Coronavirus dans les Ehpad : les chiffres de la tragédie qui se joue à Paris, Lyon, Nîmes Mougins...

Coronavirus dans les Ehpad : les chiffres de la tragédie qui se joue à Paris, Lyon, Nîmes Mougins... Le nombre de morts du coronavirus dans les Ehpad représente la moitié du bilan total de l'épidémie. Mais c'est en essayant de saisir ce qui se passe d'un Ehpad à l'autre que la tragédie qui s'y joue est la plus visible...

Manque de masques et de tests, prise en charge à l'hôpital à géométrie variable, moyens limités dans certains établissements... Le Monde publie ce mercredi 6 mai une enquête sur le drame du coronavirus dans les Etablissement d'hébergement pour personnes âgées dépendantes (Ehpad) dont les résidents morts représentent la moitié du bilan total de l'épidémie en France (12 769 décès sur les 25 531 en France). Le journal a interrogé familles, directeurs, soignants, médecins, qui estiment avoir mené "une guerre sans arme", sur "un front sous-estimé" par le gouvernement avec des "directives ministérielles peu claires, inadaptées" et "corrigées" trop tard.

Les Ehpad ont bel et bien traversé une situation dramatique avec l'épidémie de coronavirus et cette séquence tragique n'est pas encore terminée. L'Insee a mis en ligne plusieurs données reflétant un effroyable bilan. "Les décès survenus en établissement pour personnes âgées augmentent très fortement entre 2019 et 2020, bien davantage que les autres décès : +56% du 1er mars au 20 avril 2020 par rapport aux mêmes dates en 2019", écrivait l'Insee dans son point daté du 4 mai. Le nombre de décès déclarés comme étant survenus en maison de retraite, qui était de l'ordre de 210 par jour la première quinzaine de mars, a atteint la moyenne de 325 par jour la deuxième quinzaine de mars, et se situait aux environs de 490 décès par jour les dix premiers jours d'avril, avant de retomber à 390 par jour du 10 au 20 avril écrit encore l'Insee.

La situation est particulièrement dramatique en Île-de-France avec un accroissement des décès survenus entre le 1er mars et le 20 avril 2020 de +249% (contre 95% globalement), soit un nombre de décès multiplié par plus de 3 par rapport à la même période en 2019. Dans le Grand Est, autre région très touchée par le coronavirus, cette augmentation a été chiffrée par l'Insee à +108% en établissement (contre +60% globalement). Les points épidémiologiques hebdomadaires de Santé Publique France, font les mêmes constats chaque vendredi.

Selon le dernier bilan de ce 6 mai 2020 au soir, 71 548 cas de coronavirus ont été recensés dans les établissements médico-sociaux (EMS) et d'hébergement pour personnes âgées dépendantes (Ehpad) depuis le début de l'épidémie, soit 34 507 cas confirmés auxquels il faut ajouter 37 041 cas 'probables'. Un décompte particulier, basé uniquement sur les symptômes, qu'a décidé de communiquer Santé publique France depuis le début du mois d'avril. 9572 résidents d'Ehpad sont morts du Covid-19 au sein même de leur établissement. Un bilan qui monte à 12 958 décès si on y ajoute les résidents d'Ehpad qui ont succombé après avoir été transférés à l'hôpital. Les résidents des Ehpad représentent une large part des 25 809 morts recensées au total en France depuis que le coronavirus y a fait son apparition. Si on se penche un instant sur la progression du nombre de décès en 24 heures, les Ehpad représentent 101 morts sur 278 décès de plus au total depuis la veille sur l'ensemble du bilan. En nombre de cas, les Ehpad représentent 399 cas confirmés supplémentaires en une journée sur 4183 cas confirmés de plus au total.

Nombre de cas de coronavirus et de décès dans les Ehpad : les chiffres

Dans les Ehpad, c'est la crainte d'une véritable hécatombe qui pointe depuis la mi-mars. Le lundi 13 avril, à quelques heures de allocution d'Emmanuel Macron sur le coronavirus et le prolongement du confinement, treize élus et responsables de la santé dénonçaient dans une tribune au Monde une "indifférence morbide" menaçant la vie des résidents de ces établissements. Alors que la canicule de 2003 avait fait 19 000 morts chez les personnes âgées, "il y a fort à parier que lorsque l'épidémie sera derrière nous, on se rendra compte que la plupart des personnes décédées sont mortes en Ehpad", a aussi alerté le docteur Jean-Paul Zerbib, médecin en Ehpad et président de l'Union nationale des médecins salariés CFE-CGC (UNMS), dans une interview donnée le 10 avril sur France info. Dans un courrier adressé mi-mars au ministre de la Santé, Olivier Véran, les principales fédérations du secteur (FHF, Fehap, Synerpa, AD-PA...) s'alarmaient d'une épidémie pouvant "se traduire par plus de 100 000 décès dans l'éventualité d'une généralisation". Un chiffre très nettement nuancé depuis.

 

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NB : Le nombre de décès liés au coronavirus présenté ci-dessus correspond uniquement au nombre de décès constatés dans les Ehpad. ll ne tient pas compte des milliers de résidents d'Ehpad décédés après leur transfert à l'hôpital. Le nombre de cas, lui, tient compte du nombre de cas confirmés par tests PCR et des cas dits "probables" remontés par Santé publique France sur la simple constatation des symptômes.

La remontée des données des Ehpad ayant été bâtie progressivement depuis début avril, les chiffres font régulièrement l'objet de rattrapages ou de correctifs. C'est le cas notamment le 16 avril avec un rattrapage important faisant grimper artificiellement le nombre de cas. Autre précision nécessaire : le nombre de nouveaux cas est étrangement négatif le mardi 21 avril 2020. Santé publique France a indiqué à ce sujet que "la mise en place d'un processus qualité en lien avec les ARS et cellules régionales (vérification et validation des données et amélioration de la qualité de la saisie dans les établissements) a mis en évidence une sur déclaration et surestimation des cas cumulés chez les résidents et le personnel depuis le début de la mise en place de la surveillance", entraînant "une correction".

Quels sont les Ehpad les plus touchés par le coronavirus ?

Si les données hospitalières sur le coronavirus à l'échelle départementale sont pleinement accessibles via les ressources de Data.gouv.fr, il n'en est pas de même pour les données des Ehpad. Des chiffres sont certes livrés quotidiennement par Santé publique France via les remontées des établissements médico-sociaux (EMS), mais ils sont plus difficiles à trouver au niveau régional, départemental et a fortiori dans les villes et les établissements pris séparément. Il faut le plus souvent se référer à la presse locale pour avoir un aperçu de la situation. Le bilan local présenté ci-dessous, basé en partir sur notre suivi en direct du coronavirus en France, ne peut donc aucunement être exhaustif et les données présentées sont parfois datées. Ces informations sont néanmoins indispensables pour prendre la mesure de ce qui se passe réellement dans le huis clos de ces maisons de retraite.

Quel est le bilan du coronavirus dans les Ehpad Korian ?

