Julie-Victoire Daubié : comment elle est devenue la 1ère femme à décrocher le bac
[Mis à jour le 26 mars 2018 à 22h43] Elle est la première femme française à avoir obtenu le baccalauréat. Le 17 août 1861, soit il y a très exactement 157 ans, Julie-Victoire Daubié obtenait l'examen. Celle qui fut journaliste était alors âgée de 37 ans. Sa note ? Difficile de trouver un point de comparaison avec les notes et mentions d'aujourd'hui. À l'époque, pas de chiffres ni de virgule, c'est un système de boules qui permettait aux professeurs examinateurs de voter. Blanche, rouge, noir, chaque couleur avait sa signification.
Julie-Victoire Daubié a obtenu son diplôme en totalisant six boules rouges, trois boules blanches, une boule noire, soit six abstentions, trois avis favorables et un défavorable. Selon Wikipedia, à l'époque, il aurait été écrit que le ministre Gustave Rouland aurait refusé de signer son diplôme estimant qu'il "ridiculiserait le ministère de l'Instruction publique". Julie-Victoire Daubié aurait dû attendre l'intervention de l'homme d'affaires François Barthélemy Arlès-Dufour, auprès de l'entourage de l'impératrice Eugénie, mais également une campagne médiatique, avec à sa tête le journaliste féministe Léon Richer, pour que le ministre reçoive finalement l'ordre de signer son diplôme. À l'époque, il était toutefois monnaie courante d'attendre son diplôme entre six mois et un an.
La première bachelière, mais pas seulement !
Julie-Victoire Daubié restera dans l'Histoire pour avoir été la première femme en France à obtenir le baccalauréat, mais également pour avoir été la première à obtenir une licence ès lettres, qui certifie une maîtrise rare de la langue française, en 1871. À cette époque, ces diplômes universitaires n'étaient pourtant réservés qu'aux hommes. Mais Julie-Victoire Daubié, féministe avant l'heure, a passé sa vie à lutter contre les absurdités des convenances patriarcales et à démontrer à quel point ses connaissances et ses compétences valaient celles des meilleurs professeurs hommes de sa génération. "Aujourd'hui, par son exemple, elle ouvre une voie nouvelle aux femmes, plus nombreuses qu'on ne le pense, qui, comme elle, ont reçu en partage la force de la volonté et les dons de l'intelligence. Il en est plusieurs, nous en avons l'assurance, qui suivrons avec succès cet exemple excellent", notait à l'époque le doyen de la faculté de Lyon Francisque Bouillier dans le Salut Public.
Comment a-t-elle pu réaliser l'impossible ?
Cette femme, qui deviendra une journaliste reconnue, a commencé par passer le "certificat de capacité", pour enseigner, en 1844, à l'âge de 20 ans. Mais la jeune femme, à qui l'on explique que sa situation est déjà très honorable, veut bien plus. Elle s'offusque des barrières qui existent dans la société française et qui empêchent nombre de jeunes femmes d'accéder à des postes de professeur qu'elles méritent largement.
Julie-Victoire Daubié vise le bac, un diplôme pour l'heure réservé aux hommes. Pour cela, elle demande à son frère, prêtre, de lui enseigner le latin et le grec. Elle fait des pieds et des mains pour suivre les cours d'Isodore Geoffroy Saint-Hilaire, au Museum d'Histoire naturelle, grand professeur de science naturelle, spécialisée dans l'étude des oiseaux et des mammifères. L'enseignant lui permettra d'étudier dans le musée, aux heures où les galeries sont fermées au public.
Elle aura la possibilité de passer les épreuves du baccalauréat grâce au très influent François Barthélemy Arlès-Dufour, grand homme d'affaires lyonnais, à la faculté des Lettres de Lyon. Elle sera reçue à l'examen, avec brio, et les examinateurs auront bien conscience de cette performance : "On peut citer un certain nombre de femmes qui au Moyen Âge et surtout à l'époque de la Renaissance, ont obtenu leur bonnet de Docteur, mais Mademoiselle Daubié est certainement le premier bachelier de sexe féminin qu'ait proclamé l'Université de France", écrira-t-on dans, toujours dans le Salut public de Lyon.