Enquête sur l'affaire Mohammed Merah Un mystérieux voyage en Israël

Turquie, Syrie, Liban , Jordanie... Mohammed Merah a beaucoup voyagé. L'un de ses déplacements, en Israël, reste mystérieux. A-t-il bénéficié de la protection des services secrets français ? Les journalistes Jean-Manuel Escarnot et Franck Hériot s'interrogent. 

"Les vérifications n'ont pas révélé de détails suspects"

"Raconté en partie par Bernard Squarcini dans un entretien au journal Le Monde, le bref séjour israélien de Mohammed Merah est beaucoup plus mystérieux. 

Septembre 2010 : deux mois après son entrée en Syrie, Mohammed Merah se présente sur le pont Allenby, point de passage entre la Jordanie et la Palestine. Les agents du Shin-Beth, le contre-espionnage israélien qui contrôle le franchissement de ce pont construit par les colons anglais, le laissent entrer en Palestine. Quid de son visa syrien censé figurer sur son passeport ? "Les vérifications n'ont pas révélé de détails suspects", indique l'article du quotidien israélien Harretz, daté du 26 mars 2012.

"A-t-il été suivi en liaison avec les services français ?"

Difficile d'imaginer que les agents du Shin Beth, n'aient pas pris contact avec leurs homologues de la DCRI ou de la DGSE pour vérifier si ce jeune homme d'origine maghrébine, titulaire d'un passeport français passé par Damas et voyageant léger, était connu de leurs services ? Si oui pourquoi l'auraient-ils laissé passer ? A-t-il été suivi en liaison avec les services français ?

Quoi qu'il en soit, trois jours plus tard, il repasse en Jordanie après s'être promené une journée dans la vieille ville de Jérusalem, l'un des endroits les plus surveillés du monde. Il sera contrôlé par les services de sécurité avec un canif en sa possession, puis relâché.

"Le globe trotter qui ne manque pas de ressources pour payer ses billets d'avions..."

Il achève son voyage en Égypte où son frère Abdelkader et Souad, sa soeur aînée, étudient dans l'école coranique Al-Aziz Bellah, dans la banlieue du Caire. Cette école est connue pour accueillir de nombreux étudiants étrangers, notamment en provenance du Canada, de Grande-Bretagne. Puis il revient à Toulouse pendant une semaine. De retour en France, dans son appartement aux volets toujours fermés, le touriste Merah pourra se vanter, photos et passeport à l'appui, d'avoir réussi à rentrer en Israël en bernant le Shin-Beth !

Le globe trotter qui ne manque pas de ressources pour payer ses billets d'avions, repart illico pour le Tadjikistan."