Une nouvelle amende imaginée pour les gens qui se moquent des accents régionaux, le montant est très élevé
Un Français sur deux estime parler avec un accent, selon un sondage IFOP paru en janvier 2020. Parmi les personnes interrogées, 27% disent être régulièrement l'objet de moqueries dans leur quotidien et 16% affirment avoir été victimes de discriminations lors d'un concours, d'un examen ou d'un entretien d'embauche, à cause de cet accent. Cette forme de discrimination basée sur le langage, les langues ou certains accents régionaux a un nom : la glottophobie.
Qu'il soit ch'ti, toulousain, marseillais ou antillais, votre accent peut être la cible d'a priori plus ou moins stigmatisants. "Il y a des préjugés plutôt sympathiques avec celui du sud parce qu'on a des visions de vacances qui arrivent avec. C'est beaucoup plus négatif parfois avec ceux des îles ou de banlieue", constate l'ancien député Christophe Euzet sur France 3 Régions. L'actrice Adèle Exarchopoulos a d'ailleurs reçu de nombreux commentaires au sujet de son accent "de racaille" après la cérémonie des César, en février 2024.

"L'accent dit de banlieue fait partie des accents les plus handicapants. Il peut être disqualifiant", résume Philippe Boula de Mareuil, chercheur en linguistique au CNRS au Parisien. En effet, dans le secteur professionnel, ils sont nombreux à "gommer" cette particularité pour éviter des discriminations liées à l'embauche. Avec le temps, l'accent "neutre" ou "standard" est devenu une norme, en particulier dans les médias où l'on constate une uniformatisation de la voix selon l'INA.
Pour lutter contre la "glottophobie", l'ancien député de l'Hérault et membre du groupe Agir allié à la majorité, Christophe Euzet, a présenté une proposition de loi visant à "promouvoir la France des accents". Elle entend "inscrire ce nouveau critère discriminant à la fois dans le code pénal, dans le code du travail et dans la fonction publique", indique Vie publique.
L'accent est dès lors considéré comme l'une des "causes de discriminations sanctionnées par la loi, aux côtés des 22 critères existants (origine, sexe, situation de famille, handicap, opinions politiques, patronyme...)". Si cette proposition est adoptée - ce qui n'est pas prévu pour le moment -, les personnes sanctionnées encourront jusqu'à trois ans de prison et 45 000 euros d'amende, selon la sanction imaginée par le parlementaire et ses soutiens.
En novembre 2020, la proposition de loi avait été votée par l'Assemblée nationale à 98 voix contre trois. Comme le veut la procédure, ce texte devait être examiné et approuvé par le Sénat en 2021, mais trois plus tard, il n'est toujours pas à l'ordre du jour. "Les sénateurs ont pourtant la réputation d'être les défenseurs des territoires. Le débat avait été pris au sérieux à l'Assemblée nationale. Mais dès que c'est passé, on perd de vue ces combats pourtant très importants", déplore Christophe Euzet sur France Bleu. Il n'est pas impossible que la loi revienne au Parlement, mais ce n'est pas une priorité.