Bottes en caoutchouc : vous trouvez ça moche ? Il va pourtant falloir s'y faire

Bottes en caoutchouc : vous trouvez ça moche ? Il va pourtant falloir s'y faire BOTTES EN CAOUTCHOUC - Google rend hommage ce jeudi 5 décembre 2019 aux bottes en caoutchouc, les célèbres "Wellies". Des chaussures auxquelles il va peut-être bien falloir s'habituer. On vous explique pourquoi

[Mis à jour le 5 décembre 2019 à 15h39] Les bottes en caoutchouc vont peut-être devenir aussi essentielles en Europe qu'une bonne Parka au Canada. Selon certaines études, les intempéries seraient de plus en plus fréquentes, et ce avec de plus en plus d'intensité. Ce ne sont pas les Français du Sud-Est, fatigués de devoir "tout reconstruire" à chaque inondation d'ampleur, dont ils sont victimes régulièrement depuis plusieurs semaines, qui contrediront les chercheurs. Google a choisi, ce 5 décembre, de mettre en valeur les Wellies, ces célèbres bottes en caoutchouc imaginées au XIXe siècle par le duc de Wellington au Royaume-Uni, en proposant un "doodle" sur son moteur de recherche. Ces bottes sont devenues symbole de praticité mais pas seulement. Un accessoire de mode ? Certains aiment les considérer ainsi. Un indispensable en France et en Europe ? On peut malheureusement craindre que ce soit de plus en plus le cas. Nous vous expliquons pourquoi, quatre ans après que l'Angleterre ait vécu son record de cumul pluviométrique.

Avec le réchauffement climatique, les bottes de plus en plus utiles ?

Tandis que la Var et les Alpes-Maritimes ont subi deux week-ends consécutifs d'intempéries, avec deux épisodes méditerranéens d'ampleur, causant six et sept morts respectivement, à cause de pluies torrentielles et d'inondations hors normes, d'aucuns se sont interrogés sur les causes de cette météo catastrophique, et ont soulevé l'hypothèse du réchauffement climatique. En 2018, Slate s'était posé la même question, dans un article croisant des données théoriques et empiriques, ainsi que le résultat de modélisations. Ce type d'événements météorologiques extrêmes sont-ils de plus en plus récurrents à cause du réchauffement climatique ?

Le théorème de Clausius-Clapeyron, datant du XIXe siècle, établit que pour une élévation de la température de un degré, la pression de vapeur saturante de l'air augmente d'environ 7%. Comprendre : plus l'air est chaud, plus il peut contenir d'humidité. Or, selon le rapport du GIEC, la température à la surface de la Terre a augmenté de 0,9 degré Celsius entre 1901 et 2012. Or, une étude de 2013 des chercheurs Westra, Alexander et Zwiers a montré que l'augmentation des pluies extrêmes au XXe siècle était de 6 à 8%. Une observation qui semble corréler la loi de Clausius-Clapeyron.

Toutefois, d'autres travaux, présentés dans Nature Geoscience, estiment plus précisément que les pluies intenses sur des courtes durées (à l'échelle d'une heure), ont elles augmenté de 14% par degré de réchauffement climatique. Une intensification notamment constatée par les chercheurs sur le pourtour méditerranéen. Si la cause précise de ce phénomène d'intensification des pluies n'est pas clairement établie, les scientifiques pensent que la solution pourrait se trouver dans la physique des nuages, avec un "dégagement de chaleur latente au moment de la condensation qui accélère la convection (...) et amplifie l'intensité des pluies", explique Slate. La description d'un phénomène qui n'est pas sans rappeler "l'isothermie" mentionnée par Météo France pour expliquer l'origine des épisodes méditerranéens.

Pourquoi mettre à l'honneur les bottes en caoutchouc le 5 décembre ?

Google surprend très régulièrement les internautes du monde entier avec ses Doodles, des versions alternatives de son logo proposées en tête du moteur de recherches à la place de l'original. Et la surprise est généralement renforcée par les choix de la firme de Mountain View, qui décore son logo en fonction d'événements ou d'anniversaires particulièrement inattendus. C'est le cas ce jeudi 5 décembre 2019, avec un Doodle consacré aux... bottes en caoutchouc. Comme à son habitude, le géant américain n'a pas choisi une date si évidente pour mettre en avant les brodequins, bien connus en Angleterre sous le nom de "Wellies".

