Quels sont les dangers du glyphosate pour la santé ? Jusqu'à quand sera-t-il utilisé ?
Un vote crucial concernant le maintien de l'autorisation du glyphosate est tenu, ce vendredi 13 octobre, par la Commission européenne. Les Vingt-Sept devront se prononcer sur la prolongation de dix ans supplémentaires d'utilisation de l'herbicide qui présenteraient de hauts risques pour la santé et pour l'environnement selon différentes études. La Commission européenne a proposé ce vote sous conditions : un régulateur européen constituera un rapport au préalable afin de vérifier que la menace du glyphosate n'est pas assez importante pour l'interdire. Les décideurs européens devraient avoir du mal à se mettre d'accord ce vendredi et atteindre la majorité requise. Si "de nombreux États membres ont salué la proposition", la prolongation n'est pas soutenue par "une grande majorité", a confié la commissaire à la santé, Stella Kyriakides.
Quels dangers pour la santé et l'environnement ?
Le Centre international de recherche sur le Cancer, lié à l'Organisation mondiale de la santé (OMS), a catégorisé le glyphosate en 2015 comme "probablement cancérogène pour l'homme". Comme le relaie Le Dauphiné, différentes études réalisées sur des professionnels ont mis en avant une augmentation des risques de lymphome non-hodgkinien. En 2021, un rapport de l'Inserm dénonçait également la génotoxicité de l'herbicide, à savoir le fait qu'il est susceptible d'engendrer un dysfonctionnement ou une altération du génome en endommageant l'ADN. Des surrisques de myélome multiple et de leucémies étaient aussi pointés du doigt, même si les résultats étaient moins convaincants.
Au-delà des risques que l'herbicide présenterait pour la santé de l'Homme, le glyphosate serait aussi une menace pour l'équilibre de la biodiversité. Certaines études assurent qu'il pourrait nuire aux vers de terre, êtres vivants indispensables à la fertilité des sols. Certaines organisations dénoncent aussi le glyphosate comme nocif pour les oiseaux, les amphibiens et les insectes lorsqu'ils sont en contact répété et à long terme avec l'herbicide.
Un lien entre malformations et exposition prénatale au désherbant reconnu
À quelques jours du vote des Vingt-Sept, la famille Grataloup a décidé de sortir du silence. Théo, le fils, aujourd'hui âgé de 16 ans, est porteur de graves malformations du larynx, de l'œsophage et du système respiratoire. En cause potentiellement ? Une exposition prénatale au glyphosate. Les experts du Fonds d'indemnisation des victimes de pesticides (FIVP) ont ainsi reconnu en mars 2022 "la possibilité du lien de causalité entre la pathologie de l'enfant et l'exposition aux pesticides durant la période prénatale du fait de l'activité professionnelle de l'un ou des deux parents".
Une reconnaissance qui lui a conféré une indemnisation. Une première en France, relaie Le Monde. Avant, jamais un herbicide n'avait été reconnu comme une cause de malformations congénitales. "Nous ne pouvions plus nous taire. Nous ne pouvions pas laisser des politiques et des journalistes continuer à dire qu'il n'y avait pas de problème avec le glyphosate", confie à franceinfo Sabine, la mère de Théo, qui dénonce : "Derrière les statistiques, ce sont des familles, des gens malades [...] Nous prenons la parole pour que les décideurs prennent en compte les gens qui souffrent."
Alors, pourquoi continuer à utiliser le glyphosate ?
Selon un avis de l'Autorité européenne de sécurité des aliments (Efsa) publié en juillet 2023, le glyphosate ne présenterait pas de "point de préoccupation majeure". Un avis sur lequel a d'ailleurs décidé de se baser la Commission européenne pour proposer la prolongation de l'utilisation de l'herbicide qui reste, à ce jour, le plus utilisé au monde...