Le changement d'heure fait même perdre de l'argent, une date noire pour de nombreux salariés
C'est un événement qui survient deux fois par an, en mars et en octobre, et c'est pour ce week-end. Le changement d'heure d'été aura lieu dans la nuit de samedi 29 au dimanche 30 mars. Au beau milieu de la nuit, à 2h00 du matin, la France sera propulsée directement à 3h00. Et comme à chaque changement d'heure d'été, une heure de sommeil sera donc perdue. Mais pour une partie de la population, ce n'est pas une heure de repos qui va s'évaporer, mais une heure de travail.
En France 3,2 millions de personnes étaient ainsi considérées comme travailleurs de nuit en 2023, selon une enquête de la Dares, dont 1 million régulièrement. Selon l'article L3122-29 du Code du travail, "tout travail entre 21 heures et 6 heures est considéré comme travail de nuit". Et pour être considéré comme un travailleur de nuit, le salarié doit faire au moins trois heures de nuit deux fois par semaine ou 270 heures minimum sur 12 mois. Les travailleurs de nuit sont plus nombreux dans des domaines comme la fabrication de denrées alimentaires, le transport, la santé, l'agriculture, l'hébergement et la restauration.

Travailler la nuit doit évidemment donner lieu à un repos compensatoire ou à une compensation salariale. Et pendant la nuit du changement d'heure, l'heure perdue peut impacter ce salaire. Le Code du travail ne prévoit pas de règle précise sur cette situation, parce qu'elle ne concerne qu'une minorité de travailleurs salariés, qui couplent week-end et nuit, très souvent dans un statut d'intérimaires payés à l'heure. Cela concerne tout de même des milliers de personnes, voire des dizaines de milliers de personnes, selon les données de la Dares.
Une réponse ministérielle a toutefois été donnée en 1976, année de la réintroduction du changement d'heure en France. Elle assure que l'employeur peut s'il le souhaite retirer à son employé une heure de salaire. "Lorsque les variations susvisées ont réduit d'une heure le poste d'un salarié, l'employeur est fondé à exercer sur la rémunération une retenue correspondante", explique le texte. Ce qui impacte donc le salaire à la baisse.
"Le salarié aura l'équivalent d'une heure de salaire de moins sur son bulletin de paie", confirme le juriste Luca Benoiton pour juritravail.fr. Cependant, ce dernier incite à s'en référer à la convention collective de l'entreprise, qui peut prévoir des modalités adaptées. Il ne faut pas non plus hésiter à questionner son supérieur hiérarchique. Lors du passage à l'heure d'hiver, la situation est plus à l'avantage des travailleurs de nuit qui peuvent être rémunérés d'une heure supplémentaire. Dans certains cas, l'entreprise décide de faire travailler la même équipe lors des deux changements d'heure, permettant une compensation de fait et donc ne demandant pas de revoir le salaire. L'employeur peut aussi décaler la prise de poste pour éviter l'impact du changement d'heure.