Pourquoi donc avoir choisi ce jeudi 5 décembre, jour de grève massive en France par ailleurs, pour mettre en avant les bottes en caoutchouc ? Google n'a pas opté pour la date de leur invention, ce serait évidemment trop facile. Les concepteurs du Doodle ont préféré choisir le quatrième anniversaire du jour le plus pluvieux de l'histoire du Royaume-Uni, le 5 décembre 2015, pour mettre leur oeuvre en avant. Ce jour-là, la région du comté de Cumbria, au nord-ouest de l'Angleterre, a enregistré plus de 34 centimètres (13 pouces) de pluie en 24 heures.

Elles "suscitent la joie dans le cœur des enfants"

"Quelle meilleure façon de commémorer ce déluge que de rendre hommage au Wellies, qui permettent de garder les pieds au chaud et au sec pendant les plus fortes averses ?", s'interroge le Doodle du jour, sans mentionner le bilan peu réjouissant des pluies de 2015. La tempête Desmond avait alors privé 60 000 foyers d'électricité et provoqué l'évacuation de 300 autres dans le Nord de la Grande Bretagne...

Google estime en tout cas que ces bottes, popularisées sous le nom  de "Wellies" au Royaume-Uni, valaient bien un clin d'oeil, elles qui "suscitent la joie dans le cœur des enfants lorsqu'ils pensent à toutes les flaques d'eau dans lesquelles ils peuvent sauter", selon le texte d'explication fourni par le moteur de recherches. Les bottes en caoutchouc "se trouvent dans toutes les couleurs de l'arc-en-ciel pour rendre lumineuses et gaies les journées les plus grises", indique encore Google décidément très lyrique.

Bottes en caoutchouc
Meghan Markle participe à un concours de "Wellie wanging", un lancer de bottes en caoutchouc,à Auckland, en Nouvelle Zélande, en compagnie du Prince Harry en octobre 2018. © Ian Vogler/MIRRORPIX/SIPA

Les bottes en caoutchouc, une invention du duc de Wellington

On retiendra de ce Doodle que les bottes en caoutchouc sont bel et bien une invention "Made in UK", un pays où la pluie fait partie du quotidien ou presque. Les "Wellies" tirent leur nom du premier duc de Wellington, Arthur Wellesley, qui les a conçues au début du XIXe siècle. Ces bottes en caoutchouc ont été imaginées à partir de bottes militaires modifiées. C'est en demandant à son cordonnier londonien de fabriquer une botte plus courte, plus facile à porter avec un pantalon, que Wellington a inventé ces protections imperméables et si élégantes.

D'abord en cuir de veau ciré, la botte Wellington a été révolutionnée avec l'arrivée du caoutchouc au milieu du XIXe siècle. Les capacités imperméables du caoutchouc en ont rapidement fait un incontournable pour affronter la météo britannique typique. C'est avec l'ajout du caoutchouc que les bottes Wellies se sont finalement diffusées dans le monde entier. Jusqu'à devenir le sujet d'un Doodle un jour de décembre 2019, donc.

Au sujet du Doodle du jour, son auteur Matt Cruickshank explique qu'il a essayé "de capturer le plaisir de sauter dans des flaques" dans sa création, avec un logo "léger". Le designer de Google revendique une "conception simple" et minimaliste avec seulement les deux "O" animés, sous la forme de deux personnages sautant joyeusement dans une grande flaque. Et l'artiste de conclure : "Nous ne pouvons pas contrôler la météo, nous devrions juste essayer d'en tirer le meilleur parti !".

La légende veut qu'il pleuve énormément en Angleterre, mais est-ce vrai ?

Un article de L'Actualité datant de 2013 et reprenant les données de l'Organisation météorologique mondiale, exploitées par le mensuel russe Infografika, s'était appliqué à "déboulonner ce mythe". L'étude des relevés pluviométriques des grandes villes du monde avait permis cette année-là de démontrer qu'il pleuvait plus... à Paris qu'à Londres ! La ville qui arrive en tête du plus grand nombre de jours de précipitations (de pluie et de neige) annuel est Québec, sans surprise, avec 182 jours de précipitations par an, devant Oslo, Montréal, Sydney et Saint-Pétersbourg. Puis Paris arrive en sixième position avec 112 jours de précipitations annuelles, juste devant Londres avec 110 jours de pluie et de neige. En termes de volumes de précipitations, Québec arrive également en tête avec 1230 mm de cumul pluviométrique annuel, devant Sydney, Rio de Janeiro, Montréal, New York, Oslo et New Delhi. Paris arrive en huitième position du classement avec 650 mm annuels et Londres en onzième position avec 558 mm de cumul pluviométrique en 2013.