Clément Méric : "bravo les nazis" à l'origine de la rixe

Clément Méric : "bravo les nazis" à l'origine de la rixe L'enquête sur la bagarre qui a coûté la vie à Clément Méric révèle qu'Esteban Morillo, l'agresseur présumé, aurait porté le coup initial.

[Mis à jour le 19 septembre 2013 à 18h14] Dans quelles circonstances s'est produite la rixe ayant entraîné la mort de Clément Méric ? Plus de 3 mois après la tragédie, les éléments de l'enquête commence à établir certains faits. Premier élément : selon le Nouvel Obs qui a consulté le dossier, rien ne permet d'établir que le jeune militant antifasciste soit à l'origine de la bagarre. Il y a plusieurs semaines, RTL affirmait que le coup mortel avait été donné par l'agresseur présumé de Clément Méric à la suite d'une première attaque de ce dernier.

D'après Libération, qui a également eu accès à l'enquête, les témoignages semblent concorder en un sens : ce sont les militants antifascistes qui ont initialement provoqué le groupe de skinheads. Un jeune militant d'extrême gauche a admis face à la police, le lendemain de la bagarre, avoir lâché devant le magasin de vêtements Fred Perry "bravo les nazis" en passant devant les skinheads. Un autre membre du groupe confirme ces dires et ajoute que le même jeune homme avait déclaré dans la rue qu'il était "inadmissible de voir des nazis se trimbaler dans les lieux publics".

L'enquête permet d'y voir un peu plus clair. Les faits établis sont les suivants : les militants d'extrême gauche n'ont d'abord pas bougé de la rue après la provocation, attendant Clément Méric avant d'aller acheter des vêtements. Lorsque les skinheads étaient dans la cour de l'immeuble, Clément Méric est allé leur parler. Troisième élément : les skinheads se sont dirigés vers les "rouges" - expression employée par un skinhead entendu - au moment de quitter les lieux, au lieu d'éviter la bande adverse.

Par ailleurs, il est établi qu'Esteban Morillo, l'agresseur de Clément Méric, a reconnu à plusieurs reprises lors des interrogatoires avoir porté le premier coup. Le lendemain de la rixe mortel, celui-ci a affirmé à la police en parlant de Clément Méric : "Il m'a dit : 'bande de fiottes, vous vous cachez derrière les vigiles !' [...] Il s'est avancé. J'ai eu le réflexe de lui mettre un coup de poing au visage. Car je me suis senti menacé". Esteban Morillo a été mis en examen pour "violences volontaires ayant entraîné la mort sans intention de la donner".

En revanche, Esteban Morillo nie avoir utilisé un poing américain, alors que plusieurs témoins ont déclaré l'avoir vu en porter un au moment de la rixe. Si l'autopsie pratiquée sur le corps de Clément Méric montre que le jeune homme est bien mort de coups portés au visage, elle ne permet pas d'établir que l'arme, de catégorie 6, a été utilisée par Esteban Morillo.

Toujours selon Libération, Esteban Morillo aurait fait part aux magistrats de ses craintes et du harcèlement dont il serait victime : "les antifascistes me pourchassent, j'ai toujours traîné dans les milieux nationalistes. Je suis patriote, je ne suis ni de droite ni de gauche. Je ne suis pas raciste ni nazi" aurait-il affirmé. L'avocat du jeune homme, Me Maisonneuve insiste sur ce point : "Esteman Morillo se défend seul, il n'est le représentant d'aucun groupe".

EN VIDEO - Début juin, plusieurs centaines de personnes s'étaient rassemblées à Paris pour rendre hommage à Clément Méric :

"Hommage à Clément Méric sur les lieux du drame"