Pourquoi avancer sa montre d'une heure en été ?

Pourquoi avancer sa montre d'une heure en été ? C'est dans moins d'une semaine qu'il faudra changer d'heure. Mais pourquoi cette mesure a-t-elle été inventée ? Les économies d'énergie sont-elles réelles ? Pourquoi avancer l’heure plutôt que la reculer ? Quand à lieu ce passage à l'heure d'été ? Toutes les explications de Linternaute.com.

[Mis à jour le lundi 23 mars 2015 à 15h55] La tradition est établie en France depuis près de 40 ans : le dernier week-end de mars et le dernier week-end d'octobre nous devrons modifier l'heure sur nos montres. Le premier changement d’heure 2015 aura lieu dans la nuit du samedi 28 au dimanche 29 mars. Il faudra avancer les horloges de soixante minutes, puisqu’à deux heures du matin, "il sera alors trois heures", rappelle le Direction de l'information légale et administrative (Premier ministre). Ce sera le début de la période de sept mois où la France sera soumise à l’heure d’été en lieu et place de l'heure d'hiver (GMT +2 au lieu de GMT+1). Objectif affiché de ce saut de puce : réduire la consommation d’énergie dans l’Hexagone. En théorie, le changement d’heure permet de rallonger la durée de jour en début de soirée, heure exacte du pic de consommation d’énergie (chauffage, éclairage, loisirs…). Pour l'ADEME, l'agence chargée par l'Etat aux économies d'énergie : "en 2009, le changement d’heure a permis une diminution de 3,5 GW de la puissance appelée à 19 heures". 

En effet, en avançant les horloges d’une heure, on repousse la tombée de la nuit de soixante minutes. Ainsi, entre le 28 et le 29 mars 2015, l’heure du coucher de soleil évolue avec le changement d'heure. A Paris, elle passera de 19h15 à 20h17. A l’inverse, l’astre se lèvera plus tard (7h36 au lieu de 6h38) dans la matinée. Mais les répercussions d’un lever du soleil plus tardif sont compensées par l’accroissement naturel de la durée du jour jusqu’au lever du jour, assurent les partisans de la mesure. Ainsi, au solstice d’été, il est jugé plus économique d’obtenir des heures de luminosité autour de 21-22 heures que vers 4 ou 5 heures du matin, horaire où la plupart des Français dorment encore. D'ailleurs, en moyenne, les Français se lèvent à 6h49 selon une étude de Mediametrie, rapportée par le journal Le Parisien. Les heures de clarté précédentes sont donc considérées comme "perdues". Dès 1784, Benjamin Franklin, alors ambassadeur des Etats-Unis en France se plaignait d'un tel gâchis et encourageait ses contemportains à adopter le changement d'heure. Objectif d'alors : économiser les chandelles...

Evidemment, l’effet de la mesure serait inverse si l’on reculait les horloges au printemps au lieu des les avancer. Certes, on retrouverait l'heure solaire, qui fut longtemps celle de la France. Mais la nuit tomberait une heure plus tôt (18h14 à Paris, fin mars), tandis que le soleil se lèverait dès 4 heures du matin au mois de juin…

"Pourquoi le changement d'heure ?"

Mais le changement d’heure réduit-il (vraiment) la consommation d’énergie ? Selon des chiffres officiels du ministère de l’Ecologie, le changement d’heure permet d’économiser 440 GWh en éclairage, c’est-à-dire la consommation de 800 000 familles. La même source évoque une émission de gaz à effet de serre réduite de 44 000 tonnes. Mais les opposants au changement d’heure estiment qu’en réalité, l’économie d’énergie n’est pas démontrée : elle serait davantage imputable à la généralisation des ampoules basse consommation. Les effets induits par le changement d’heure coûteraient en revanche cher à la société. Les anti-"heure d’été" avancent comme arguments une augmentation du nombre d’accidents de la route lors du passage à l’heure d’hiver ou des effets supposés sur la santé (perturbation des rythmes chronobiologiques conduisant à des troubles du sommeil, de l’humeur ou de l’appétit : des effets contestés au sein de la communauté scientifique).

Pour l'heure, le débat n'est pas tranché, d'autant qu'il serait difficile de revenir en arrière. Si certains pays - comme la Russie - ont décidé de suspendre l'utilisation de ce procédé, il s'agit chez nous d'une compétence européenne. Une directive de l'Union européenne fixe en effet les modalités de la modification horaire. Obtenir un consensus des 28 Etats-membres sur la question pourrait s'avérer bien plus complexe que de prendre une minute pour régler sa montre...