10 choses que vous ne saviez pas sur l'heure d'été
[Mis à jour le 28 mars 2015 à 12h11] Plus que quelques heures avant la valse des aiguilles ! Doit-on avancer les horloges ou les reculer ? Le soleil va-t-il se lever plus tôt ou plus tard ? Voire tout bêtement : quelle heure est-il ? Comme c'est le cas deux fois par an, le premier changement d’heure 2015 sera l'un de ces étranges moments notre notion du temps perd de sa précision... Ce printemps, le passage à l'heure d'été est prévu pour la nuit prochaine. A 2 heures du matin en France, il sera d'ores-et-déjà 3 heures. Mais que sait-on vraiment de cet évènement vécu par certains comme une bénédiction et d’autres comme une corvée ? Depuis quand les gouvernements nous font-ils bouger les aiguilles ? Pourquoi ce système ne sert à rien en Afrique ? Comment se fait-il que l'heure solaire soit une illusion ? Linternaute.com vous propose de découvrir les 10 anecdotes les plus savoureuses sur le changement d'heure !
1 - A l'origine du changement d’heure, un passionné d’insectes. Dès 1784, Benjamin Franklin - alors ambassadeur des Etats-Unis en France - se désolait dans une lettre au Journal de Paris des heures de soleil "perdues" en début de journée en été. Mais c’est un certain Georges Vernon Hudson, un entomologiste néo-zélandais, qui fut le premier à proposer un changement d’heure en 1895 à la Royal Society of New Zealand. Il voulait même que les horloges soient avancées de deux heures (ce qui ferait hurler aujourd'hui) lors de l’été austral, afin de permettre à chacun de profiter au mieux, explique-t-il : "du cricket, du jardinage, du cyclisme ou toute autre activité extérieure". Il espérait surtout que ses chasses aux insectes ne soient plus interrompues par la tombée de la nuit… Sa proposition fut sèchement rejetée par les homologues scientifiques néo-zélandais, mais provoqua une vive controverse dans la presse néo-zélandaise. L'idée allait faire son chemin...
2 - Des origines guerrières. C’est lors de la Première guerre mondiale que l'on applique pour la première fois le changement d'heure. Les Empires centraux (Allemagne, Autriche-Hongrie) manquent de charbon et cherchent tous les moyens pour économiser cette précieuse source d’énergie. Le 30 avril 1916, les aiguilles sautent une heure pour la première fois outre-Rhin. La Grande-Bretagne, la France et les Etats-Unis suivent le mouvement. D'ailleurs, la France passe pour la première fois à l'heure d'été le 16 juin 1916. Puis tous ces pays suppriment le changement d’heure une fois la paix revenue. La mesure est de nouveau appliquée pendant la Seconde Guerre mondiale : en France, c'est l'occupant allemand qui impose l'heure de Berlin et l'heure d'été. De nouveau supprimée à la Libération, le changement d'heure fait finalement son retour au moment de la crise pétrolière. La plupart des pays européens vont suivre le mouvement.
3 - Une abrogation du changement d'heure actée… à l’étranger. Les anti-changements d’heure seraient peut-être ravis de vivre en Russie. En effet, cet immense territoire traversé par 11 fuseaux horaires a stoppé le fétichisme horloger en 2011, soit 30 ans après sa mise en place dans l’Union soviétique de Leonid Brejnev. Enfin presque… Le président Dimitri Medvedev avait choisi de conserver l’heure d’été toute l’année. Problème : le soleil se levait à 11 heures du matin en hiver à Saint-Pétersbourg, rendant la mesure impopulaire : beaucoup de Russes se plaignaient de devoir affronter d'interminables matinées obscures. Vladimir Poutine a remédié à la situation avec un dernier saut le 26 octobre 2014 : la Russie vit désormais toute l’année à l'heure d’hiver.
4 - Changement d’heure : un système sans intérêt à l’équateur. Si vous consultez une carte des pays qui appliquent le changement d’heure, vous observerez que seuls les pays situés en région tempérée se soumettent à ce rituel. Pourquoi ? Parce qu’il n’a aucun intérêt près de l’équateur. En effet, à ces latitudes, la durée du jour évolue très peu au cours de l’année. Exemple : à Libreville, au Gabon, le 21 juin, le soleil se lève à 6h20 pour se coucher à 18h28. Et le 21 décembre, l’astre se lève à 06h17 pour se coucher à 18h23… Jouer avec les aiguilles pour contrebalancer les changements de la durée du jour n’apporterait aucun gain d’énergie.
5 - Changement d’heure : un casse-tête pour les informaticiens. L’inexistence du bug de l’an 2000 nous a montré que les ordinateurs n’étaient pas si bêtes en matière de calendrier. Les systèmes d’exploitation comme Windows ou Mac OS disposent de programmes qui mettent automatiquement les ordinateurs à l'heure exacte. Seulement, ça se complique lorsque les règles changent. Ça a été le cas en 2007, lorsque les Etats-Unis ont rallongé de quelques semaines la période de l’année où l’on vit selon l’heure d’été. Ou en Israël, où, jusqu’en 2005, la date du changement d’heure n’était pas fixe. Dans les deux cas, les informaticiens se sont arraché les cheveux… avant de proposer des mises à jour à télécharger.