Le dernier bilan du coronavirus dans le groupe Korian, principale chaîne d'Ehpad à travers la France, a été livré lundi 27 avril. Il était alors de  606 décès dans ses maisons de retraite où résident 23 000 personnes. Les décès se concentraient "en Ile-de-France et en région Grand-Est", a précisé Sophie Boissard, la directrice générale du groupe, dans un entretien au Parisien. "Une quinzaine d'établissements ont subi plus d'une dizaine de décès", disait-elle encore, précisant que les "deux tiers" des 308 établissements gérés par Korian étaient alors "épargnés".

Le 10 avril, le groupe Korian, qui compte notamment l'Ehpad de Mougins, très touché, dans ses établissements, dénombrait déjà 356 victimes du coronavirus. "Chacune de ces morts est un drame individuel, un drame pour les proches bien sûr, un drame pour les équipes, les soignants qui les ont accompagnées et qui ont souvent eu l'impression que ces personnes partaient très vite, sans qu'elles aient pu mener leur vocation de soignants jusqu'au bout. Ce sont des situations vraiment difficiles" avait alors indiqué sur RTL, Sophie Boissard.

Sophie Boissard a aussi dénoncé les "attaques inqualifiables" dont sont groupe fait l'objet, notamment sur les moyens humains et matériels apportés en réponse à l'épidémie et sur la mise en place de gestes barrières. "Tous les moyens ont été mis en oeuvre partout" pour protéger les résidents, affirmait celle-ci dans le Parisien fin avril. Le numéro un européen des maisons de retraite privées a annonce quelques jours plus tard, le 30 avril, avoir porté plainte contre le quotidien Libération, jugeant diffamatoire un article "mettant en cause sa gestion de la crise épidémique Covid-19". "Dans son dossier du lundi 20 avril 2020, Libération titrait 'Ehpad les dessous d'un désastre' mettant en cause la gestion de la crise épidémique Covid-19 par Korian et affirmant de façon mensongère que Korian n'aurait rien fait, dès les signaux d'alerte, pour protéger les résidents et son personnel soignant", affirme le groupe dans un communiqué.

Nadège Plou, directrice des ressources humaines de Korian France affirmait déjà sur Europe 1 le lundi 13 avril que les règles de confinement étaient "strictement" appliquées, que le personnel est équipé de charlottes, blouses et gants. Si un membre du personnel soignant n'est pas en contact direct avec les résidents atteints du Covid-19, il porte un masque chirurgical". Dans son interview, elle expliquait également "qu'une équipe de recruteurs est chargée de renforcer les équipes d'aides-soignants afin que celles en place dans les Ehpad puissent souffler au quotidien".

Ehpad de Paris

A Paris, plusieurs Ehpad sont frappés de plein fouet par le coronavirus. Le 6 avril, la mairie de Paris a pris la décision de généraliser les tests de dépistage du Covid-19 à l'ensemble des pensionnaires des Ehpad de la capitale ainsi qu'aux professionnels de santé prenant soin d'eux.

L'Ehpad Rothschild, situé dans le XIIe arrondissement, compte 500 résidents et est l'un des plus grands de la capitale. Le dernier bilan en date faisait état de 117 résidents contaminés, soit un sur quatre en trois semaines, et de 34 morts. La semaine précédente, il y avait 19 morts. Parmi les victimes du Covid-19, Marguerite Derrida, 87 ans, psychanalyste et épouse du célèbre philosophe français Jacques Derrida. Depuis le 12 mars, après avoir déjà restreint les visites et mis en place des mesures barrières, la maison de retraite de la fondation Rothschild s'est confinée pour empêcher le virus de toucher ses occupants. Selon une dépêche de l'AFP datée du 7 avril,  joindre le secrétariat médical, ou la cellule psychologique est devenu très difficile voire impossible. Les proches peinent à prendre des nouvelles des résidents, même quand ces derniers sont atteints. "Pendant une semaine, aucun nouveau bilan dans l'établissement n'a été communiqué. La direction, sollicitée par l'AFP, n'a pas souhaité, dans un premier temps, répondre aux questions".

Elle avait communiqué début mars pour assurer que "les personnels intervenant sur un résident porteur du virus sont entièrement équipés de surblouses, masques, lunettes, et gants de protection" et que pour les suspicions de coronavirus, "des regroupements sont organisés à certains étages afin d'éviter la propagation". Pourtant, l'AFP affirmait, citant "des sources concordantes", que l'établissement faisait face début avril à une pénurie de soignants, "eux-mêmes contaminés ou qui ont exercé leur droit de retrait sous forme d'arrêts maladie" ainsi qu'à des difficultés dans l'approvisionnement en matériel. Une situation contestée par la direction.

L'Ehpad "Jardin des Plantes", situé dans le 5e arrondissement de Paris, porte déjà lui aussi un lourd bilan du coronavirus : 21 résidents sont morts depuis le 1er mars, selon les informations de France 2 rapportées le vendredi 10 avril. Sur les 83 résidents qui habitent l'établissement, 24 présentaient des symptômes du Covid-19 selon des chiffres remontés samedi 11 avril. Alors qu'une première série de tests avait révélé que 14 de ces résidents étaient positifs au Covid-19, un deuxième dépistage a trouvé 31 cas positifs parmi les résidents. En outre, 11 autres résidents présentent les symptômes du coronavirus mais ont été testés négatifs, rapportait le Parisien le 22 avril. "Je suis effondrée, la situation est extrêmement préoccupante, pour ne pas dire grave", déplorait récemment Florence Berthout, la maire ex-LR du 5e arrondissement de Paris.

Les Ehpad franciliens sont particulièrement touchés. Dès la fin mars, Frédéric Valletoux, président de la Fédération hospitalière de France, alertait déjà sur les risques importants que courraient les Ehpad franciliens. "Sur les 700 Ehpad de la région, on sait qu'il y en a entre 100 et 150 qui pourraient être touchés par le Covid-19", indiquait-il sur France Info. "On a des témoignages de situations très tendues", mais "on ne sait pas exactement quelle est la situation réelle dans les Ehpad", confiait-il. Le président de l'Agence régionale de Santé Aurélien Rousseau a livré le 10 avril un chiffrage encore plus alarmiste : "En Ile-de-France, on a près de 60% des Ehpad dans lesquels il y a au moins un cas de Covid", soit "un peu plus de 400" des 700 établissements que compte la région. Le jeudi 16 avril, alors qu'elle indiquait vouloir poursuive le dépistage massif à l'intérieur des Ehpad d'Ile-de-France, l'ARS indiquait cette fois que "la plupart des 700 Ehpad d'Ile-de-France" connaissaient déjà des cas de personnes infectées... La région Ile-de-France a indiqué mettre à disposition 500 000 masques pour les Ehpad le 28 mars.

