Des essais cliniques illégaux à l'origine de la mort d'un patient ? Cette plainte qui secoue le monde médical

Des essais cliniques illégaux à l'origine de la mort d'un patient ? Cette plainte qui secoue le monde médical Des cadres du service de transplantation rénale de l'hôpital Edouard-Herriot à Lyon sont accusés d'avoir administré des traitements inhabituels et risqués à des patients greffés du rein. Une plainte a été déposée par deux médecins.

Que s'est-il passé derrière les murs du service de transplantation rénale de l'hôpital Edouard-Herriot de Lyon en 2023 ? Plusieurs cadres du service de cet établissement sont tout simplement soupçonnés de recherche sauvage au préjudice de patients greffés du rein. En effet, selon les informations de France Info, deux médecins ont porté plainte ce jeudi 10 avril 2025 au pôle santé publique du parquet de Paris. Les faits se seraient produits sans le consentement des patients, hors de tout protocole et au nom de la recherche.

Les plaignants assurent dans leur récit que les patients concernés ont tous reçu une greffe de rein malgré la présence d'un risque élevé de rejet par leur système immunitaire. Pour éviter ce rejet, un traitement hors de tout protocole leur aurait été administré. Comme indiqué dans les colonnes de France Info ce vendredi 11 avril 2025, les patients étaient décrits comme "fragiles, vulnérables et pour certains âgés". Une patiente avait 80 ans lors des faits présumés. Le traitement était composé de deux médicaments : le Basiliximab et le Rituximab. Cependant, le Rituximab ne dispose pas d'autorisation de mise sur le marché (AMM) chez les patients en transplantation assure de son côté la direction des Hospices civils de Lyon (HCL) auprès du média. Voilà pourquoi, aucun des patients concernés n'aurait dû recevoir le traitement, selon la plainte déposée par les médecins plaignants.

"On est dans la tromperie la plus absolue"

Mais alors, dans quel but les cadres du service de transplantation rénale ont-ils donné ce traitement ? Tout simplement, pour gagner du temps. Les plaignants précisent que si le protocole avait été respecté à la lettre, le staff médical aurait perdu des mois. De plus, le consentement éclairé des malades doit être recueilli, et la décision validée de manière collective entre les médecins. "Il faut quand même mesurer qu'on est en train de faire des essais sur des personnes vivantes qui n'ont pas donné leur consentement. Là on est dans la tromperie la plus absolue, au-delà des conséquences que ça peut avoir sur la santé", met en garde Christelle Mazza, l'avocat des plaignants.

Par la suite, les deux plaignants expliquent que la hiérarchie a décidé de "diffuser de fausses informations à l'équipe médicale". Plusieurs patients ont vu leur état de santé se dégrader rapidement, et un décès a été constaté. Ce dernier n'est "pas cohérent par rapport à l'état de la personne quand elle est arrivée au sein de l'établissement", assure l'avocate. Les Hospices civils de Lyon expliquent pourtant auprès de France Info que "la décision a été prise après une discussion collégiale" et que "le décès du patient n'est pas lié au traitement reçu 6 mois auparavant". De son côté, la direction de l'hôpital Edouard-Herriot indique que "la prescription hors AMM s'est notamment "appuyée sur les connaissances de l'équipe médicale en immunologie de la transplantation". Enfin, dans ce cas précis, elle évoque non pas une "recherche" mais une adaptation "des traitements immunosuppresseurs de routine (...) dans le seul but d'éviter une perte de chance aux patients".

"Evidemment, immédiatement, il y a enquête", a annoncé ce vendredi la ministre de la Santé Catherine Vautrin au micro de France Info. "C'est absolument indispensable de faire la lumière" sur ce dossier. "Il faut regarder si l'ensemble des procédures sont suivies", a-t-elle martelé. Toutefois, cette dernière "ne condamne rien sans avoir le fond du dossier, c'est à la justice de le faire, j'appelle en revanche bien évidemment à respecter tout encadrement tel que c'est prévu". "Les essais cliniques en France sont totalement encadrés et le sujet qui est posé aujourd'hui c'est, dans quelles conditions cet encadrement a-t-il été respecté", conclut-elle. Pour rappel, les mêmes plaignants avaient déjà déposé une plainte au parquet de Lyon en décembre 2024 pour "mise en danger de la personne, violences mortelles" et encore "non-assistance à personne en péril et pratique illégale d'investigation clinique". Elle est toujours en cours d'examen.