Manifestations "contre les violences policières" : quelques débordements et trois interpellations à Paris
Des manifestations "contre les violences policières" étaient organisées aux quatre coins de l'hexagone, ce samedi 23 septembre. Les cortèges réunissaient 31 300 participants en France selon les autorités, 80 000 d'après les organisateurs. À Paris, il s'agirait de 9 000 à 15 000 personnes.
Lors de ces manifestations "contre le racisme systémique, les violences policières et pour les libertés publiques", quelques incidents ont été relevés. À Paris, une voiture de police a été attaquée à coup de barres de fer. Trois individus ont été interpellés et le préfet de police de Paris a déclaré que les policiers au sein de la voiture avaient été "pris à partie de manière extrêmement violente par des individus cagoulés, prêts à en découdre". Au cours de cette échauffourée, l'un des quatre policiers présents dans le véhicule aurait sorti son arme de service après le blocage de la voiture par le groupe de manifestants. Trois des policiers auraient été blessés. La préfecture a annoncé à l'AFP que l'intervention de la BRAV-M a "permis de faire cesser l'action et mettre à l'abri" les policiers visés.
#Manifestation23septembre : au final
— Laurent Nuñez (@NunezLaurent) September 23, 2023
attaque d'une banque sur le parcours
attaque d'un véhicule de police à coup de barres de fer.
Je condamne fermement ces attaques et apporte mon soutien aux policiers agressés et blessés.pic.twitter.com/MHjmBXvIfX
Sur X (anciennement Twitter), le préfet Nunez a publié une vidéo témoignant de l'attaque de la voiture de police. Il dit condamner "fermement ces attaques et apporte mon soutien aux policiers agressés et blessés". Le ministre de l'Intérieur Gérald Darmanin a également tweeté sur les "violences inacceptables" infligées aux forces de l'ordre. Avant d'ajouter : "On voit où mène la haine anti police". Mis à part cet événement, et la dégradation d'une banque à Paris, les manifestations se seraient déroulées dans le calme dans l'ensemble du pays.
Cette mobilisation inédite réunissait des collectifs de quartiers populaires, des victimes de violences policières, des ONG, des partis de gauche et des syndicats, et visait à dénoncer "une politique régressive qui fait le lit de l'extrême droite". Dans un communiqué commun, les organisateurs de la manifestation dénoncaient une politique "violente" qui "piétine toujours plus nos libertés publiques, notre modèle social, notre avenir face à l'effondrement écologique".
L'appel à la manifestation a largement été relayé par des entités de poids, notamment les syndicats CGT, FSU et Solidaires, les partis de gauche LFI et EELV, ou encore les ONG Attac et les Amis de la Terre. Cependant, l'intersyndicale ne s'est pas associée à l'événement et le PS comme le PCF ont refusé de rejoindre la manifestation. Selon eux, il leur est impossible de rejoindre ce mouvement qui affirme qu'un racisme systémique existe au sein de la police.
Une participation réévaluée à la hausse
L'ampleur des manifestations annoncées ce samedi pour lutter contre les violences policières avait été réévaluée à la hausse à la veille de la mobilisation. D'une soixantaine de manifestations attendues, le renseignement territorial estime que 116 rassemblements pourraient avoir lieu partout en France et réunir plus de 30 000 personnes, conte 26 000 en début de semaine, selon une notre consultée par RTL. À Paris, la manifestation pourrait réunir de 4 000 à 6 000 participants, dont 200 à 400 "éléments à risque", précise BFMTV.
Certaines manifestations inquiétaient plus les autorités que d'autres. Une quinzaine de villes risquaient de voir les manifestations perturbées par des violences notamment Rennes, Lilles, Grenoble, Bordeaux ou encore Toulouse. "Des troubles à l'ordre public sont également prévus à Nice, où un rassemblement antidrogue à proximité de la marche est organisé par l'ultra-droite. Un risque d'affrontement pourrait ainsi avoir lieu avec l'ultragauche", précise la note. L'ensemble des manifestations se sont néanmoins déroulées dans le calme.
La préfecture pouvait-elle interdire cet appel à manifester ?
Le ministre de l'Intérieur, Gérald Darmanin, avait évoqué la possibilité d'une interdiction de la manifestation contre les violences policières. Une décision qu'il justifierait par le contexte d'une semaine très chargée pour les forces de l'ordre en France avec les visites du roi britannique Charles III et du pape François, la tenue de la Coupe du monde de rugby et de plusieurs matchs de football.
Il n'a toutefois pas prononcé d'interdiction généralisée et avait remis la responsabilité d'interdire ou non les mobilisations aux préfets. "Des préfets, ici ou là s'il y avait des événements exceptionnels (...), des difficultés particulières, pourraient prendre des arrêtés d'interdiction mais c'est aux préfets de prendre leurs responsabilités, chacun dans leur département. Il n'y a pas de consigne générale", a détaillé Gérald Darmanin. Éric Ciotti, député des Alpes-Maritimes, a souhaité que le ministère de l'Intérieur interdise la manifestation prévue à Nice.
Insupportables affiches anti police collées dans les rues de #Nice06. Soutien à nos policiers nationaux et municipaux une nouvelle fois attaqués par lextrême gauche.
— Eric Ciotti (@ECiotti) September 21, 2023
Je demande au ministre de lIntérieur, linterdiction de cette manifestation. pic.twitter.com/jMyOnZ5wXi
Cette manifestation était un événement important car elle représente une large coalition de forces de gauche et d'extrême gauche, ainsi que de collectifs de quartiers populaires et de victimes de violences policières. La possibilité d'une interdiction de la manifestation par les autorités a été une source de tension supplémentaire.