Ces villes dans lesquelles les fuites d'eau peuvent coûter très cher

Ces villes dans lesquelles les fuites d'eau peuvent coûter très cher Selon le dernier rapport d'Intercommunalités de France, 198 collectivités affichent un taux de fuite d'au moins 50 %. Un fléau alors que le réchauffement climatique gagne du terrain.

Ce mercredi 20 mars 2024, Intercommunalités de France publie une carte recensant 198 points noirs. Autrement dit, les 198 collectivités qui affichent au moins un service d'eau avec un taux de rendement inférieur à 50 %, ceci signifiant que plus de la moitié de l'eau potable de ce réseau est perdue dans la nature. L'association a utilisé les données les plus récentes de l'Observatoire national des services d'eau et d'assainissement de 2022 pour parvenir à ce constat. Et les résultats sont accablants : en 2022, plus de 1 000 communes ont eu des difficultés d'approvisionnement au robinet et 20 % de la totalité de l'eau potable en France est perdue lors de son acheminement.

Davantage de poids pour l'intercommunalité ?

"Parmi ces 198 points noirs, 151 services d'eau sont en gestion communale isolée. Plusieurs services d'eau peuvent coexister au sein d'une intercommunalité ou d'un syndicat. Lorsque l'intercommunalité apparaît sur la carte, ça n'est jamais l'ensemble de ses services qui présentent un rendement inférieur à 50 %, mais généralement quelques communes" peut-on lire sur le dossier. De manière générale, le taux de rendement du réseau des services de moins de 3 500 habitants est de 74,4 %, soit 7,4 % points en dessous de la moyenne nationale, d'après une étude BDO et FP2E 2023. Un premier constat bien en deçà des attentes.

Voilà pourquoi, un des enjeux fondamentaux de la gestion de l'eau pourrait résider dans le transfert à l'intercommunalité. Cela pourrait notamment permettre de renforcer la programmation des investissements en vue de réduire les fuites. "Il y a une réelle prise de conscience du besoin de sécurisation pour le "trop d'eau" mais aussi du "pas assez d'eau". C'est le fil rouge de toutes nos politiques publiques : nous avons réuni autour de la table tous les usagers pour que les gens se parlent et qu'on puisse avoir un projet de territoire à la hauteur de nos enjeux" indique Régis Banquet, président de Carcassonne Agglomération.

Les plus petites communes durement touchées

Le constat est accablant pour certains territoires, notamment les plus petits. Le village d'Astet dans l'Ardèche, 40 habitants, occupe la première et triste place du classement des communes ayant le plus haut niveau de fuites en France métropolitaine : 91 %. En montagne, les réseaux sont les plus étendus et les plus sujets aux fuites.

Parmi les département les plus touchés, on retrouve les Pyrénées-Orientales, les Hautes-Alpes et les Vosges. Des villes comme Scionzier (Haute-Savoie) avec 9 000 habitants ou Contes (Alpes-Maritimes) avec 7 500 âmes qui fait partie d'un syndicat de quinze communes autour de Nice et sont aussi particulièrement touchées. Cela ne concerne, donc, pas uniquement des petits villages isolés.

D'après la filière française, 6,5 milliards d'euros sont investis chaque année. Un montant colossal ? Peut-être, le fait est qu'il en "faudrait 15 de plus sur 5 ans pour rattraper le retard d'investissement" explique l'Intercommunalité. Des chiffres vertigineux qui doivent en permanence être associés à d'autres facteurs de l'aggravation du besoin d'investissement. Le renforcement des exigences pour la qualité de l'eau potable et pour le traitement des eaux usées ou bien celui pour sécuriser l'approvisionnement en eau potable face aux sécheresses. Deux besoins d'investissement qui, eux, ne sont "pas chiffrés" précise le dossier.

Des investissements coûteux

"Refaire les canalisations sur 1km, c'est 1 million, ça coûte très cher" poursuit Régis Banquet dans les colonnes de Libération. "Il faut renouveler les tuyaux tous les cinquante ans pour qu'ils soient en bon état, or on ne les renouvelle que tous 120 à 140 ans. La prise de conscience qu'il faut porter attention à la moindre goutte d'eau est récente" conclut-t-il.

"Les petites communes sont en difficulté. Il faut regrouper, mutualiser pour atteindre une taille critique permettant de faire face aux enjeux. Dans beaucoup de cas, l'échelle intercommunale est cohérente mais dans d'autres, un autre découpage territorial peut s'imposer" conseille Régis Taisne, chef du département "cycle de l'eau" à la Fédération nationale des collectivités concédantes et régies (FNCCR), toujours dans Libération. Ce dernier donne les exemples de la Vendée et de l'Alsace-Moselle, qui disposent de grands syndicats des eaux. Attention, une gestion mutualiste ne rime pas toujours avec protection assurée. La métropole de Perpignan composée de 36 communes présente par exemple un total de 60 % de fuites.