De nombreux Français enfreignent cette loi, l'Etat ferme les yeux jusqu'au 4 mai dans deux départements
La Corse ne fait pas dans le détail. Les préfectures de Haute-Corse et de Corse-du-Sud ont appelé vendredi dernier les habitants du territoire à abandonner leurs armes à feu dans le cadre de l'opération "Déposons les armes", organisée du 28 avril au 4 mai prochain. Toute personne en possession d'une arme ou de munitions non déclarées - mais aussi celles détenues légalement - est invitée à les remettre aux autorités compétentes (brigades de gendarmerie ou les commissariats de police des principales villes corses). Aucune poursuite n'est envisagée contre elles, dès lors qu'elles remettent volontairement leur matériel et malgré l'interdiction de possession de ce type d'objet sans autorisation.
En effet, "tout détenteur d'armes ou de munitions non déclarées pourra s'en dessaisir en toute sécurité et sans aucune conséquence administrative ou judiciaire" et de façon totalement gratuite, assurent les préfectures corses. Les collectes sont prévues entre 9 heures et 17 heures. Chaque personne souhaitant déposer un objet devra se munir d'un titre d'identité. Attention, plusieurs d'entre eux ne sont pas concernés comme : les engins et munitions de guerre, comme les obus ou les grenades, ou encore les explosifs et les artifices dont l'enlèvement doit être "sécurisé", précise le préfet.
"C'est un combat aussi qu'il faut mener par l'éducation"
Cette opération inédite est justifiée par le taux de détention d'armes en Corse. Pour 1 000 habitats, on dénombrait en 2022 pas moins de 350 armes, soit un total nettement au dessus de la moyenne nationale, autour de 150 armes pour le même nombre d'habitants. Alors, le dispositif sera-t-il accompagné de réussite ? "Je ne m'illusionne pas sur le fait que les bandits qui détiennent des armes ne vont pas venir à la gendarmerie pour les déposer mais moins il y aura d'armes présentes en Corse, mieux nous nous porterons", avait assuré le préfet de Corse, Jérôme Filippini, lors de la présentation du bilan de la délinquance fin février.
Aujourd'hui, plus de 17 000 habitants de l'île de beauté ont un permis de chasse, soit 5 % de la population. C'est deux fois plus que dans le reste de la France. Le tir sportif est aussi le deuxième sport le plus pratiqué en Corse, après le football : cela représente 6 000 licenciés. Des chiffres qui illustrent l'encrage territorial de la pratique et une certaine banalisation de l'utilisation des armes à feu.
Malheureusement, ces armes créent "une sorte de pouvoir morbide qui est dangereux pour la société" alerte Léo Battesti, fondateur du collectif anti-mafia Maffia NO, a Vita lé, pour RMC. Ce dernier salue une opération utile, mais pas suffisante : "C'est un combat aussi qu'il faut mener par l'éducation, dans les écoles", martèle-t-il. En Corse, depuis le début de l'année, sept personnes ont été tuées dont six lors de règlements de compte, soit le taux d'homicide par habitant le plus élevé de France selon les chiffres de la Fédération départementale des chasseurs de Corse-du-Sud.