La Seine est bien contaminée, une étude pointe un polluant dangereux et non surveillé
L'Etat français veut rendre la Seine baignable pour les Jeux olympiques. 1,5 milliard d'euros ont été investis dans ce projet avec notamment quatre ouvrages d'assainissement créés spécialement pour atteindre cet objectif. Pour évaluer la "baignabilité" de la Seine, la surveillance se fait sur deux familles de bactérie : Escherichia coli et entérocoque.
Néanmoins, un rapport publié le lundi 27 mai par les associations du Réseau européen d'action contre les pesticides, dont Générations Futures, témoigne d'une autre forme de pollution qui passe sous les radars. Des échantillons d'eau ont été prélevés dans vingt-trois fleuves et rivières ainsi que dans six nappes phréatiques de différents pays d'Europe avant d'être analysés par le Centre technologique de l'eau de Karlsruhe.
Ce rapport fait état d'une "contamination généralisée" des cours d'eau en Europe par l'acide trifluoroacétique (TFA). Il est issu la dégradation des PFAS, des composés chimiques persistant dans l'environnement, surnommés "polluants éternels", notamment utilisés dans l'agriculture et dans l'industrie et servant de produit de départ à la production de certains pesticides.
Après analyse, le TFA a été détecté dans tous les échantillons d'eau, mais en concentration différente. Dans 79% des cas, la présence de l'acide dépasse la valeur limite de 500 nanogrammes par litre proposée par la directive européenne sur l'eau potable pour l'ensemble des PFAS. Les niveaux de TFA relevés vont de 370 ng/l à 3 300 ng/l. L'étude estime que ce constat représente "la plus grande contamination à grande échelle connue de l'eau par un produit chimique fabriqué par l'Homme".

La Seine fait partie des fleuves avec une concentration en TFA particulièrement importante : elle arrive en deuxième position avec 2900 ng/l, après l'Elbe en Allemagne. Elle n'est pas le seul cours d'eau touché en France : la rivière de l'Aisne arrive en quatrième (2400 ng/l), suivie juste derrière par la rivière de l'Oise (1900 ng/l), puis de la Somme, en septième position (1500 ng/l ).
La quantité retrouvée dans la Seine est assez inquiétante, comme l'a assuré Pascal De Giudici, expert indépendant en santé-environnement pour Ouest-France : "Par rapport aux normes sanitaires, c'est préoccupant. C'est une pollution de fond, il faudra vivre avec". Il a toutefois nuancé sur la "baignabilité" du fleuve. "En revanche, une baignade dans la Seine ne vous expose pas à ces polluants. A priori, ils ne pénètrent pas par la peau, mais par contre, si on avale un peu d'eau, cela contribue à l'exposition générale. Mais pas de panique à avoir pour les JO. Encore une fois, si on les cherche, on les trouve", a-t-il ainsi précisé.
Le Réseau européen d'action contre les pesticides appelle à une action d'urgence face à ces contaminations et au manque de réglementation sur le TFA, qui est actuellement classé comme "non pertinent" par les autorités européennes et n'est donc pas encadré. Davantage de recherches seraient aussi nécessaires car peu d'éléments sur sa toxicité pour l'environnement et sur quel danger il pourrait représenter pour l'Homme sont aujourd'hui disponibles.