Ehpad de Lyon et du Rhône

La situation dans les Ehpad de Lyon, la deuxième ville de France, est encore difficile à cerner. Elle a néanmoins été mise en lumière de manière inattendue le mardi 14 avril. L'humoriste Elie Semoun a publié sur son compte Instagram un message d'alerte pour son père, résident de l'Ehpad Saint-Exupéry dans le 8e arrondissement de Lyon. "Il a Alzheimer. Il n'a plus le moral parce qu'il ne nous voit plus ma soeur et moi, depuis un mois. Donc il dépérit. Mais ça vous n'y pouvez rien. Mais il est dans un Ehpad à Lyon qui a cruellement besoin de matériel : combinaisons, masques FFP2, gants, blouses, surblouses. Si vous pouvez faire quelque chose pour eux, ce serait fantastique. Et indirectement, ça aiderait tous les patients de cet Ehpad qui souffrent. Je compte sur votre générosité, moi aussi je vais le faire évidemment", a annoncé Elie Semoun, muni d'une pancarte avec l'adresse de l'Ehpad.

Au centre hospitalier gériatrique du Mont d'Or à Albigny-sur-Saône, 68 patients entre 75 et 100 ans sont morts selon un bilan communiqué le 2 mai avec parmi eux, 55 qui l'ont été à cause du Covid-19 selon les informations de France Info.

Dans l'Ehpad Vilanova de Corbas, près de Lyon, les infirmières, aides-soignantes et la directrice sont confinées "24 heures sur 24 dans l'enceinte de la maison de retraite" depuis le 18 mars dernier, rapportaient plusieurs reportages télévisés diffusés les 29 et 30 mars. Dans cet établissement, aucune infection au coronavirus n'a été détectée : une véritable "réussite", note Valérie Martin, directrice de l'établissement. Elle nuance en rappelant qu'il "faut rester humble, parce qu'en une seconde, tout peut basculer". "On sait que le virus est très rapide, donc on essaye d'être un peu plus intelligent que lui en coupant tous les circuits", poursuit-elle.

Le président de la région Auvergne-Rhône-Alpes, Laurent Wauquiez, a annoncé une série de mesures, dont une campagne de dépistage massif, avec 15 000 premiers tests prévus. A terme 81 000 résidents et 50 000 personnels seront testés. Un fonds de 20 millions d'euros constitué avec l'Agence régionale de Santé a permis l'achat de tests au laboratoire Mérieux.

Ehpad de Marseille (PACA)

L'Ehpad Les Séolanes, situé entre La Rose et Plan-de-Cuques dans les Bouches-du-Rhône compterait selon les informations de La Provence le 24 avril, 15 décès liés au coronavirus depuis le début du mois. 69 personnes seraient également porteuse du virus.

Ehpad de Toulouse (Haute-Garonne)

Alors que le CHU de Toulouse annonçait trois Ehpad touchés par l'épidémie de coronavirus début avril, le bilan s’élevait le vendredi 10 avril à 14 établissements en Haute-Garonne. "Nous n'avons pas de chiffres officiels du nombre de décès au sein de ces établissements. On sait que 14 Ehpad du département sont confrontés à une épidémie. J'ai le sentiment qu'il y a un nombre de cas en hausse de façon assez nette dans les Ehpad", expliquait mi-avril le Pr Yves Roland, gériatre au CHU de Toulouse.

Selon les informations de la Dépêche, deux infirmiers de l'Ehpad de la Cépière auraient été mises à pied pour avoir insisté auprès de la direction afin de porter des masques. La première infirmière, âgée de 53 ans, aurait tenté de convaincre la direction d'autoriser l'utilisation de masques. Selon elle, l'établissement disposait de 600 masques en stock, que le Samu leur aurait conseillé d'utiliser. Selon la direction de cet Ehpad toulousain, des "faits graves" ont motivé la décision de cette mise à pied pour les deux infirmiers. L'un des deux aurait été escorté par la police pour l'obliger à quitter l'établissement, alors qu'il était en plein service.

Ehpad de Mulhouse (Haut-Rhin)

Une aide-soignante qui travaillait dans un Ehpad de Mulhouse (Haut-Rhin) est décédée le 8 avril des suites de son infection au nouveau coronavirus. C'était alors la première fois qu'un membre du personnel d'une maison de retraite mourrait du Covid-19 depuis le début de la pandémie. Le professeur Thierry Arnaud, responsable de SOS Médecins France, indiquait le 25 mars que dans les établissements pour personnes âgées de Mulhouse, l'un des principaux foyers de l'épidémie, 30 à 40% des résidents pourraient être positifs au coronavirus.

Le même jour, Florence Arnaiz-Maumé, déléguée générale du Synerpa (Syndicat national des établissements et résidences privés pour personnes âgées) indiquait auprès du Point que les soignants étaient très inquiets dans les Ehpad, en particulier dans le Grand Est. "Nous avons entre vingt et trente établissements qui sont dans des situations critiques. Ils se trouvent dans le Grand Est, autour de Mulhouse, Colmar et Strasbourg, mais aussi dans d'autres foyers de l'épidémie, l'Oise, la Bourgogne, l'Hérault". Et d'alerter à son tour, sur la saturation des moyens dont disposent les professionnels : "Au début, on s'est dit, c'est comme la canicule. Mais là il faut tenir de six à huit semaines. Dans le Grand Est, on ne peut plus muter les patients vers les hôpitaux. Pour le 15, nous ne sommes pas prioritaires".

Du 14 au 17 avril, des tests sérologiques ont été réalisés dans 10 Ehpad volontaires du département du Haut-Rhin. Depuis, la fiabilité de ces tests a été grandement remise en question en raison d'un pourcentage important de faux négatifs et la présidente du conseil départemental a décidé de cesser cette campagne de dépistage systématique par des tests sanguins. Toutefois, les résultats de ces tests ont confirmé la situation dramatique dans les Ehpad de ce département où ils ont été menés. 1000 résidents et 900 membres du personnel de ces 10 établissements ont été testés. Pour un tiers d'entre eux, le taux de personnes ayant contracté le virus est compris entre 50 et 75%. Le deuxième tiers de ces Ehpad, rapporte France 3, compte entre 10 et 35% de cas positifs. Les 3 derniers Ehpad ont été plus épargnés, avec moins de 3% de cas positifs au Covid-19.

Le 21 avril, Brigitte Klinkert, présidente du conseil départemental du Haut-Rhin, indiquait que l'étude visait à connaître plus précisément la situation pour  "pouvoir faire revenir du lien social dans les Ehpad, tout en maintenant la sécurité sanitaire de tous, résidents, personnels et familles". "Nous ne regrettons pas d'avoir lancé ces tests. Il faut essayer d'avancer, nous avons voulu prendre nos responsabilités. Explorer toutes les pistes, pour espérer améliorer très vite le bien-être de nos personnes âgées, c'est une priorité", assurait-elle. Une subvention de 1 000 euros pourra être accordée à chaque établissement pour s'équiper en matériel de protection, précise France 3 Régions.

