"Vous avez du sang sur les mains" : une victime d'inceste surgit devant l'évêque de Bayonne et fait un discours choc
"On savait des choses, on les cachait", a reconnu l'évêque de Bayonne, Mgr Marc Aillet, lors d'une conférence de presse ce jeudi 13 mars aux côtés de Vincent Destais, directeur de l'enseignement du diocèse. Les deux hommes s'exprimaient pour la première fois sur l'affaire Bétharram, en compagnie du prêtre Laurent Bacho, responsable de la cellule d'écoute au sein de la congrégation.
En amont de la prise de parole de l'évêque, Arnaud Gallais, ancien membre de la Ciivise et co-fondateur de l'association de protection de l'enfance Mouv'Enfants, est intervenu pour soutenir les victimes de violences sexistes et sexuelles. Le poing levé et ganté de blanc, il a accusé l'Église de "refuser d'ouvrir ses archives", dénonçant les "mensonges" de l'institution sur son ignorance des violences physiques et sexuelles dans les établissements catholiques de la région.
"C'est un simulacre ici. Que justice se fasse pour les victimes, j'ai été violé entre l'âge de 8 et 11 ans, je soutiens mes frères de Bétharram, je soutiens mes frères de Garaison (cet autre établissement catholique dans les Hautes-Pyrénées, visé par des accusations de maltraitances). Tout le monde savait ici. J'étais dans des petits villages et tout le monde vous dit : ''Bétharram, tout le monde savait". Arrêtez de nous dire que vous découvrez […] Vous avez du sang sur les mains", clame le militant.
"Que justice se fasse" : le militant de la lutte contre les violences faites aux enfants Arnaud Gallais interrompt la prise de parole de l'évêque de Bayonne sur l'affaire Bétharram. pic.twitter.com/IMbZ97mdnN
— ici Pays Basque (@icipaysbasque) March 13, 2025
Acteur associatif depuis plus de seize ans, Arnaud Gallais a été victime d'un double inceste, commis par un grand-oncle et par deux cousins. Au fil du temps, il n'a eu de cesse de s'activer pour faire voter des lois et sensibiliser l'opinion publique sur les abus et violences sexuelles envers les enfants.
Ainsi pris à parti par l'activiste, l'évêque de Bayonne a salué "la libération de la parole après "une loi d'omerta généralisée dans l'Église et la société" durant "des décennies". "J'entends votre colère, votre souffrance", a-t-il sobrement répondu, avant de maintenir avoir appris "par la presse" les accusations de violence commises à Lestelle-Bétharram et dans un autre collège privé de son diocèse, à Ustaritz, où des faits ont été dénoncés sans dépôt de plainte jusqu'à présent. Mgr Marc Aillet reconnait malgré tout "qu'on savait des choses et on les cachait, mais pas que dans l'Église".
Pour autant, l'évêque garantit qu'elle n'est non plus restée "inactive". "Depuis 2016, une cellule d'écoute a été mise en place dans le diocèse et deux signalements ont été portés à la connaissance des procureurs de la République de Pau et de Bayonne", souligne-t-il. Un "protocole de protection des jeunes" a également été mis en place.