Les perturbations météorologiques se font plus nombreuses et plus intenses ces dernières années, en France comme dans le reste du monde. Une tendance qui s'explique et qui pourrait se confirmer, voire s'aggraver à l'avenir.
"On doit se préparer, avec le changement climatique, à des épisodes difficiles de plus en plus souvent", a prévenu le Premier ministre Michel Barnier, le vendredi 18 octobre, à l'issue d'un épisode cévenol qui a touché la France avec une force inédite depuis 40 ans. "Nous devons nous habituer et nous armer pour faire face" à ces intempéries intenses a enchéri le même jour la ministre de la Transition écologique et du Climat, Agnès Pannier-Runacher sur BFMTV. Des discours qui ont de quoi inquiéter, mais confirmés par les récents phénomènes météorologiques.
Les intempéries qui ont fait tomber l'équivalent d'un à six mois de pluies dans certains départements en seulement deux jours, entre le 16 et le 18 octobre, sont une nouvelle manifestation des risques météorologiques. La tempête Kirk qui a touché la France ou l'ouragan Milton qui a balayé la Floride seulement une semaine plus tôt ont également attesté de la tendance des phénomènes météorologiques à gagner en intensité. "On peut dire que [le dernier] épisode cévenol présente des cumuls de plus du double de ce qui était prévu par endroit. On peut y voir un effet concret du réchauffement climatique", a indiqué Régis Crépet, météorologue pour La Chaîne météo.
Le réchauffement climatique est bien responsable de l'intensification des intempéries abonde la climatologue Valérie Masson-Delmotte qui explique au Parisien que "l'atmosphère peut contenir 7 % d'humidité en plus par degré de réchauffement". Qui dit plus d'humidité, dit plus de précipitations et donc des risques de crues et d'inondations conséquents. Une réalité observée en 2024 avec un printemps très pluvieux et un mois de septembre également très arrosé qui ont apporté plus de pluies que la moyenne des précipitations annuelles dans plusieurs territoires français. A Nice, dans les Alpes-Maritimes, par exemple, on mesure 850 mm de cumuls de pluie depuis le début de l'année 2024, quand la normale annuelle est de 791 mm.
Des pluies abondantes qui finissent par causer des inondations plus régulières et plus importantes. "L'intensification des pluies extrêmes augmente la fréquence et l'ampleur des inondations liées au ruissellement, car l'intensité des précipitations dépasse la capacité des systèmes de drainage naturels et artificiels", c'est-à-dire la capacité des sols à absorber l'eau, lesquels sont de moins en moins absorbants du fait de la bétonisation, déroule Valérie Masson-Delmotte.
La poursuite du réchauffement climatique entrainera donc, en toute logique, des phénomènes météorologiques semblables aux récentes intempéries, voire plus intenses encore et plus réguliers. Car au delà des perturbations telles que les épisodes cévenols ou méditerranéens, ce sont les dépressions, les tempêtes et les ouragans qui peuvent finir par se former plus souvent en raison du réchauffement climatique, notamment par le réchauffement des océans. Lorsque l'eau des océans est plus chaude, elle libère plus de vapeur d'eau qui alimente et parfois renforce les intempéries. Problème : la température des océans s'est maintenue à un niveau plus élevé qu'ordinaire en 2024.
Mais le réchauffement des océans et plus généralement le réchauffement climatique ne pourront s'arrêter ou à minima ralentir qu'avec des actions suffisantes plébiscitées par les scientifiques, dont le Giec. Le groupe de spécialistes assure qu'une réduction significative des émissions de gaz à effet de serre pourrait permettre de ralentir le changement climatique. Seulement, les objectifs posés par les politiques nationales et internationales lors des différentes COP ne sont soit pas respectés, soit suffisamment importants.