Ehpad de Mougins (Alpes-Maritime)

L'Ehpad La Riviera de Mougins (Alpes-Maritime) a perdu 37 résidents, morts du coronavirus selon un bilan daté de la mi-avril. A peine quelques jours plus tôt, on comptait déjà 19 morts selon un bilan établi entre le 20 mars et le 1er avril. L'Agence régionale de santé chiffrait même à 15 le nombre de décès la veille, ce qui témoigne de la rapidité de l'évolution de la mortalité sur place. Ces personnes sont des cas confirmés puisqu'elles se sont révélées positives au Covid-19, a précisé l'ARS. "Les mesures de confinement des résidents et de prévention ont été renforcées", a précisé un porte-parole de l'agence.

Le maire de Mougins a indiqué auprès de l'AFP le 2 avril que ces décès représentaient un résident sur quatre. "Ils ont fait ce qu'il faut, mais le problème est que le virus est entré là-dedans et a ravagé toutes les personnes en difficulté physique avec des comorbidités. Aujourd'hui, on n'arrive plus à freiner le système", lâchait l'édile, le Dr Richard Galy. Ce dernier, médecin généraliste, a appelé les résidents et le personnel à se faire dépister au plus vite. "De jour en jour, le nombre de personnes touchées a augmenté ainsi que le nombre de morts. C'est quelque chose d'apocalyptique, c'est une hécatombe", a-t-il déclaré à l'Agence France-Presse. Quatre familles de résidents de l'Ehpad de Mougins ont décidé de porter plainte contre X pour homicide involontaire, non-assistance à personne en danger et mise en danger d'autrui. "Ces infractions ont causé aux plaignants de lourds préjudices moraux. Dépourvus d'information sur l'état de santé des membres de leur famille, ils ont été particulièrement choqués d'apprendre le nombre considérable de contaminations par la presse locale", détaille l'avocat des familles, Me Fabien Arakelian.

Une autre plainte a été déposée par la mairie. Une enquête préliminaire visant l'Ehpad de la Riviera a été ouverte pour les "chefs d'homicides involontaires et d'omission de porter secours à personnes en péril", peut-on lire dans le communiqué de la procureure de Grasse, cité par 20 Minutes le 21 avril. Cette enquête devra "identifier les violations éventuelles aux obligations de sécurité et de prudence" au sein de l'établissement.

Ehpad de Pont-de-Veyle (Ain)

Un établissement de l'Ain comptabilisait 33 morts du coronavirus depuis le 18 mars selon des informations du Progrès jeudi 16 avril. "Si l'établissement qui n'avait jusque-là pas informé les familles a tendance à minimiser, les registres de la mairie sont formels", écrivait le journal. Les décès ont été enregistrés au "Centre hospitalier Ain Val-de-Saône, qui abrite notamment l'Ehpad de Pont-de-Veyle", poursuite le Progrès. "Bien que non testés pour la plupart, une bonne partie de ces patients et résidents présentaient des symptômes compatibles avec le Covid-19". L'Agence régionale de santé suspecte ainsi un foyer infectieux. Des tests ont été entrepris dans 18 Ehpad de l'Ain, dont les résultats ne sont pas encore connus.

Ehpad de Valdoie (Territoire de Belfort)

Alors que tous les résidents de l'Ehpad de la Rosemontoise à Valdoie, dans le territoire de Belfort, ont fait l'objet d'un test de dépistage du coronavirus, l'établissement enregistrait lundi 27 avril 32 décès parmi ses résidents et son personnel soignant depuis le début de l'épidémie. Dans cet Ehpad, le précédent bilan, remontant à début avril faisait état de 17 résidents décédés à cause du covid-19. "Un bilan provisoire dramatique qui pourrait s'alourdir puisque 23 personnes présentent à ce jour des symptômes du coronavirus", indiquait alors France Bleu. 

Une aide-soignante de 52 ans de l'Ehpad est décédée après plusieurs semaines dans un service de réanimation avait déjà indiqué le vendredi 24 avril la maire de cette commune sur Facebook. "Les personnels de cet établissement ont été exposés au virus et contraints à s'occuper des résidents de cette maison de retraite sans équipement pour se protéger", a-t-elle déploré.

Ehpad de Thise (Doubs)

L'Ehpad de Thise (Doubs) a dénombré 25 décès, vraisemblablement à cause du Covid-19 indiquait l'AFP le 1er avril. Avec ces 25 décès dans l'Ehpad de Thise, ce sont plus d'un quart des 80 résidents, d'une moyenne d'âge de 88 ans, qui sont morts depuis la détection des premiers cas le 5 mars.

Ehpad de Nîmes (Gard)

Au moins 22 patients sont décédés du coronavirus dans l'Ehpad de Serre-Cavalier à Nîmes selon les informations de France Bleu Gard Lozère le 2 mai. Certaines personnes indiquent que le chiffre pourrait monter à 30. La direction de l'hôpital promettait alors de dresser un bilan complet pour enrayer l'épidémie à l'intérieur de l'établissement.

Mars-la-Tour (Meurthe-et-Moselle)

L'Ehpad de Mars-la-Tour, dans le Grand Est, comptabilise 22 décès sur 51 résidents depuis le début du mois selon un bilan livré le 20 avril. Comme le rapporte Le Monde, l'Ehpad lorrain connaît un drame sans précédent. Il y a quelques jours, le centre hospitalier de Nancy avait effectué des tests dans cet Ehpad : 26 résidents étaient positifs, au Covid-19, 19 agents du personnel avaient également contracté le virus. Selon l'Agence régionale de santé interrogée alors, le bilan n'était pourtant pas catastrophique lors de la première alerte. L'évolution aura été radicale.

Désormais, 80% des résidents ont été testés positifs, selon France 3. Le transfert des patients est envisagé après ce dépistage massif. "Le personnel soignant fait ce qu'il peut" expliquait le 15 avril Françoise Jacques, maire et présidente du conseil d'administration de Saint-Dominique pour Le Républicain Lorrain, qui voit en moyenne deux résidents mourir tous les deux jours. Lorsque le gouvernement a annoncé la fermeture des Ehpad et l'interdiction des visites, le 6 mars dernier, Stéphanie Rémiatte, la directrice a appliqué ces consignes. Aujourd'hui, près de la moitié des résidents de cette institution sont décédés, a priori à cause du coronavirus. Ces 22 résidents n'ont pas eu l'occasion de revoir leur famille avant de mourir. Un "processus de deuil complètement chamboulé" selon les mots de la directrice de l'Ehpad. "Vous vous rendez compte, elles n'ont pas vu leurs proches, père, mère, où grands-parents. En fait, ils nous ont tous quittés en cercueil, devant nous, sous nos yeux ébahis," a-t-elle confié à France 3

Ehpad de Cornimont (Vosges)

Le lundi 23 mars, la préfecture et l'Agence régionale de santé (ARS) du Grand Est ont confirmé 20 décès "en lien possible" avec le coronavirus dans un Ehpad des Vosges. Il s'agirait de l'établissement Le Couarôge, à Cornimont. Un Ehpad de 164 places d'hébergement. La direction a refusé de confirmer l'information revoyant vers la préfecture selon Le Monde.

