Grève à EDF : des réacteurs à l'arrêt, moins d'électricité cet hiver ?

Grève à EDF : des réacteurs à l'arrêt, moins d'électricité cet hiver ? GREVE EDF. Les négociations entre EDF et les salariés en grève s'ouvrent ce mercredi 19 octobre 2022. Alors que des réacteurs sont à l'arrêt, quelles conséquences cela aura-t-il sur la production d'électricité ?

[Mise à jour le 19 octobre à 12h14] Elle est plus discrète que celle dans les raffineries, moins médiatique que la générale organisée mardi, mais celle qui inquiète le plus le gouvernement. EDF est frappé depuis plusieurs jours par une grève des salariés qui réclament une hausse des salaires. Malgré le coup de pression de Bruno Le Maire, lundi 17 octobre, la situation semble figée. Alors que le ministre de l'Economie avait appelé le producteur d'électricité à trouver "le plus vite possible un accord avec ses représentants syndicaux", un début de sortie de crise pourrait être envisagé ce mercredi 19 octobre 2022. C'est en effet aujourd'hui que les négociations doivent débuter entre les syndicats et la direction d'EDF. Des discussions qui s'annoncent cruciales car elles interviennent dans une période délicate pour la production d'électricité en France. Et cette dernière est encore davantage mise à mal par le mouvement de contestation sociale. Explications.

La grève des salariés d'EDF aura-t-elle un impact sur la production d'électricité pour cet hiver ?

Se mettre en grève chez EDF, ce n'est pas comme se mettre en grève dans n'importe qu'elle entreprise. Compte-tenu de la dimension stratégique de l'entreprise liée à la production d'électricité, impossible d'arrêter le travail. "Les usagers ne voient pas l'impact de cette grève quand ils allument la lumière chez eux", a reconnu sur Franceinfo, samedi 16 octobre, Julien Lambert, secrétaire fédéral de la FNME-CGT.

Cependant, une autre forme de contestation peut se mettre en place, sans effet à court terme mais avec de possibles conséquences sur la durée. En effet, les grévistes perturbent ou stoppent la maintenance des réacteurs nucléaires. Ce mercredi matin, 17 réacteurs étaient concernés, a annoncé Virginie Neumayer, déléguée syndicale FNME-CGT (Fédération nationale des mines et de l'énergie) à Reuters, cité par L'Indépendant. De quoi engendrer des retards pour les retours de fonctionnement à la normale, parfois de quelques semaines. Or, à l'approche de l'hiver, retarder ces remises en état pourrait limiter la production d'électricité à une période où la consommation est habituellement élevée.

En poursuivant les grèves, les syndicats retardent les travaux et du fait le redémarrage des réacteurs. C'est la production d'énergie de cet hiver que sera directement pénalisée par le mouvement social et les représentants de la CGT et de FO en sont bien conscients. C'est même le but de leur manœuvre : en conditionnant la levée de la grève sur les réacteurs en travaux à la conclusion d'un accord sur le niveau de leur salaire il espère obtenir gain de cause plus vite.

Pourquoi y a-t-il des grèves dans les centrales nucléaires ?

Les motivations des syndicats et des salariés grévistes des centrales nucléaires sont essentiellement financières. Tous exigent une revalorisation du niveau de leur salaire à hauteur de 5%, notamment pour les employés du site de Gravelines, dans les Hauts-de-France. Les salariés demandent aussi à ce que l'inflation soit prise en compte dans la réévaluation de leurs rémunérations.

En vue des négociations salariales annuelles, la branche des industries électriques et gazières a proposé une augmentation des salaires de 2,3% à partir de janvier 2023 mais la proposition n'est pas à la hauteur des exigences des syndicats. Ce n'est d'ailleurs pas anodin que les représentants syndicaux aient appelé à la grève en amont des négociations : ils espèrent faire suffisamment pression pour obtenir gain de cause, d'autant plus en période de fortes tensions et de crise énergétique.

Pourquoi y a-t-il un risque de coupure d'électricité cet hiver ?

Pour le gestionnaire du Réseau de Transport d'Électricité (RTE), les probables coupures d'électricité qui pourraient survenir cet hiver sont les conséquences d'une addition de plusieurs facteurs. Pour le RTE, "l'approvisionnement en gaz, la situation énergétique dans les pays européens voisins, l'évolution de la demande, et le rythme de redémarrage des réacteurs nucléaires français." En effet, les réacteurs nucléaires à l'arrêt le sont pour des opérations de maintenance ou suite à des problèmes de corrosion. Facteur supplémentaire, le conflit en Ukraine mené par la Russie impacte fortement les livraisons de gaz russes en Europe. Ces livraisons sont importantes car certaines centrales européennes utilisent du gaz pour faire fonctionner leurs turbines et ainsi produire de l'électricité.

Dans un contexte de tension énergétique si fort, quid des potentielles coupures de courant ? Fabrice Coudour, secrétaire fédéral de la CGT-FNME défend ces actions. Contacté par le site Actu concernant le préavis de grève du 6 octobre, il déclarait agir dans l'intérêt des Français. "L'idée n'est pas de se mettre l'opinion publique à dos, au contraire, nous agissons dans l'intérêt des ménages. Car sans salaires décents, sans la préservation des régimes spéciaux des agents de l'énergie, le métier n'attire pas, et la réalité, c'est que nous manquons de bras. Sans un nombre de travailleurs suffisant, on ne peut pas travailler correctement pour faire en sorte que l'hiver se passe bien."