Censure de Sébastien Lecornu : menacé de tous les côtés, le gouvernement démissionne

Censure de Sébastien Lecornu : menacé de tous les côtés, le gouvernement démissionne Menacé de censure par presque toutes les forces politique, le Premier ministre a présenté sa démissionné et celle de son gouvernement au chef de l'Etat qui l'a acceptée.

Nommé et aussitôt démissionnaire. Après avoir formé son gouvernement dimanche soir, Sébastien Lecornu a présenté sa démission et celle de son gouvernement au président de la République ce lundi matin, laquelle a été acceptée annonce un communiqué du l'Elysée. Conscient de sa faiblesse et du risque de menace qui pesait sur lui, le Premier ministre a préféré se retirer lui-même avant d'être poussé au départ dans le courant de la semaine.

Du PS à LFI, une censure unanime à gauche

Sébastien Lecornu était déjà certain de devoir faire face à la motion de censure promise par LFI depuis sa nomination à Matignon, le 9 septembre. Une position réaffirmée par le député Eric Coquerel après la nomination du gouvernement. "Il ne changera ni de politique, ni les membres de son gouvernement minoritaire depuis 2024 et encore moins son ministre de l’Intérieur qui parle de “Français de papier”", a estimé le président de la commission des Finances sur franceinfo. La motion de censure devait être déposée entre lundi et mardi, pour un vote organisé mercredi ou jeudi en fonction. LFI voulait faire de sa motion de censure, celle de la gauche puisque Manuel Bompard, coordinateur de LFI, a "proposé aux députés écologistes, communistes et même socialistes de cosigner" le texte.

Le PS semblait aussi soutenir la censure du gouvernement Lecornu. "Nous nous dirigeons tout droit vers la censure" a déclaré Olivier Faure, premier secrétaire du PS, dans Le Parisien. Le parti voulait cependant patienter jusqu'à la DPG pour, peut-être, déposer sa propre motion de censure. Pour éviter les effets néfastes de la concurrence entre LFI et le PS et maximiser les chances de réussite, Marine Tondelier proposait sur BFMTV de déposer une motion de censure signée par le parti Ecologiste afin d'unir toutes les voix de la gauche. La patronne des Verts disait avoir "pris contact avec tous les groupes pour être l’auteur d’une motion de censure unitaire, fédérative, parce qu’on ne voit pas trop quoi faire d’autre en réalité". "Aucune voix ne doit manquer" a-t-elle insisté.

Une censure soutenue par le RN (sauf surprise)

Si la censure ne faisait aucun doute à gauche, elle n'était toujours pas officialisée à l'extrême droite. Le RN répétait depuis des semaines ne pas soutenir une censure automatique et dit vouloir attendre la DPG de Sébastien Lecornu pour prendre position, mais Marine Le Pen a posé un ultimatum au début du week-end : "la rupture ou la censure". Or, la nomination du gouvernement n'avait pas convaincu le parti à la flamme qui cherche la rupture annoncée... Restait alors une seule option sur les deux avancées.

Le RN devait arrêter sa position ce lundi lors d'une réunion entre Marine Le Pen et Jordan Bardella au siège du parti à 11h et une autre avec les députés à 17h. En cas de soutien à la censure du gouvernement, le RN aurait pu déposer son propre texte ou voter une motion déposée par une formation de gauche comme il l'avait déjà fait au moment de la chute de Michel Barnier. "Je ne vois pas d'autre voie que celle de la censure" a confirmé le vice-président du RN Sébastien Chenu sur franceinfo, tandis que le député Jean-Philippe Tanguy a estime sur BFMTV que la censure était une "évidence".

Pour aboutir au renversement du gouvernement, une motion de censure doit obtenir la majorité absolue des voix des 577 députés de l'Assemblée nationale. Cela signifie que les 192 élus de gauche (LFI, Ecologistes, PCF et PS), mais aussi les 123 élus du RN doivent soutenir une motion de censure. Les voix d'autres formations, notamment de l'UDR qui est l'alliée du RN ou du groupe indépendant Liot, peuvent former une éventuelle réserve de voix pour une motion de censure.

LR de membre du gouvernement à soutien d'une censure ?

C'est un nouveau paramètre à prendre en compte. LR qui participait au gouvernement et à la coalition gouvernementale du socle commun depuis la nomination de Michel Barnier, pourrait mettre fin à cette alliance sous le gouvernement Lecornu. "Soit on demande des gages sur le fond et un réajustement de la composition du gouvernement ; soit on sort" a prévenu un proche de Bruno Retailleau à Politico. Mais si la droite est prête à quitter le gouvernement, sera-t-elle prête à le censurer ? LR s'est toujours refusé à cette option se vantant de ne pas participer à l'instabilité politique, mais la position du parti pourrait changer à la lumière des derniers éléments. En cas de soutien LR à une censure, le gouvernement Lecornu n'aurait aucune chance de tenir.

Dernières mises à jour

09:49 - Avant d'être censuré, Sébastien Lecornu a présenté sa démission et celle de son gouvernement

Le Premier ministre a présenté sa démission à Emmanuel Macron ce lundi matin, au lendemain de la nomination de son gouvernement. Le président de la République a accepté la démission. Conséquence : la France n'a plus de gouvernement, ni de Premier ministre.

08:52 - Le PS envisage la censure, mais rien n'est définitif selon Olivier Faure

"Au moment où nous nous parlons, je ne vois pas ce qui nous conduirait à ne pas voter la censure", a déclaré Olivier Faure sur France Inter ce lundi matin. Le premier secrétaire du PS indique toutefois que rien n'est encore figé en appelant le gouvernement à faire évoluer ses positions : "Je sais aussi que dans les discussions tout peut progresser, y compris dans les dernières heures". Il s'est adressé au "gouvernement" et au "président de la République" en demandant : "Sont-ils prêts ou non à changer les choses. Et effectivement à des ruptures et à renverser la table. S'ils y sont prêts, j'y suis prêt."

08:45 - La censure de Lecornu est une "évidence" pour le RN selon Jean-Philippe Tanguy

Questionné sur la possible censure du gouvernement Lecornu par le RN, Jean-Philippe Tanguy a indiqué sur BFMTV que le soutien de l'extrême droite à une censure est une "évidence" et que cella pourrait intervenir dès demain. "Il n'y a pas de rupture", a regretté le député de la Somme pour justifier la position, pas encore officialisée, du RN. Le vice-président du parti partage cet avis est estime sur franceinfo qu'il "n'y a pas d'autre chemin" que celui de la censure. L'élu a toutefois précisé que la méthode à adopter sera étudiée ce lundi lors de réunion au siège du parti.