Tournan-en-Brie, Mée-sur-Seine (Seine-et-Marne)

Le Parisen a fait mention le 21 avril du décès d'une aide-soignante et d'une vingtaine de résidents de l'Ehpad La Ferme du marais, géré par le groupe Korian, au Mée-sur-Seine. Lydie Difoukidi, une aide-soignante de 51 ans employée de cet établissement, est décédée dimanche soir. Elle était hospitalisée depuis le 29 mars au centre hospitalier Sud francilien à Corbeil-Essonne. Selon les sources du Parisien, au moins 400 résidents d'Ehpad seraient décédés des suites du Covid-19 en Seine-et-Marne, tandis que les données de Santé Publique France comptent à ce jour 380 décès au total dans l'ensemble du département.

Les décès se sont accumulés aussi en moins d'une semaine dans un Ehpad de Tournan-en-Brie. Le directeur de cet Ehpad Dominique Peljak, qui est aussi le dirigeant du Groupe Hospitalier Sud Ile-de-France (Melun/Brie-Comte-Robert), a annoncé le triste bilan jeudi 9 avril au soir : 17 morts. Pour freiner les risques de contagion, "l'envoi régulier de masques et de solutions hydroalcooliques à l'EPGT depuis Melun, effectif depuis quinze jours, va se poursuivre. Les protocoles de désinfection et de bonnes pratiques par le praticien hygiéniste de Melun sont mis à jour", a-t-il assuré à l'époque.

Romanèche-Thorins (Saône et Loire)

Le maire de Romanèche-Thorins, Maurice Cochet, a tiré la sonnette d'alarme ce lundi 13 avril après la mort de 18 personnes, probablement du coronavirus, dans l'Ehpad de sa commune, l'Ehpad des Marronniers : "Entre le 1er janvier 2019 et le 6 avril 2019, il y avait eu 7 décès à l'Ehpad, dont un seul en mars. Entre le 1er mars 2020 et le 6 avril 2020, il y a eu 16 décès, plus deux autres, deux jours plus tard, le 8 avril, ce qui fait en tout 18 décès entre le 1er mars 2020 et le 8 avril 2020. Je ne dis pas que c'est le Covid-19 qui a causé tout ça, mais on peut se poser des questions" explique le maire pour France Bleu.

Ehpad de La Verpillière (Isère)

L'Ehpad "Les Piboles" de La Verpillière (Isère) a dénombré 17 décès du coronavirus  rapportait Le Dauphiné Libéré le lundi 13 avril. Des décès qui s'accélèrent également dans cet établissement puisque 9 résidents étaient décédés selon l'AFP le 1er avril. Les 9 décès avaient déjà été enregistrés en seulement 4 jours. L'Ehpad de La Verpillière comptait 64 résidents. L'établissement devait bénéficier prioritairement de la "vaste opération de dépistage" annoncée lundi 13 avril par le ministre de la Santé. Joint il y a quelques jours par le Dauphiné, le directeur de l'établissement, Arnaud Fouët, déclarait percevoir "un sentiment de vague décélération" tout en étant conscient que la "crise" se poursuivait.

Ehpad de Mehun-sur-Yèvre, Sury-en-Vaux et Boulleret (Cher)

Selon un bilan de l'Agence régionale de santé (ARS) Centre-Val de Loire le 28 avril, trois Ehpad du département du Cher, où le coronavirus a circulé, ont totalisé plus de 40 décès parmi leurs résidents : 16 morts à l'Ehpad de Mehun-sur-Yèvre, 14 à celui de Sury-en-Vaux et 12 à Boulleret. "Ce sont les établissements les plus touchés du Cher mais il est trop tôt à ce stade pour savoir pourquoi ces établissements ont plus de décès que d'autres", a précisé l'ARS.

Ehpad de Saint-Dizier (Haute-Marne)

Sur l'antenne de BFMTV le 24 mars, la maire de Saint-Dizier, commune de Haute-Marne indiquait que "16 personnes âgées sont décédées des suites du Covid-19" dans deux maisons de retraite de la ville qu'elle administre.

Ehpad de Vernon (Eure)

L'hôpital dont dépend l'Ehpad Auguste Ridou de Vernon, dans l'Eure, a indiqué le 24 avril dans un communiqué que 15 pensionnaires sont décédés du coronavirus depuis le début de la pandémie. Toujours selon le communiqué, 38 résidents sur 107 dépistés ont été déclarés positifs au coronavirus. La directrice de l'Agence régionale de santé (ARS) de Normandie, Christine Gardel, a indiqué que cet Ehpad, qui compte 117 pensionnaires, avec une moyenne d'âge de 90 ans, était "suivi attentivement".

Ehpad de Lempdes (Puy-de-Dôme)

L'Ehpad Louis-Pasteur de Lempdes (Puy-de-Dôme), est aussi touché par le coronavirus. Sept décès y ont été recensés entre le 23 mars et le 1er avril. Un bilan qui a plus que doublé depuis puisqu'un communiqué faisait état de 15 morts le mercredi 15 avril. Le Dr Jean-Michel Calut, généraliste correspondant de l'établissement de 77 lits, disait craindre d'autres décès début avril. Il faisait alors état de 19 suspicions de contamination et de trois pensionnaires dont l'état général était très altéré. L'ensemble du personnel et des résidents de cet établissement ont été testés. Les résultats ont révélé que 24 patients étaient positifs dont 16 ne présentant pas de symptômes. "La propagation a eu lieu malgré un engagement quotidien et sans faille des équipes de l'Ehpad, qui ne ménagent pas leurs efforts depuis plusieurs semaines déjà, et respectent strictement les mesures de protection", expliquait le communiqué.

Ehpad de Salbris (Loir-et-Cher)

Parmi les 92 résidents de l'Ehpad "de Coinces", à Salbris (Loir-et-Cher), 14 sont décédés "en lien possible" avec le coronavirus (Covid-19), a affirmé la préfecture le 15 avril. Cet Ehpad est particulièrement surveillé et pour cause : le directeur ainsi que sept salariés ont été contaminés par le coronavirus après un dépistage massif. Dix-neuf résidents ont également fait l'objet d'une surveillance renforcée. Le 28 mars, l'agence régionale de Santé du Centre Val de Loire rapportait déjà 10 décès. Le communiqué précisait alors : "En dépit de l'engagement du personnel soignant et du volontarisme de son équipe de direction, nous avons le regret de confirmer, à ce jour, 10 décès en lien possible avec le Covid-19 (…) En outre, un résident et 5 agents de l'Ehpad dont son directeur ont été confirmés Covid-19."

Ehpad de Lezoux (Puy-de-Dôme)

L'ensemble des résidents et des salariés de l'Ehpad de Lezoux, dans le Puy-de-Dôme, ont été dépistés selon des informations du journal La Montage et de France 3 le 21 avril. Parmi les 83 résidents, 31 ont contracté le coronavirus. 12 des résidents de cet établissement sont décédés, et tous ceux qui ont été testés positifs ont été confinés dans leur chambre, y compris les 17 résidents qui étaient considérés comme des porteurs asymptomatiques. Parmi les 60 salariés de cet Ehpad, qui ont été testés également, 22 ont eux aussi contracté le Covid-19.

