Imam Mahjoub Mahjoubi : des "infractions" relevées depuis "plusieurs mois" par le préfet du Gard

Imam Mahjoub Mahjoubi : des "infractions" relevées depuis "plusieurs mois" par le préfet du Gard Gérald Darmanin a demandé le retrait du titre de séjour de Mahjoub Mahjoubi, l'imam du Gard accusé de prêche anti-France. Mais selon le préfet du département, la demande serait justifiée par un "certain nombre d'infractions".

Accusé d'appel à la haine après la diffusion d'une vidéo reprenant les passages d'un de ces prêches, l'imam du Gard Mahjoub Mahjoubi est dans le viseur du ministre de l'Intérieur. Gérald Darmanin a annoncé avoir demandé le retrait du titre de séjour de l'iman tunisien installé en France depuis plus de 30 ans avec sa femme et ses enfants. Alors que la procédure entamée par le ministre repose en partie sur la vidéo dans laquelle l'imam Mahjoub Mahjoubi évoque des "drapeaux tricolores qui nous gangrènent [...] qui n'ont aucune valeur auprès d'Allah" si ce n'est "une valeur satanique" - sans jamais préciser qu'il s'agit du drapeau français -, le mis en cause se défend et assure avoir fait un "lapsus". Il explique avoir malencontreusement inversé "tricolores" avec "multicolores" pour désigner les drapeaux africains.

Deux versions s'affrontent donc sur cette affaire, mais à en croire de le préfet du Gard, Jérôme Bonet, la demande de retrait du titre de séjour de l'imam reposerait sur d'autres faits et signalements concernant Mahjoub Mahjoubi. "Ce n'est pas que cet extrait de vidéo qui a justifié la réaction du ministre de l'Intérieur, c'est un suivi qui date de plusieurs mois" a déclaré le préfet sur Franceinfo ce mardi 20 février.

Un suivi et de précédents signalements

Jérôme Bonet a ajouté avoir constaté une "dérive" dans "plusieurs prêches récents" qui "recèlent dans leur contenu un certain nombre d'infractions susceptibles d'être poursuivies" et signalées par le préfet au Procureur de la République vendredi dernier. En réaction, le parquet de Nîmes a ouvert une enquête préliminaire pour apologie du terrorisme.

Ce n'est pas la première fois que l'imam Mahjoub Mahjoubi fait l'objet d'un signalement par la préfecture. Deux autres ont précédé le signalement concernant l'extrait vidéo diffusé le week-end dernier rapporte BFMTV. Le premier remonte au 3 novembre 2023 et porte sur la fonction de gestionnaire que l'imam occupe dans une entreprise de travaux malgré une condamnation datant de 2015 qui lui interdit de gérer une entreprise. Le deuxième date du 8 novembre 2023 et est relatif à un contrôle administratif réalisé dans la mosquée gardoise dans laquelle il prêche qui a donné lieu à la fermeture de l'accueil collectif des mineurs pour des problèmes de sécurité et d'accueil de ce public.

Un expulsion difficile à prononcer ?

Les différents signalements et le suivi mentionné par le préfet du Gard donnent de la matière à traiter après la demande de retrait de titre de séjour formulée par le ministre Gérald Darmanin. Mais le retrait effectif de ce titre peut s'avérer compliqué puisque pour cela, le préfet doit prouver l'existence d'un trouble à l'ordre public ou des faits d'apologie du terrorisme. L'enquête doit permettre de faire la lumière sur ce point. De son côté, si l'enquête conclut à l'existence de tels troubles, l'imam Mahjoub Majoubi pourra exercer un recours devant un tribunal administratif comme l'a indiqué le préfet Jérôme Bonet : "Heureusement, nous sommes dans un État de droit. (...) Évidemment, il y a des voies de recours". Pour l'heure, le titre de séjour de l'iman court jusqu'en 2029.

Mahjoub Mahjoubi ainsi que son avocat démentent toute incitation à la haine et maintiennent qu'il s'agit d'un lapsus malheureux de l'imam. "J'ai toujours défendu la république", a même assuré le Tunisien lundi soir sur France Bleu : "Depuis des années, on me fait des louanges parce que je défends la République, je défends le blasphème, j'ai défendu Samuel Paty (..) et là, je fais un lapsus sur le mot tricolore, et on me descend, on demande mon expulsion."