assure le général Thierry Burkhard. Une chose est sûre, "la France ne peut pas lutter seule contre la Russie", concède-t-il. Si la menace russe venait à se faire plus pressante, il s'agit davantage d'une "question de dissuasion nucléaire", que "d'armes conventionnelles", explique-t-il.

Face à l'incertitude concernant l'engagement de Washington vis-à-vis de leurs alliés européens de l'OTAN, et l'éventuelle menace russe, Paris et Londres souhaitent désormais se muer en nouveaux leaders de la défense du vieux continent. Si pour l'heure, aucune menace ne semble nécessiter une réponse conjointe des deux Etats et que la souveraineté de chacun demeure quant à la décision d'utiliser l'arme nucléaire, "tout adversaire menaçant les intérêts vitaux du Royaume-Uni ou de la France pourrait être confronté à la puissance des forces nucléaires des deux nations", ont assuré les deux pays, début juillet. En d'autres termes, la France et le Royaume-Uni sont désormais prêts à "coordonner" leurs dissuasions nucléaires et à protéger l'Europe. Pour le général, "quand une crise survient", le plus important - pour la France en l'occurrence - est "d'identifier les menaces et ce qu'il faut être prêt à faire", assure-t-il.