Ehpad de Six-Fours (Var)

L'Ehpad des Charmettes, à Six-Fours, a été impacté de manière conséquente par le coronavirus. Depuis le début de la crise sanitaire, Var Matin rapportait le lundi 13 avril que 12 pensionnaires sont décédés des suites du Covid-19. "La vie est défigurée par la maladie dans l'établissement. Le fonctionnement est drastiquement repensé mais nous continuons malgré tout à mettre de la vie pour ne pas avoir trop de syndromes de glissement et égayer le quotidien des pensionnaires", indiquait Frédéric Besançon, membre de la direction de l'établissement six-fournais.

Ehpad de Martigues (Boûches-du-Rhône)

À l'Ehpad "Les Oliviers de Saint-Jean", à Martigues, 25 cas de coronavirus ont été détectés parmi les résidents selon des chiffres communiqués le 24 avril, 10 sont décédés, et plus de 10 soignants ont contracté le Covid-19, dont un se trouvait entre la vie et la mort, rapportait La Provence ce jour-là, qui a recueilli les informations du docteur Sciara, coordinateur du centre Covid d'Istres et président du Groupement istréen des professionnels de santé.

Un autre établissement d'hébergement des personnes âgées de Martigues qui a été frappé par l'épidémie de coronavirus. À l'Ehpad "Les Opalines", 6 résidents sont décédés des suites du Covid-19, dix ont été contaminés, ainsi que dix membres du personnel soignant selon des informations dates du 28 avril.

Villeneuve-de-Berg (Ardèche)

Un Ehpad de Villeneuve-de-Berg a déploré 10 morts des suites du Covid-19 en l'espace de dix jours. Six autres pensionnaires ont été hospitalisés", indiquait le Parisien et l'AFP le 29 mars. Cet Ehpad de 80 pensionnaires avait décidé dès le 15 mars de "confiner jusqu'à nouvel ordre l'ensemble de ses résidents dans leurs chambres individuelles, y compris durant les temps de repas". La direction promettait "vigilance maximum" et "surveillance constante" des plus fragiles,  mais reconnaissait n'avoir pu "empêcher l'arrivée d'un épisode aigu à partir du 18 mars avec un premier décès". Elle indiquait depuis que la situation s'était "stabilisée".

Ehpad de Pacy-sur-Eure (Normandie)

Jérôme Triquet, directeur de l'Ehpad de Pacy-su-Eure, a fait le point sur son Ehpad le 16 avril auprès de Paris-Normandie. Le constat est douloureux, comme pour une majorité des Ehpad de la Normandie. À Pacy-sur-Eure et depuis le 31 mars (date du premier décès), 9 décès liés au coronavirus étaient à déplorer, 34 cas étaient confirmés. La bonne nouvelle provenait des guérisons, quatre au total.

A la mi-avril, un tiers des Ehpad de Normandie avaient déclaré au moins un cas de Covid-19. Pour lutter contre la propagation du virus dans ces établissements, l'Agence régionale de santé a décidé de renforcer son dispositif et a fait appel à l'armée pour les approvisionner et "mettre à disposition un kit de prélèvement avec des surblouses, des lunettes, des masques ou encore des surchaussures".

Ehpad d'Aubusson (Creuse)

Plusieurs résidents ont été testés positifs au Covid-19 à l'Ehpad du Mont (Aubusson), indiquait France Bleu le 25 avril et 7 morts étaient à déplorer le 2 mai. Ce sont précisément deux résidents et deux membres du personnel qui ont été testés positifs les premiers au coronavirus. Les tests sont encore en cours. Des dépistages de l'Ehpad de la Croix Blanche et du Chabanou ont également été demandés après la détection d'un cas positif d'un agent. Dans le département, le bilan était de onze morts depuis le début de la pandémie le 2 mai.

Ehpad de Sillingy (Haute-Savoie)

Le directeur de l'Ehpad de Sillingy, en Haute-Savoie, a fait savoir auprès de l'AFP le 24 mars que 7 personnes âgées de son établissement venaient de mourir des causes du coronavirus. Le directeur lançait alors un appel à toutes les structures en France : "J'adresse un message à tous les Ehpad: ce n'est pas du tout comme une grippe, il faut confiner encore plus nos résidents pour ne pas laisser ce virus extrêmement contagieux se propager. Sinon, nous courons à la catastrophe. Il faut tout faire pour empêcher le virus de pénétrer dans nos établissements, confiner encore plus".

Ehpad de Tours (Indre-et-Loire)

L'Ehpad du Parc à Chambray-lès-Tours était dans une situation "explosive" le 10 avril rapportait alors France Bleu, après l'envoi en renfort de professionnels de l'hôpital de Tours. La résidence privée (gérée par le groupe Orpéa) comptabilisait alors 5 résidents décédés à la date de jeudi 9 avril au soir, 26 résidents symptomatiques dont une vingtaine testés positifs, toujours selon les informations récoltées par France Bleu face à l'absence de communication du groupe privé. Notons également qu'une dizaine de salariés ont été testés positifs.

Ehpad de Louveciennes et la Celle-Saint-Cloud (Yvelines)

L'Ehpad Le Cœur volant à Louveciennes (Yvelines) dénombrait 5 morts avec des symptômes du Covid-19 selon un bilan remonté début avril. Plus récemment, le 13 avril, on a appris le décès de la médecin-coordonnatrice de la Villa d'Epidaure, Ehpad à La Celle-Saint-Cloud. Celle-ci est décédée après un mois de lutte contre le coronavirus. Âgée de 61 ans, comme le rapporte Le Parisien, elle avait été hospitalisée un mois plus tôt, et laisse derrière elle deux filles de 19 et 23 ans.

Ehpad de Mauguio (Hérault)

Le 24 mars, Le Monde rapportait 3 décès officiellement liés au coronavirus à l'Ehpad des Aiguerelles à Mauguio (Hérault). "Quatre autres résidents sont morts sans être testés mais avec les symptômes de la maladie", indiquait aussi le Monde qui donnait d'autres chiffres très préoccupants : "Vingt-neuf pensionnaires sur 78 au total sont porteurs du virus ainsi que six soignants sur 40. La direction de l'Ephad communique avec les familles mais s'abstient de toutes déclarations publiques".

Ehpad de Nancy (Meurthe-et-Moselle)

Pour la première fois en France, la ville de Nancy a annoncé le 31 mars vouloir dépister automatiquement tous les agents et résidents d'un Ehpad municipal. 114 résidents et 90 agents devaient être testés pour le coronavirus, a annoncé le maire, Laurent Hénart. Un nouveau dépistage était annoncé "dans dix jours".

