Faut-il s'attendre à d'autres séismes en Turquie ?
Trois tremblements de terre ont secoué la Turquie et la Syrie en à peine deux semaines, sans compter les milliers de répliques. D'autres séismes suivront-ils ces prochains jours ? La question est légitime, puisque le premier séisme, survenu le lundi 6 février 2023 semble être à l'origine des importantes secousses du 7 et du 20 février. De magnitude 7,8 sur l'échelle de Richter, le séisme de début février a bousculé le fragile équilibre du système de plaques situé en Anatolie, entrainant des secousses aux épicentres éloignés de quelques centaines de kilomètres mais toujours sur la même faille. "Nous avons pensé que ces tremblements de terre auraient pu transférer le stress sismique vers le sud et nous avons dit : 'Méfiez-vous du bassin d'Adana et de la région de Hatay'", a rappelé le géologue et professeur membre du comité scientifique Naci Görür le 21 février dans les médias turcs.
Avec la rencontre de trois plaques tectoniques et des failles longues de plusieurs centaines de kilomètres, le risque qu'un nouveau séisme se déclenche existe et peut être élevé selon les régions. Istanbul et ses environs, au nord-ouest du pays, pourraient être inquiétés d'après des spécialistes comme le professeur Süleyman Pampal, dans les colonnes de Cumhuriyet. "La déchirure de la faille peut continuer", a également prévenu le spécialiste, ce qui ne serait pas sans conséquence dans les régions voisines du sud de la Turquie : la Syrie, le Liban, Israël ou encore Chypre.
D'autres séismes possibles dans le sud de la Turquie ?
Les tremblements de terre survenus le 6, 7 et 20 février sont tous liés à la faille est-anatolienne et la faille de la Mer Morte, qui forment le point de rencontre entre trois plaques tectoniques : les plaques eurasienne, africaine et arabique. Les séismes qui ont respectivement été enregistrés avec des magnitude de 7,8, 7,4 et 6,4 ont déchargé une quantité importante d'énergie sismique et ont "brisé [la partie turque] de la faille de la mer Morte", selon le géologue Navi Görür qui estime qu'"il n'y aura plus de grands tremblements de terre à Hatay et Kahramanmaraş". Le sud-est de la Turquie devrait donc, selon les analyses des spécialistes, être épargné par de nouveaux séismes, exception faites des répliques des tremblements de terre.
Des répercussions des séismes redoutées au sud et au nord de la Turquie
La force sismique libérée par les trois tremblements de Terre en Turquie pourrait toutefois affecter l'équilibre des plaques et des failles voisines. Les spécialistes turcs interrogés par les médias locaux mettent en garde contre de possibles séismes au sud de la Turquie, notamment à Chypre où les plaques eurasienne et africaine se rencontrent et du côté de la Syrie ou du Liban, des zones situées à proximité de la faille de la mer Morte, aussi appelée faille du Levant.
"Les tremblements de terre peuvent provoquer certains mouvements à Chypre. Le stress sismique a peut-être été envoyé au nord et à l'est après le tremblement de terre de Kahramanmaraş. Par conséquent, des défauts peuvent avoir été chargés" dans ces régions, a expliqué le géologue Naci Görür. Et le professeur Süleyman Pampal d'abonder dans ce sens : "Cette zone est toujours à haut risque. La rupture se poursuit au sud et au nord de cette faille qui fait 1000 kilomètres. [...] Il y a un tremblement de terre pouvant atteindre 8 de magnitude en direction de la Syrie, du Liban et d'Israël".
Un séisme attendu à Istanbul, au nord de la Turquie ?
Si le pire semble être passé dans le sud de la Turquie, au nord du pays, la faille nord-anatolienne représente un fort risque sismique. Selon le professeur Süleyman Pampal, les récents tremblements de terre "ne sont pas en mesure d'affecter la faille d'Istanbul" et si un effet est possible, il ne sera pas direct rapporte le spécialiste auprès de Cumhuriyet. Reste que les sismologues se préparent à un prochain séisme à Istanbul : "Le tremblement de terre d'Istanbul lui-même est un tremblement de terre auquel nous nous attendons, auquel nous devons être attentifs et que nous devons prendre très au sérieux."
Où ont eu lieu les séismes en Turquie ?
La longue et dévastatrice séquence sismique en Turquie a débuté le 6 février 2023. Le premier séisme, d'une magnitude de 7,8, est survenu dans la province de Kahramanmaraş, au sud-est de la Turquie. L'épicentre a été précisément situé dans le district de Pazarcik, à une soixantaine de kilomètres de la frontière syrienne et à 17,9 kilomètres de profondeur selon l'l'institut américain de géophysique (USGS).
Quelques heures plus tard, dans la nuit du 6 au 7 février, le deuxième tremblement de terre s'est déclenché à une centaine de kilomètres de l'épicentre du premier. Avec une magnitude de 7,5, le séisme a secoué une large part de l'Anatolie : d'Ankara et Diyarbakır, villes éloignées de 670 kilomètres d'est en ouest, et de Malatya à Adana séparées de 300 kilomètres du nord au sud. Le dernier tremblement de terre de la liste, celui enregistré dans la soirée du lundi 20 février, est survenu dans la province du Hatay, au sud du pays. A eux trois, les tremblements de terre en Turquie ont fait plus de 44 000 morts et des milliers de blessés.