Yassin Salhi : terroriste, désaxé, suicidaire ? Ce que révèlent son parcours et son ignoble selfie

Yassin Salhi : terroriste, désaxé, suicidaire ? Ce que révèlent son parcours et son ignoble selfie Yassin Salhi, 35 ans, a-t-il le profil du terroriste entraîné et convaincu par l'idéologie de Daesh ? L'auteur présumé de l'attentat de Saint-Quentin-Fallavier, aurait voué avoir voulu se suicider.

[Mis à jour le 29 juin 2015 à 11h38] Difficile d'établir le profil auquel correspond Yassin Salhi, l'auteur présumé de l'attentat commis vendredi dernier à Saint-Quentin-Fallavier. L'homme refuse toujours de se revendiquer comme terroriste, comme si son action n'avait aucun lien avec le djihadisme et Daesh. De fait, certains éléments de l'enquête tendent à corroborer l'hypothèse d'un homme ayant agi seul pour des motifs personnels : l'attentat n'a pas été revendiqué ; sa victime était le patron de la sociétét de transport qui l'employait et avec qui il a reconnu une dispute deux jours plus tôt. Lui-même a expliqué devant la police judiciaire avoir voulu "frapper les esprits" en "jetant sa tête" sur le grillage de l'usine Air Products. selon iTélé, l'homme aurait avoué avoir souhaité se suicider. L'homme aurait également admis avoir voulu "réaliser un coup médiatique maquillé en acte terroriste". Yassin Salhi a par ailleurs déclaré qu'il avait menacé son épouse, pas assez religieuse selon lui, de divorce, la veille de l'attentat.

Dans quel état psychologique est-il passé à l'acte ? Sa volonté de faire exploser des bombonnes de gaz sur le site de l'usine chimique traduit-elle ses velléités suicidaires ? Yassin Salhi est-il un désaxé qui a voulu valoriser un temps un acte désespéré avec des revendications djihadistes ? Les enquêteurs - la sous-direction antiterroriste (SDAT) et de la Direction générale de la sécurité intérieure (DGSI) - ont trouvé les photos prises par Yassin Salhi et conservées sur son téléphone vendredi dernier. Il a même envoyé l'une d'elle via Whatsapp à l'un de ses contacts, Sébastien Younès. Il s'agit d'un "selfie" sur lequel il apparaît avec la tête de sa victime. Le contact en question serait aujourd'hui en Syrie et aurait des liens avec des membres de Daesh. Voilà qui pourrait donner une autre dimension à l'affaire. Les enquêteurs se sont déjà rendus au domicile des parents de cet individu, qui vivent à Vesoul en Haute-Loire.

"Attentat en France : Yassin Salhi avoue avoir tué et décapité son patron"

Yassin Salhi, père de trois enfants

Yassin Salhi a été identifié vendredi dernier comme le principal suspect de l'attentat terroriste à Saint-Quentin-Fallavier, en Isère. C'est le ministre de l'Intérieur Bernard Cazeneuve qui aavit très rapidement révélé son nom en conférence de presse. Cet homme âgé de 35 ans, né le 25 mars 1980, était bien connu des services antiterroristes et habitait dans l'agglomération lyonnaise, à Saint-Priest. Yassin Salhi est marié et père de trois enfants. Le procureur de Paris a complété la description du terroriste présumé en expliquant qu'il était chauffeur-livreur dans la société de l'homme retrouvé décapité. Selon des informations de l'Est Républicain, il est originaire de Pontarlier, dans le département du Doubs et se serait radicalisé au contact "d'un prêcheur très virulent" dans la mosquée de cette commune de Franche-Comté. La famille de Yassin Salhi a été arrêtée en début d'après-midi, vendredi dernier, à Saint-Priest, où le suspect vivait depuis six mois avec sa femme et ses enfants, par la police judiciaire (PJ) de Lyon. Placé en garde à vue, l'auteur de cette attaque a refusé dans un premier temps de parler et de collaborer avec les services d'enquête, avant de finalement donner sa version des faits.

L'épouse de Yassin Salhi arrêtée

Dans cette commune de la banlieue lyonnaise, des policiers du RAID étaient positionnés devant l'immeuble où résidait Yassine Salhi, à 14h30, et sont intervenus vers 15h10. Ils ont évacué tout l'immeuble et ont ensuite interrogé la femme de Yassin Salhi. Elle a été interpellée dans la foulée par les enquêteurs. Quelques dizaines de minutes avant, celle-ci s'était exprimée sur la radio Europe 1 et tombait des nues : "Je ne sais pas ce qu'il se passe, ils l'ont arrêtée ? [...] Ce matin comme d'habitude, il est parti au travail [...] J'ai le cœur qui va s'arrêter, ce n'est pas possible, on vit vraiment normalement, je ne vois pas quel intérêt il aurait à faire ça". Dans le quartier de la famille Salhi, les voisins sont également surpris de la situation, selon des propos rapportés par un journaliste du Monde : "Leurs enfants jouaient avec les nôtres, des gens banals, qui aurait cru ?". Au total, trois personnes ont été interpellées dans la journée : Yassin Salhi, sa femme, sa sœur et un autre homme suspecté d'avoir effectué des allers-retours suspects autour de l'entreprise Air Products.

Yassin Salhi n'avait pas de casier judiciaire

Durant l'attaque de l'usine Air Products vendredi matin, Yassin Salhi a été neutralisé par un pompier du SDIS (Service départemental d'incendie et de secours). Lors de sa conférence de presse, le ministre de l'Intérieur Bernard Cazeneuve a expliqué : "l'identité du criminel est en cours de précision, nous savons d'ores et déjà qu'il pourrait s'agir de Yassin Salhi, qui avait fait l'objet d'une fiche pour radicalisation en 2006 non renouvelée en 2008". Bernard Cazeneuve a également précisé que d'éventuels complices étaient recherchés. Yassin Salhi serait en lien avec la mouvance salafiste. Le ministre de l'Intérieur indique également que des inscriptions avaient été retrouvées sur le drapeau proche de la tête de l'homme décapité. "Le texte n'a pas été traduit, nous sommes dans une enquête en cours", a-t-il ajouté.

Bernard Cazeneuve s'est également expliqué en conférence de presse sur la fiche S ("sûreté de l'Etat) dont Yassin Salhi faisait l'objet. Le ministre de l'Intérieur a expliqué que cette procédure, engagée en 2006 pour "radicalisation", prévoit une surveillance discrète. Selon Sud-Ouest, environ 5 000 personnes par an sont visés par une fiche S. Dans le cas de Yassin Salhi, cette fiche n'avait pas été renouvelée en 2008 mais Bernard Cazeneuve n'a pas donné les raisons de cette décision. Il a simplement précisé que l'auteur présumé de cette attaque de Saint-Quentin-Fallavier n'avait pas de casier judiciaire. Yassin Salhi a aussi fait l'objet d'une note des Renseignements durant l'année 2011.

EN VIDEO - Que s'est-il passé ce matin à l'usine Air Products de Saint-Quentin-Fallavier ?

"Attentat en Isère : ce qu'il s'est passé"