Nantes : deux versions contradictoires sur la mort d'Aboubakar F.
[Mis à jour le 4 juillet 2018 à 18h07] Quelques voitures ont été incendiées dans le quartier de Breil mardi soir. Plusieurs individus s'en sont également pris à un centre commercial, ont jeté des cocktails Molotov sur les forces de l'ordre, nécessitant l'intervention des pompiers. Cette flambée de violences a été provoquée par la mort d'Aboubakar F.un jeune homme de 22 ans, touché par balles par un policier, lors d'un contrôle. Le directeur départemental de la sécurité publique, Jean-Christophe Bertrand, a indiqué sur TF1 que la personne sur laquelle un agent a tiré "a fait une marche arrière pour se soustraire au contrôle et a heurté un fonctionnaire CRS à hauteur du genou". Et d'ajouter : "Ce qui a entraîné immédiatement une réplique d'un de ses collègues qui était en sécurisation du contrôle et qui a utilisé son arme, blessant grièvement le chauffeur du véhicule".
La situation s'est apaisée vers 2h30 dans le quartier du Breil, mais les violences ont persisté dans d'autres quartiers dits "sensibles" de Nantes, à Malakoff et aux Dervallières. Près de 200 policiers ont été mobilisés. Le procureur de la République de Nantes, Pierre Sennès, a fait savoir qu'une enquête avait été confiée à l'Inspection générale de la police nationale (IGPN), la "police des polices", "afin de préciser la commission des faits et déterminer dans quelles circonstances le policier a été amené à faire usage de son arme".
Que s'est-il réellement passé dans le quartier de Breil mardi soir ?
Une équipe de CRS procède, vers 20h30, à un contrôle de police sur un jeune homme qui, selon Le Parisien, circulait "sans ceinture de sécurité ni papiers d'identité". Par ailleurs, le véhicule a été identifié comme "inscrit au fichier des véhicules signalés dans le cadre d'une enquête menée par la SRPJ de Nantes pour trafic de stupéfiants". Toujours d'après la même source, le jeune homme répondant au nom d'Aboubakar F. serait connu des services de police pour "huit faits dont vol par effraction, menaces de mort, vol en bande organisée, et association de malfaiteurs". La victime, qui se serait présentée sous une autre identité, était recherchée car elle faisait l'objet, depuis le 15 juin 2018, d'une "fiche de recherche pour l'exécution d'un mandat d'arrêt dans le cadre d'une procédure pour vol en bande organisée et recel".
Pour procéder à une vérification d'identité, les fonctionnaires de police auraient reçu l'ordre d'emmener le conducteur au commissariat. C'est à ce moment précis que le jeune homme à bord d'une Nissan Juke aurait "mis le contact et fait immédiatement une marche arrière à très vive allure risquant de renverser deux des quatre enfants présents sur la chaussée", rapporte un CRS auprès du Parisien. Un brigadier aurait alors pris la décision de sortir son arme et de tirer sur le véhicule, blessant ainsi grièvement le jeune conducteur. Aboubakar F., transféré à l'hôpital, décédera dès son arrivée.
La version des faits des policiers remise en cause
Pour les habitants du quartier de Breil, le décès du jeune conducteur est un véritable choc. Plusieurs témoins, dont les propos ont été recueillis par 20 minutes, assurent qu'il n'y avait "personne derrière la voiture" de la victime, remettant ainsi en cause la thèse avancée par la police, et selon laquelle le CRS aurait tiré pour protéger les enfants. "Il n'y avait personne derrière la voiture, personne n'a été percuté. L'un des policiers s'est mis à côté et a ouvert le feu. Il était juste à côté de lui, il aurait pu tirer en l'air ou dans le pneu", relate encore un témoin. Une autre version vient appuyer celle du premier témoin : "Il a été tué quand il a commencé à reculer. Sans avertissement [...] Mais il n'a blessé personne, il n'était pas dangereux". Pour les jeunes du quartier de Breil, "c'est une bavure, une grosse bavure", rapporte encore 20 minutes.
#Nantes Coup de feu dans le quartier du #Breil : un jeune est décédé après un contrôle de #police qui aurait mal tourné https://t.co/TzrqxXj58q pic.twitter.com/NL9aOyobeo
— Ouest-France (@OuestFrance) 3 juillet 2018
Retour dans les quartiers après la nuit d`émeutes à #Nantes. Suite à un contrôle de police mortel. Reportage et témoignages @TF1LeJT à 13h pic.twitter.com/a2PzT5sUX9
— Laurent Giraudineau (@Girogirau) 4 juillet 2018
Stigmates de la nuit très visibles au Breil-Malville. Un cabinet médical, des locaux associatifs, des véhicules sont calcinés. #Nantes pic.twitter.com/0yIFJxwh9b
— 20 Minutes Nantes (@20minutesnantes) 4 juillet 2018
2h23. Au moins trois bâtiments sont en flammes aux #Dervallieres. Et des feux sont aussi évoqués dans le quartier de #Malakoff à #Nantes. #Breil pic.twitter.com/1YZI6w2dk7
— Marion Lopez (@MarionLpz) 4 juillet 2018