Ehpad de Lille et des Hauts-de-France

Dans le centre ville de Lille, l'Ehpad Les Bateliers inquiète après la découverte de 15 cas de contamination au coronavirus à la mi-avril. Ce résultat découle d'un dépistage massif de l'établissement après la suspicion d'un cas de Covid-19. Les résidents ne sont pas les seuls touchés puisque le CHU de Lille indique également la contamination de deux personnels soignants avant de préciser que l'état de santé des malades "ne justifie pas à ce jour un transfert vers un service spécialisé de médecine".

A Roubaix, huit tablettes ont été prêtées à l'Ehpad Nouveau Monde, afin que les résidents puissent échanger avec leur famille, à distance durant cette période de confinement imposée par le coronavirus. La responsable, interviewée par le site roubaixxl.fr le 26 avril, détaille : "Inutile de vous dire la joie des résidents de se connecter avec leur famille et la notre de les voir heureux mais très souvent étonnés et curieux de découvrir leur entourage dans cette petite boîte, comme ils l'appellent. Après un apprentissage un peu laborieux, nous avons enfin réussi la mise en route cette semaine des appels en visio conversation. Le personnel de l'EHPAD est enfin opérationnel." Des chocolats Jeff de Bruges ont également été offerts aux résidents.Le 17 avril, on apprenait également que 26 soignants de l'Ehpad "La Colombe" à Roncq (près de Lille) vivaient confinés dans l'établissement avec leurs résidents. "Nous nous portons bien ! Nous prenons un bon rythme ! Nous passons des bons moments ensemble et avec les résidents !", expliquait une soignante. "Tout le monde met la main à la pâte, on tourne, on change les équipes, l'objectif est aussi de partager les métiers des autres tout en s'entraidant. (...) On veut vraiment que les résidents(es) soient heureux, pour cela on est vraiment soudés, on redécouvre des collègues qu'on ne connaissait pas bien, on est très solidaires entre nous et très respectueux de l'autre, il y a de l'écoute, de la communication et des rires", détaillait-elle.

Ehpad du Val-de-Marne

Un Ehpad du Val-de-Marne dont on ignore le nom, a eu une énorme surprise lors du dépistage massif de l'établissement selon des informations du Parisien le 23 avril. Le docteur Claude Rabatel a en effet découvert que 50 résidents ont été testés positifs au coronavirus alors qu'ils ne présentaient pas de symptômes (en plus des 25 suspectés). Une réelle "surprise" pour ce dernier. "C'est un fait totalement nouveau pour nous, avance le praticien. Jusqu'ici, on ne testait pas les résidents qui ne présentaient pas de symptômes. Désormais, cela nous permet d'isoler ces personnes asymptomatiques et de les observer avec plus d'attention. Cela va aussi nous permettre d'éviter la propagation du virus dans les locaux" expliquait le médecin.

Ehpad des Hauts-de-Seine

Une campagne de dépistage massif a commencé le jeudi 16 avril dans les Ehpad des Hauts-de-Seine, à l'initiative du conseil départemental et de l'ARS d'Île-de-France. 25 000 personnes devaient être testées pour savoir si elles étaient ou non infectées par le coronavirus, ce qui comprend les résidents et les soignants.

Ehpad de Saint-Saturnin-du-Bois (Charente-Maritime)

Après le diagnostic positif au coronavirus d'un salarié intérimaire travaillant au sein de l'Ehpad du Bois Long, à Saint-Saturnin-du-Bois, en Charente-Maritime, la direction de l'établissement a procédé lundi 27 avril au dépistage en urgence de ses résidents et de son personnel. L'Ehpad dépend du groupe Korian, qui déplore 606 décès au sein de ses établissements.

Comme le rapportait Sud-Ouest le 16 avril, le département de la Charente Maritime, avec l'ARS, a mis en place une large opération de dépistage systématique pour les résidents et les salariés de tous les Ephad du territoire. Les autorités sanitaires et le conseil départemental comptaient sur ce dispositif pour identifier les personnes qui ont besoin d'être prises en charge et celles qui doivent être isolées pour limiter autant que possible les effets du Covid-19 dans les maisons de retraite.

Ehpad de l'Aube

Selon un bilan dévoilé le 4 mai 11 Ehpad et établissements médico-sociaux de l'Aube enregistraient des cas confirmés de coronavirus parmi leurs résidents. Au total, sur les 153 décès comptabilisés dans le département, 40 concernent des personnes résidant dans un Ehpad.

Ehpad dans l'Yonne

Selon un bilan livré le 17 avril, 31 personnes sont mortes des suites du coronavirus dans les Ehpad de l'Yonne depuis le début de l'épidémie. Le département comptait alors 378 cas confirmés ou possibles de contamination. 228 membres du personnels sont soupçonnés ou positifs. L'Agence régionale de Santé avait d'abord opté pour ne pas dévoiler les chiffres comme l'expliquait France Bleu. Damien Patriat, directeur de l'autonomie à l'ARS Bourgogne Franche Comté confirmait pourtant des situations très délicates dans certains Ehpad, comme celui de Courson-les-Carrières, dans le sud de l'Yonne, touché par un premier cas de coronavirus dès le 15 mars. "C'est effectivement un établissement qui a connu un taux d'attaque important au niveau du Covid-19", concédait-il. "Les Ehpad sont avant tout des lieux de vie, des lieux collectifs certes mais l'agence régionale de santé choisit de ne pas communiquer sur les données chiffrées", soutenait-il alors.

Ehpad de Dordogne

Après de fortes suspicions de cas de coronavirus, l'Ehpad de la Coquille est le premier à avoir réalisé un dépistage massif en Dordogne a indiqué le préfet de la Dordogne, Frédéric Périssat le 16 avril. Selon le président du conseil départemental, Germinal Peiro, le personnel a également été testé. Pour ce dernier tout ceux qui ont été testés positifs étaient "porteurs sains du virus, c'est-à-dire qu'ils n'avaient aucun symptôme". Ce dernier indiquait également que deux résidents de la Coquille sont décédés du coronavirus. La directrice de l'ARS Dordogne a annoncé le 24 avril que 451 personnes avaient été testées dans les Ehpad du département depuis le début du confinement. Sur les 222 résidents, 31 sont positifs au coronavirus. Parmi eux, 25 ne présentent pas de symptômes. En tout, le département déplore 10 décès depuis le début de la crise sanitaire selon un bilan remontant au 3 mai.

Des mesures et un "plan bleu" pour les Ehpad

Le plan bleu a été déclenché dès le 6 mars 2020 par le ministre de la Santé Olivier Véran dans les les établissements médico-sociaux et les Ehpad pour faire face à l'épidémie de coronavirus. Ce plan qui renforce les mesures sanitaires en cas de crise, et qui a déjà été utilisé dans des situations de canicule, implique notamment la désignation d'un référent, directeur ou médecin coordonnateur, des échanges entre les établissements voisins allant des bonnes pratiques jusqu'aux transferts de pensionnaires si cela s'avère nécessaire, un système d'information du personnel et des protocoles de réorganisation si le plan d'alerte et d'urgence est déclenché au niveau départemental, régional ou national. Le confinement des résidents, qui a été mis en place jusqu'au 20 avril dans de nombreux Ehpad, avec maintien dans les chambres et interdiction des visites, fait partie des mesures de ce plan bleu, avec des mesures exceptionnelles de sas de décontamination à l'entrée des chambres ou la mise à disposition de matériels comme les masques, gants et solutions hydroalcooliques. Le plan bleu peut aller jusqu'à l'évacuation des résidents, usagers et personnels, si nécessaire.