6 - L'heure solaire n’est pas non plus la vraie. Certains nostalgiques réclament le retour d’une heure calquée sur "Dame nature" et les rythmes du soleil… Ils se trompent. En effet, le midi solaire, qu’ils souhaiteraient utiliser comme point de repère n’a rien de fixe. En raison de l’orbite imparfaite de la Terre autour de son étoile, le soleil atteint son zénith chaque jour à une heure différente, y compris sur la base "temps universel" (T.U), qui est l'heure théorique utilisée par les avions ou les astronomes calculée depuis le méridien de Greenwich (Grande-Bretagne). Ainsi, à Paris, le zénith est atteint quelque part entre 11h34 et 12h05 T.U. au cours de l’année 2015. Et non à 11h50 et 40 secondes, comme le voudrait la théorie (l'écart de 9 minutes avec "midi" étant attribué à la différence de longitude entre Paris et Londres)…
7 - Une France complètement à l’ouest pour le changement d'heure. Pendant la Seconde guerre mondiale, le régime de Vichy a adopté l’heure de l’occupant allemand (celle de Berlin). Les gouvernements suivants ne sont jamais revenus sur cette décision, qui facilite les relations ferroviaires continentales… Mais en abandonnant le fuseau de Londres – ou plutôt celle de Greenwich - la France est devenu l’un des pays les plus à l’ouest parmi ceux alignés sur l’heure d’Europe centrale (C.E.T.). L’effet est visible à l’œil nu et nous offre des soirées fort longues : le 21 juin, le soleil se couche à 22h23 à Brest. Contre 20h45 à Budapest, une capitale située sur le même fuseau que nous.
8 - Lyon et Marseille en moins grâce au changement d'heure ? Selon l’ADEME, les économies d’énergies autorisées par le changement d’heure sont substantielles. Tourner les aiguilles ferait économiser la consommation annuelle d’une ville de 800 000 ménages. Soit – à peu près - la taille de Lyon et de Marseille réunis. Pourtant, ces chiffres demeurent très contestés : le surcroit de chauffage du matin où la généralisation des ampoules basse-consommation rendraient - selon d’autres experts – la mesure obsolète. De plus, les systèmes de climatisations seraient plus utilisés en journée : prolonger le temps passé sous le soleil ne ferait qu'empirer la situation !
9 - Changement d’heure : un meurtrier en puissance ? En octobre 2014, la Sécurité routière a publié un communiqué plutôt inquiétant : "Heure d’hiver : piétons attention !" (le point d’exclamation est d’origine). Il argue que la visibilité réduite par le tombée de la nuit dès la fin d’après-midi provoque une surmortalité sur les routes : "entre novembre 2012 et janvier 2013, 162 piétons sont décédés, soit en trois mois, 34,1 % de la mortalité routière "piétonne" annuelle", estime le document. Faut-il basculer à l’heure d’été toute l’année pour sauver des vies ? Pas sûr, répondent les tenants de l’heure d’hiver, qui assurent que la circulation est aussi dense le matin que le soir.
10 - L'heure d'été toute l'année, c'est possible ! Chaque année, en octobre, les amateurs de soleil peu matinaux font la tête. En effet, l'heure d'hiver a pour désavantage, selon eux, de rapprocher la tombée de la nuit de midi. En 1997, un rapport du Sénat se demandait s'il fallait abolir le changement d'heure... en adoptant l'heure d'été toute l'année ! L'Icelande ou le Xinjiang (ouest de la Chine) ont choisi de "sauter un fuseau" pour retarder le lever et le coucher du soleil. Sur notre propre horaire, l'Espagne - plus à l'ouest - vit très bien en été avec un midi solaire proche de 15 heures et bénéficie d'un très grand ensoleillement du soir. Malheureusement, il y a un prix à payer. Si nous adoptions ce système, le soleil se lèverait à Brest après 10 heures du matin en en décembre... C'est précisément cet argument qui a poussé la Russie, qui avait adopté l'heure d'été toute l'année en 2011 à repasser à l'heure d'hiver pendant les douze mois du calendrier.
BONUS : 11 - Changement d’heure, un débat sans fin. En journalisme, on appelle ça un marronnier. Un débat de société qui revient chaque année à la même période – comme l’arbre auguste, qui produit ses fruits avec la régularité d’un métronome. Dès mars 1976, premier changement d’heure de l’ère moderne, nombre de Français – Roger Gicquel compris - ont fait part de leur mécontentement, comme le montrent les archives de l'INA. Et nous sommes certains que vous verrez ce week-end un micro-trottoir montrant des usagers mécontents...
Pour rappel, le premier changement d'heure 2015 se déroule dans la nuit du samedi 28 mars au dimanche 29 mars. A 2 heures du matin, il sera directement 3 heures. On passera à cette occasion à l'heure d'été (G.M.T.+2), qui aura cours du jusqu'au changement d'heure suivant, le dimanche 25 octobre 2015 à 3 heures du matin. On repassera alors à l'heure d'hiver (G.M.T+1). Conséquence logique de l'heure d'été, le soleil va se coucher une heure plus tard le soir, mais aussi se lever à une heure plus tardive en matinée. N'oubliez pas que vous aller également perdre une heure de sommeil dans la nuit de samedi à dimanche. Linternaute.com vous fournira tous le week-end des informations pour passer ce cap !