D'autres mesures ont été annoncées. Olivier Véran a aussi promis, le 21 mars, "500 000 masques médicaux par jour" pour les Ehpad. Sur TF1 le 2 avril, le Premier ministre Édouard Philippe s'est lui aussi ému de la situation des maisons de retraite. "Il y a 750 000 Français qui vivent dans les 7 000 Ehpad qui existent (…) Nous allons continuer à mettre un accent particulier pour les protéger, notamment la mise en place du plan bleu, l'interdiction des visites dans les Ehpad, l'utilisation d'un certain nombre de tests, et l'appel à la mobilisation des soignants de ville ou de campagne pour que dès qu'un cas est identifié, nous puissions projeter des moyens médicaux là où c'est nécessaire", a-t-il expliqué. Le 7 avril, Jérôme Salomon, numéro 2 du ministère de la Santé, a estimé que "les Ehpad avaient besoin de renforts". "Je les invite à remonter le plus vite possible leurs besoins pour que nous leur trouvions des solutions", notamment via la réserve sanitaire, a t-t-il ajouté. Il a par ailleurs précisé que 50 réservistes sont venus renforcer les équipes des Ehpad depuis le début de l'épidémie. Pour autant, alors que plusieurs syndicats avaient présenté un recours devant le Conseil d'Etat visant à renforcer les mesures sanitaires dans les Ehpad, ce dernier a rejeté leur demande vendredi 17 avril, estimant que "l'Etat fait déjà beaucoup et n'aurait pas les moyens de faire plus".

Lors d'une conférence de presse avec Edouard Philippe le 19 avril, le ministre de la Santé Olivier Véran a indiqué que "45% de ces établissements pour personnes âgées ont signalé au moins un cas positif de Covid-19". "Ce qui s'y passe est à la fois poignant et à la fois remarquable grâce au professionnalisme, au courage des quelque 800 000 professionnels du grand âge qui se battent pour leurs aînés", a-t-il ajouté, assurant que le gouvernement mettait "tout en oeuvre pour déployer des renforts en personnel". Une campagne de dépistage d'envergure a aussi été annoncée avec l'objectif de "dépister l'ensemble des soignants et l'ensemble des résidents". "Cette semaine, 50 000 tests ont été programmés, réalisés dans les Ehpad", avait alors précisé le ministre.

Un droit de visite dans les Ehpad

Mercredi 11 mars, Olivier Véran avait décidé "de suspendre l'intégralité des visites extérieures en Ehpad, ainsi qu'en unités de soins de longue durée". Des exceptions étaient possibles au cas par cas sur décision des directeurs d'établissement localement. Mais le gouvernement est revenu sur cette décision et a rétabli un droit de visite à partir du 20 avril. "Un protocole national" a été publié le mardi 21 avril, qui encadre de manière très stricte ces visites. Ce protocole indique en premier lieu qu'"il revient aux directrices et directeurs de définir les conditions locales" de ces visites et les "mesures applicables localement, après concertation collégiale avec l'équipe soignante et en particulier les médecins coordonnateurs".

Pour visiter un proche en Ehpad, il faut qu'une demande soit formulée par ce dernier et, par écrit, par le visiteur, y compris par e-mail ou même SMS. Dans tous les cas, le résident doit être à l'initiative. Même diminué, "son avis est sollicité quant à l'éventualité d'une visite". C'est ensuite l'établissement qui détermine si cette visite aura lieu et quelles règles devront être respectées le cas échéant. L'heure, la durée, comme le lieu de la visite doivent être fixés en amont, en fonction des souhaits des résidents et de leur état de santé. Ils peuvent être variable et laissés à l'appréciation de l'Ehpad, mais le protocole recommande une durée standard de 30 minutes, qui ne doit pas dépasser une heure en tout état de cause. La visite peut être limitée à une personne si elle a lieu en chambre et à deux si elle a lieu dans les jardins ou extérieurs de l'établissement, ce qui est préférable.

Avant la visite, les proches devront signer une "charte de bonne conduite" définie par l'Ehpad. Une série de règles devra être respectée sur place : se laver les mains à leur arrivée, se soumettre à un contrôle de température, remplir un questionnaire sur leur état de santé, porter un masque, ne pas amener de nourriture, éviter de croiser d'autres résidents... Les coordonnés des visiteurs seront enregistrées dans un registre et un nettoyage des surfaces devra être effectué au début et à la fin de chaque visite.

Une isolement qui n'était "pas tenable"

Le droit de visite dans les Ehpad a été rétabli après l'annonce d'Olivier Véran, le ministre de la Santé lors de la conférence de presse gouvernementales du 19 avril. La question du maintien des résidents des Ehpad en confinement le plus strict, avec isolement dans leurs chambres le plus clair du temps, semblait de moins en moins tenable selon plusieurs professionnels. Romain Gizolme, directeur de l'association des directeurs au service des personnes âgées, s'est montre très alarmiste sur France Info le 16 avril : "Des résidents développent des troubles du comportement, des troubles dépressifs. Un adhérent m'a rapporté avoir fait face à une tentative de suicide d'un résident. Ce confinement pèse sur le moral des résidents, des familles, et des soignants qui y exercent. Ce n'est plus tenable". Et d'ajouter : "Des résidents perdent en autonomie, ne marchent plus normalement car ils n'ont plus la kiné dont ils bénéficiaient auparavant. Il faut aussi renforcer le suivi psy de nos résidents pour éviter la dépression. Testons-les, équipons-les de masques, mais qu'ils puissent revenir soigner les résidents".

Dans le Figaro le même jour, Sophie Boissard, directrice générale du groupe Korian, principal réseau d'Ehpad en France,  avait elle aussi demandé qu'un "minimum de liens sociaux" soit rétabli. Alors que le déconfinement repoussé pour les personnes âgées fait débat et que l'isolement était de rigueur depuis près de deux mois dans les maisons de retraite, la dirigeante estimait que "sur le plan humain, on ne peut infliger de telles mesures de séparation plus longtemps". Il faut "que nous puissions collectivement trouver des solutions qui permettent de respecter la sécurité de tous, tout en rétablissant un minimum de liens sociaux entre nos résidents et leurs proches". Sur RTL le 16 avril, l'ancienne ministre chargée des Personnes âgées et de l'Autonomie Michèle Delaunay avait quant à elle plaidé pour que les familles non-contaminées puissent recueillir leur parent âgé. "Les Ehpad sont un chaudron de contamination", justifiait l'ancienne ministre de François Hollande. Il s'agirait ainsi d'"isoler ceux qui sont contaminés au sein d'un Ehpad".

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